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Christophe-Joseph-Alexandre Mathieu de Dombasle
Pour les articles homonymes, voir Dombasle.Christophe-Joseph-Alexandre Mathieu de Dombasle, couramment C.J.A. Mathieu de Dombasle ou simplement Mathieu de Dombasle, né à Nancy en 1777 et mort en 1843, est un agronome français.
Sommaire
Biographie
À l'époque du blocus continental, sous Napoléon, il entreprend la fabrication du sucre de betteraves, une industrie alors toute nouvelle. Mais la fin du blocus entraîne sa ruine et il se trouve endetté. Il utilise alors les locaux de son ancienne usine, à Vandœuvre-lès-Nancy, pour établir une fabrique d'instruments agricoles. Il invente en particulier une charrue avec versoir mais sans roues, donc un peu similaire à l'antique araire. Légère, robuste, peu coûteuse, bien conçue et nécessitant une faible force de traction, elle obtient un succès considérable. En même temps, Dombasle rédige le Calendrier du Bon Cultivateur, almanach qui lui aussi rencontre un grand succès.
Désireux de se frotter à l'agriculture pratique, il fonde à Roville-devant-Bayon (Meurthe) une ferme exemplaire sur des terres qu'un notable, Antoine Bertier, lui donne en fermage. Le préfet de la Meurthe, Alban de Villeneuve-Bargemont, soutient l'opération et apporte son concours pour l'organisation d'une souscription visant à doter la ferme d'équipements convenables. Une école d'agriculture est aussi installée à Roville, à la fois pour que les bonnes méthodes d'agriculture soient propagées par des disciples et pour que le fermier (Dombasle) dispose d’un peu d'argent frais via le versement de leur pension par les élèves. La ferme expérimentale et l'institut agricole entrent en fonctionnement, à partir de 1822. Le bail est de 20 ans.
En 1842, les résultats sont contrastés. D'un côté, la ferme n'a dégagé que fort peu de profits. Dombasle a été sauvé de la ruine par des subventions de l'État. Après payement de toutes ses dettes (remboursement des souscripteurs-actionnaires), il lui reste très peu. L'échec est lié à la méconnaissance des bases de la nutrition minérale des plantes qui seront découvertes en 1840 seulement par Justus von Liebig. En l'absence de ces données, Dombasle n'a pas pu accroître sensiblement ses rendements agricoles. D'un autre côté, son école d'agriculture est une parfaite réussite. Le modèle va être copié à Grand-Jouan (future école agronomique de Rennes) et surtout à Grignon (école agronomique aussi), les deux étant encore en fonctionnement de nos jours. Les Annales de Roville dans lesquelles Dombasle rend compte de ses expériences vont être copiées également. Le Calendrier du bon cultivateur va poursuivre sa carrière bien après la mort de Dombasle, tout comme la fabrique d'instruments agricoles.
Mathieu de Dombasle a donc contribué au perfectionnement d'instruments agricoles ; il a publié des ouvrages utiles ; il a formé des élèves et disciples qui, eux-mêmes, ont développé ses idées ; il a impulsé l'enseignement agronomique français. Plus encore, étant doté d'une particule (« de » Dombasle) et héritier d'une grande lignée, il n'a pas hésité à devenir simple fermier montrant ce que pouvait avoir « d'honorable la profession d'agriculteur » (discours d'inauguration de sa statue). C'est donc lui qui a lancé la mode de ces notables-agriculteurs, fiers d'être les deux à la fois, et si caractéristiques du milieu du 19e siècle.
Postérité
Son nom a été donné à une place de Nancy, en face du lycée Henri-Poincaré, sur laquelle une statue le représentant a été érigée en 1850, fruit d'une souscription publique et œuvre de David d'Angers[1]. Il existe également dans le 15e arrondissement de Paris une rue Dombasle, qui prit ce nom en 1864[2]. Enfin, des bustes en son honneur ont été élevés à Roville et à Dombasle-sur-Meurthe.
Publications
- Observations sur le tarif des douanes proposé à la chambre des députés des départements dans sa séance du 24 septembre 1814 présentées aux deux chambres du corps législatif, Nancy, Impr. de Guivard, 1814
- Instruction théorique et pratique sur la fabrication des eaux-de-vie de grains et de pommes de terre, Paris, Huzard, 1820.
- Calendrier du bon cultivateur, 1821
- De l'Impôt sur les eaux-de-vie, dans ses rapports avec l'agriculture, Paris, Imprimerie de Mme Huzard, 1824, tiré-à-part des Annales agricoles de Roville, présenté à l'occasion du projet de loi qui devait bouleverser la fiscalité sur les alcools.
- Annales agricoles de Roville ou mélange d'agriculture, d'économie rurale et de législation Agricole, Mme Huzard, 1829
- Notice sur l'araire ou charrue simple, 1830
- Des Chemins vicinaux et du régime des bacs. Nouvelles observations, Paris, Huzard, 1835
- De l'Avenir industriel de la France ; un rayon de bon sens sur quelques grandes questions d'économie politique, Paris, Huzard, 1834 ; Nancy, Imprimerie d'Haener, 1835. Importante réflexion de l'agronome sur la révolution industrielle vue en particulier à travers les questions du monopole, du développement de l'industrie, du commerce avec l'Angleterre. Le premier chapitre est consacré au rapport de l'industrie vinicole du Bordelais avec les autres industries du pays.
- Des intérêts respectifs du midi et du Nord de la France dans les questions de douanes ; de l'importance relative de l'industrie intérieure et du commerce extérieur ; des intérêts spéciaux du commerce et du système de protection pour l'intérêt du pays, Huzard et Pourrat, 1834
- Fabrication simple et peu dispendieuse du sucre indigène, Paris, Huzard, et Nancy, George-Grimblot, 1838
- Sucre indigène. Lettre à un fabricant sur le procédé de macération, Nancy, [1841. Mémoire technique concernant la fabrication du sucre de betterave.
- Sucre indigène. Le procédé de Macération en 1842, Paris, 1842
- Calendrier du bon cultivateur, ou Manuel de l'agriculteur praticien, Paris et Nancy, Bouchard-Huzard et Grimblot, 1860
- Traité d'Agriculture, Mme Ve Bouchard-Huzard, Librairie Agricole, 1862. Ouvrage posthume publiée sur le manuscrit de l'auteur par son petit-fils Charles de Meixmoron de Dombasle.
- Traduction
- John Sinclair : L'Agriculture pratique et raisonnée
Référence
- ↑ Charles Courbe (préface de Louis Lallement), Les Rues de Nancy du XVIe siècle à nos jours, vol. 3, Imprimerie Lorraine, Nancy, 1886, p. 31–38.
- ↑ Rue Dombasle, nomenclature officielle, sur paris.fr.
Bibliographie
- Édouard Bécus, Mathieu de Dombasle : Sa vie et ses œuvres, André, Nancy, 1874, 116 p. [lire en ligne]
- Charles de Meixmoron de Dombasle, « Rapport sur le concours pour le prix Herpin » (séance publique du 18 mai 1911), dans Mémoires de l'Académie de Stanislas, Académie de Stanislas, Berger-Levrault, Nancy, 6e s., t. VIII (1910–1911), 1911, p. XVII–XLVI [lire en ligne]
- René Cercler, Mathieu de Dombasle, 1777-1843, Berger-Levrault, Paris, 1946, 196 p.
- J.-M. Wantz, Mathieu de Dombasle et la ferme exemplaire de Roville, mémoire de maîtrise d'histoire, Université Nancy-II, 1971, 154 p.
- Jean Boulaine et Jean-Paul Legros, D'Olivier de Serres à René Dumont : Portraits d'agronomes, Technique et documentation, 1998, 317 p. (ISBN 2-7430-0289-1)
- Fabien Knittel, Mathieu de Dombasle, agronomie et innovation, 1750-1850, thèse de doctorat d'histoire, Université Nancy-II, 2007, 546 p. [lire en ligne]
- Fabien Knittel, « La charrue « Dombasle » (1814-1821) : histoire d'une innovation en matière de travail du sol », dans Étude et gestion des sols, vol. 12, no 2, 2005, p. 187–198 (ISSN 1252-6851) [texte intégral]
Source partielle
- « Christophe-Joseph-Alexandre Mathieu de Dombasle », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Voir aussi
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