Charlesbourg-Royal

Charlesbourg-Royal

Charlesbourg-Royal fut le premier établissement européen en Amérique du Nord établit en 1541. Cette communauté de 400 habitants survicu à sa première hiver malgré le froid sévère et les attaques des Iroquois de Stadacona et d'autres villages. Il fut abandonné en juin 1542. En août, 2006, le Premier Ministre du Québec, Jean Charest et l'archilogue canadien Yves Chretien annoncèrent la découverte de cette établissement longtemps perdu à Cap-Rouge. Yves Chretien identifia sa location grace au fraguements de décors italien en céramiques de 1540-1550 et six échantillons de bois datant du 16e siècle. Jacques Cartier n’a pas découvert le Canada. Il est cependant le premier à parcourir le Fleuve Saint-Laurent et à passer un hiver complet sur ses côtes. Si on ajoute à cela ses apports à la cartographie, on comprend bien la raison pour laquelle il figure au nombre des grands explorateurs. En outre, Cartier aurait pu voir son nom apparaître sur la liste des colonisateurs, à la suite du mandat que lui octroie François 1er en 1540, lequel a pour but de créer une colonie de peuplement au Canada. En effet, le Malouin entreprend ce périple en mai 1541, avec une flotte de 5 navires. Toutefois, malgré les connaissances qu’il a acquises au cours de ses deux voyages précédents, l’établissement de Charlesbourg-Royal est un échec et on devra attendre l’arrivée de Samuel de Champlain, quelque cinq décennies plus tard, pour que les Français s’installent définitivement en Amérique du Nord[1].

En parcourant l’historiographie relative à cette époque, on découvre plusieurs causes pour expliquer l’insuccès de ce programme et on peut identifier trois personnages qui ont joué un grand rôle dans cet épisode colonisateur, soit François 1er, Jacques Cartier et Jean-François La Roque de Roberval. C’est armé de leurs personnalités, motifs, aspirations et aptitudes que ces acteurs ont influencés la conduite d’une colonie de peuplement en Amérique. De plus, il faut tenir compte des facteurs propres au Canada, lesquels sont indépendants de ces personnages historiques. Bref, on doit se référer à un amalgame de causes et d’agents pour arriver à expliquer l’échec de la mission colonisatrice de la France entre 1541 et 1543.

Le roi François 1er

À l’époque des grandes explorations, ce sont les rois de chaque cité qui doivent mandater et financer en partie les expéditions maritimes. Ainsi, c’est sous le règne de François 1er que Jacques Cartier effectue ses trois voyages. Dans ce cadre, une part des responsabilités de l’échec de Charlesbourg-Royal doit lui être attribuée. D’abord, parce qu’il décide de rétrograder Cartier au profit de La Roque de Roberval, un homme inexpérimenté. Ensuite, car les termes et les objectifs de la mission qu’il propose sont ambigus et susceptibles de poser des conflits d’intérêts. De plus, l’équipage qu’il offre à Roberval est voué à l’échec.

C’est par Jacques Cartier et le chef amérindien Donnacona, ramené du Canada, que le roi français apprend les richesses et trésors dont regorgent les terres nouvellement découvertes. De même, il entend parler du royaume du Saguenay, où l’on peut aisément trouver mines d’or, d’argent et plusieurs sortes d’épices[1]. Jalousant les rois espagnols et portugais pour leur fortune, François 1er octroie le titre de capitaine général pour la nouvelle expédition au Canada à Jacques Cartier, en octobre 1540[2]. Toutefois, le roi d’Espagne, Charles Quint, a vent des projets de son homologue français et tente de lui faire obstacle par diverses stratégies. François 1er, incrédule, se laisse berner par ce chantage et, devant la possible intervention du pape Paul III, il décide de donner à sa mission un tout nouveau dessein, justifié par « l’augmentation et l’accroissement de notre sainte foi chrétienne et Sainte-Mère Église catholique »[3]. Cette façade évangélisatrice ne pourra que flatter le Saint-Siège.

L’émergence de ce nouveau plan de mission amène le roi à nommer à sa tête La Roque de Roberval, rétrogradant ainsi Cartier, un marin d’expérience. Dans l’ouvrage Mythes et réalités dans l’histoire du Québec, Marcel Trudel explique les raisons qui ont pu poussé le remplacement de Cartier par Roberval ;

[...] il suffit de se replacer dans cette société d’Ancien Régime. Aussi longtemps qu’il ne s’agit que d’exploration, il est normal qu’un capitaine, quel que soit son niveau social, se trouve placé au-dessus de son équipage, composé d’ailleurs de « petites gens » ; lorsque le programme prévoit une colonie, c’est-à-dire un société composée de divers groupes sociaux (« petites gens », bourgeois et nobles), la haute direction n’en peut appartenir qu’à un noble, ce qu’en n’était pas Cartier[...][4].

De plus, François 1er, n’étant pas tout à fait conscient du caractère singulier de la vie au Canada, commanda à Roberval de bâtir une colonie formée de gentilshommes. Nul besoin de préciser qu’à cette époque, peu d’hommes de cette classe étaient intéressés par ce périple dont les richesses n’avaient, jusque-là, jamais été prouvées. Force est donc d’utiliser l’enrôlement obligatoire. Dans cette optique, si « Cartier s’était vu imposer une limite : cinquante prisonniers, pas davantage » [5], on comptait dans le convoi dirigé par La Roque de Roberval quelque 200 colons, en majorité des prisonniers[6]., Pour le roi, l’envoi de prisonniers en Amérique marquait une sorte de communion, ce qui se conjuguait bien avec le prétendu objectif missionnaire de la colonisation.

De cette manière, le but premier de la mission restait incertain. Le roi voulait-il réellement établir les bases solides d’une colonie de peuplement sur le nouveau territoire conquis ? Le rôle d’évangélisation qu’il avait décidé d’ajouter au périple était-il sincère ? Si c’est le cas, pourquoi en avoir mandaté Roberval, un protestant [7]?. D’ailleurs, la pire erreur commise par le souverain français a certainement été de nommer La Roque de Roberval aux commandes de cette grande entreprise. Comme en témoignent les écrits sur ce sujet, ce dernier n’avait rien d’un marin et la mission qu’on lui confiait ne cadrait en rien avec ses aptitudes. D’autre part, « son voyage avait été très mal préparé. La mauvaise administration de ses biens montre d’ailleurs qu’il n’avait aucune des qualités nécessaires à un grand colonial »[8].

Sommaire

Jacques Cartier

Bien qu’il ait été reconnu comme un des grands explorateurs français du 16e siècle, Jacques Cartier a également contribué, à sa façon, à l’échec de l’établissement à Charlesbourg-Royal. En effet, sa rétrogradation au profit de Roberval provoque chez lui plusieurs frustrations et on estime que c’est pour cette raison que Cartier ne juge pas utile de partager ses connaissances sur le Canada avec celui qui dirige officiellement la mission colonisatrice. De même, au cours de son second voyage, les relations entre Cartier et les Amérindiens se corsent. Lorsque le Malouin est de retour en 1541, ses agissements envers ce peuple créent une escalade de tension qui l’oblige à quitter le territoire. De plus, on peut soupçonner qu’à un certain point dans l’élaboration du projet, le fait de trouver de l’or était plus important que l’établissement des bases solides d’une colonie de peuplement.

Comme mentionné plus tôt, ce n’est que quelques mois après avoir consenti à Jacques Cartier le poste de capitaine général de la prochaine expédition au Canada que François 1er se rétracte pour en confier la direction à La Roque de Roberval. Cartier, qui n’en était pas à ses premières expériences maritimes, ne pouvait éprouver que frustration et colère à l’égard de celui qui devenait son supérieur. Bientôt, Jacques Cartier décidera de ne pas attendre Roberval pour quitter la France et de ne pas partager les connaissances sur le Canada qu’il a acquises au cours de ses deux voyages précédents.

Cartier a vécu l’hiver laurentien, au cours de sa seconde expédition, entre 1535 et 1536. Il sait, par expérience, qu’il faut s’attendre à un temps fort rigoureux. Des écrits de l’époque affirment que « de la mi-novembre à la mi-avril, les navires furent pris dans les glaces. La neige atteignit quatre pieds et plus. Le fleuve gela jusqu’à Hochelaga »[9]. Mais plus important encore, Jacques Cartier connaît le remède au scorbut. On raconte qu’au cours de l’hiver 1535-1536, « le mal de terre ou scorbut fait de sérieux ravages parmi les membres de l’expédition : 25 personnes périssent » . Toutefois, vers la fin de cette dure saison, Cartier parvient à connaître la composition d’une potion médicinale permettant de vaincre cette maladie.

De retour à Stadacona, Cartier et son équipage construisirent un petit fort ; ils furent les premiers Européens à passer un hiver entier en Amérique du Nord. Mais la dureté du climat devait bientôt prélever sa rançon de vies humaines, et 25 des hommes de Cartier périrent du scorbut durant l’hiver. En mars, cependant, les Iroquois donnèrent à Cartier une potion faite de frondes de genévrier rouge qui permit aux survivants de se rétablir[10].

Ainsi, lors des mois froids de son dernier voyage, Cartier sait à quoi s’attendre et prend les dispositions nécessaires pour faciliter l’expérience laurentienne de son équipage. Effectivement, « l’hiver se passe sans que l’on ait à déplorer de décès à cause du scorbut »[11]

Puis, l’été suivant, devant le retard considérable de Roberval, Cartier décide de retourner en France. Malgré les ordres de son supérieur qu’il rencontre à Terre-Neuve, il est déterminé à rentrer en Europe. Cette fois-ci, c’est au tour de La Roque de Roberval et des colons qu’il a recruté d’expérimenter le froid, la neige et la rudesse du climat canadien[12].

On ne peut pas affirmer avec certitude que Jacques Cartier ait volontairement omis de parler du scorbut à Roberval, mais on peut se permettre d’entretenir des doutes considérables. De même, la Malouin possédait des connaissances concernant les langues amérindiennes et la disposition des cours d’eau qui auraient pu augmenter les chances de réussite de l’implantation d’une colonie française à Charlesbourg-Royal.

Ensuite, pour évaluer avec justesse les torts attribuables à Cartier, on doit tenir compte de l’évolution des relations avec les Amérindiens. En effet, lors de ses deux premières visites au Canada, les rapports entre le navigateur et les peuplades amérindiennes semblent cordiaux. Il faut spécifier qu’avant l’arrivée de l’expédition française en 1534, les Premières nations avaient l’habitude de s’adonner à un commerce de fourrure avec les pêcheurs qui s’aventuraient jusque sur les rives de l’Amérique. Ainsi, « quand Cartier entra dans la baie des Chaleurs, en 1534, il fut accueilli par des Mi’kmaqs exhibant des peaux de castor sur des perches, invitant les Français à descendre et à faire du troc »[13]

De cette façon, jusqu’en 1536, tout allait relativement bien entre les Français et les Amérindiens de Stadaconé. C’est d’ailleurs grâce à ces derniers que Cartier apprit l’existence du royaume du Saguenay ainsi que l’orientation et l’aboutissement des principaux cours d’eau des alentours.

Cependant, les choses commencent à se corser lorsque Jacques Cartier décide d’explorer plus amplement les régions du Canada et qu’il se rend à Hochelaga. Cette expédition du Malouin est perçue comme étant une trahison envers les Autochtones de Stadaconé et ces derniers seront désormais plus méfiants. En outre, la rupture est complète lorsque Cartier participe au projet de renversement du pouvoir amérindien.

Avant de partir, Cartier veut consolider les positions françaises, déjà favorisées par l’unité ethnique, linguistique et politique de la vallée laurentienne, mais compromise par la conduite de Donnacona et de ses deux fils. Cartier apprend qu’un rival, Agona, aspire au pouvoir. Le plan de la révolution se dessine : éliminer le parti en place eu profit d’Agona. Rusé, Cartier profite d’une cérémonie religieuse pour capturer Donnacona, les interprètes et quelques autres indigènes. Il apaise la foule en promettant de ramener Donnacona dans 10 ou 12 lunes, avec des présents du roi[14].

Au retour de Jacques Cartier en 1541, aucun des Amérindiens capturés cinq ans plus tôt ne l’accompagne. C’est en grande partie parce « cette tragédie suscita la méfiance et la colère des Premières nations, qui s’opposèrent constamment aux efforts déployés par Cartier pour établir une petite colonie »[15]que l’équipage, dont 35 membres sont tués par les Autochtones, est forcé de partir en 1542.

Subséquemment, la mission de colonisation est également compromise par les motifs réels qui poussent Cartier à se rendre au Canada. En fait, on sait qu’au départ, le projet de fonder les bases d’une colonie de peuplement avait été soumis par le Malouin lui-même, puis appuyé par le roi François 1er. On peut toutefois douter qu’à la suite de sa rétrogradation professionnelle, Cartier n’a plus les mêmes objectifs et, qu’en fait, ce qu’il souhaite réellement, c’est prouver au roi, voire à la France entière, qu’il mérite la reconnaissance pour ses réalisations et trouvailles. Ainsi, peu après son arrivée au Canada, Cartier entreprend de se rendre au Saguenay pour y trouver les trésors dont lui avaient parlé les Autochtones. Il y trouve ce qu’il croit être des diamants et de l’or, mais qui se révélera n’être que du quartz et de la pyrite de fer. Quoi qu’il en soit, la découverte de ces richesses pousse Jacques Cartier et son équipage à désobéir à Roberval en quittant le Canada.

Bref, on ne peut pas reporter toute la faute de l’échec de l’établissement d’une colonie de peuplement à Charlesbourg-Royal sur Jacques Cartier, mais il faut tout de même considérer que certains de ses agissements ont grandement nui à la réussite du projet. Malgré cela, on doit prendre en compte que sans l’intervention du roi en faveur de La Roque de Roberval, les choses auraient peut-être été différentes, mais cela n’excuse en rien l’attitude de Cartier par rapport aux Premières nations. Du reste, on ne peut affirmer avec certitude que Cartier a quitté le Canada parce qu’il ne faisait plus le poids contre les Amérindiens, ou encore parce qu’il a trouvé le trésor tant recherché.

La Roque de Roberval

Le 15 janvier 1541, François 1er signe une commission qui marque le début de la colonisation française au Canada et y inscrit le nom de Jean-François La Roque de Roberval au poste de lieutenant-général[16]. Le roi confit donc les reines de l’entreprise de peuplement à un homme qui n’a aucune expérience de navigation. Cette décision est appuyée par le fait que la présence d’un noble est requise à la tête d’un tel projet, mais les autres raisons entourant cette nomination restent à tout le moins inconnues et quelque peu mystérieuses. Quoi qu’il en soit, le seul fait de confier cette mission à un homme inexpérimenté laisse présager l’échec. D’autre part, c’est également le recrutement difficile de l’équipage, le caractère de Roberval lui-même, le départ tardif de l’expédition ainsi que les conflits d’intérêts qu’a suscités ce voyage, qui pèsent lourd dans la balance de l’échec de l’établissement d’une colonie française à Charlesbourg-Royal.

Tel que mentionné précédemment, La Roque de Roberval n’a aucune expérience pour la tâche qui lui est confiée et cela affectera beaucoup le déroulement de l’expédition. Ce manque de connaissance se fait surtout ressentir lors du premier hiver à Charlesbourg-Royal, en 1541-1542. Ne connaissant pas le caractère particulier du climat laurentien, Roberval ne prévoit pas suffisamment de provision et il doit rationner au maximum les vivres de ses hommes[16].

On fit premièrement l’examen des provisions et l’on trouva qu’elles seroient insuffisantes. On fit le partage, de manière à ce que chaque mess n’avoit que deux pains pesant chacun une livre, et une demie livre de bœuf. L’on mageoit du lard au dîner, avec une demie livre de beurre : et du bœuf su couper avec environ deux poignées de fève sans beurre. Les mercredis, Vendredis et Samedis, on mangeoit de la morue séchée et quelquefois verte au dîner, avec du beurre et du marsouin et des fèves au souper[17].

Plus tard, ce manque de ration, ainsi que la pauvre valeur alimentaire qui y est reliée, provoqua l’arrivée d’une maladie qui emporta près de cinquante colons, ce qui équivaut au quart des membres de l’équipage. Le scorbut, qui avait été brillamment vaincu l’hiver précède, par Cartier et ses hommes, était inconnu de Roberval. Nous pourrions blâmer Jacques Cartier pour ne pas avoir communiqué ces informations avec son supérieur, il reste néanmoins que si La Roque de Roberval avait été un habitué de ce genre d’expédition, il se serait au moins renseigné sur le climat et les risques possibles du Canada.

Également, en observant la composition de l’équipage qui accompagnait Roberval, on peut douter des chances de réussite d’une telle entreprise. En effet, le lieutenant-général avait réussi à s’entourer de quelques gentilshommes, mais le recrutement des colons demeurait une tâche ardue. Également, en observant la composition de l’équipage qui accompagnait Roberval, on peut douter des chances de réussite d’une telle entreprise. En effet, le lieutenant-général avait réussi à s’entourer de quelques gentilshommes, mais le recrutement des colons demeurait une tâche ardue. Ainsi, à l’exception de son pilote, Jean Alphonse de Xaintoigne , l’équipage qui accompagne Roberval, composé de gentilshommes, de courtisans, de femmes et de criminels,][R. La Roque De Roquebrune[18]. n’est pas qualifié pour ce genre de mission et ses membres sont majoritairement forcés d’y participer.

Ensuite, il faut tenir compte du caractère difficile du lieutnant-général de l’expédition. Il semble effectivement que « son humeur difficile [et] sa rudesse lui avaient aliéné ses compagnons d’aventure »[16]. D’ailleurs, on rapporte « la pendaison d’un voleur, la mise aux fers de quelques autres, de généreuses distributions de coups de fouet à des hommes et à des femmes ».Lionel Groulx. La découverte du Canada [...]Page 255.

Plus encore, Roberval arrive à destination avec près d’un an de retard. Ce retard explique, entre autres, pourquoi Cartier décide de quitter le Canada, désespéré d’attendre des renforts pour lutter contre les attaques amérindiennes. Ce n’est pourtant pas par paresses que La Roque de Roberval prend la mer aussi tardivement. Cette situation s’explique par le fait que le recrutement de volontaires est difficile et que le sieur Roberval éprouve certains problèmes financiers.

Beaucoup lui manque les articles indispensables au voyage : artillerie, poudre, munitions. Il n’a pas de quoi, non plus, payer le naulage des navires, de là, une armée de créanciers lancés à ses trousses comme à celle d’un débiteur qui va lever le pied[19].

Cartier, attaqué de tous côtés par les Autochtones, ne recevra pas l’aide espérée. Dès l’or, l’opération est vouée à l’échec.

Finalement, tout comme c’est le cas pour le roi François 1er et pour Jacques Cartier, on estime que Roberval est beaucoup plus attiré par l’appât du gain que par la réelle volonté de fonder une colonie de peuplement à Charlesbourg-Royal. Tout comme les conquistadores, il semble probable qu’il cherchait un moyen de faire fortune.

En fin de compte, Jean-François La Roque de Roberval est un acteur important dans l’insuccès de la mise sur pied du rêve colonial français. On arrive à cette constatation en tenant compte de son manque d’expérience, son équipage non qualifié, son caractère difficile, son arrivée tardive au Canada ainsi que les motifs qui le poussent à effectuer ce voyage.

Le Canada

Même si on peut affirmer que les actions et décisions de François 1er, Jacques Cartier et La Roque de Roberval ont poussé à l’échec le projet de colonie française en Amérique, on doit également considérer les facteurs propres au Canada. À n’en pas douter, le climat canadien et les relations avec les Amérindiens ont contribué à l’insuccès de l’établissement d’une colonie de peuplement régi par la France.

D’abord, le premier hiver à Charlesboug-Royal se déroule plutôt bien étant donné que Jacques Cartier a déjà une certaine expérience du climat laurentien. Toutefois, c’est le second hiver, qui met fin au rêve français de peuplement de l’Amérique. Le facteur climatique explique d’ailleurs assez bien le retard colonisateur de la France comparativement à l’Espagne ou au Portugal[19].

Puis, le conflit avec les Premières nations vient compliquer les choses. Ce sont les agissements de Cartier qui mettent le feu aux poudres et qui attirent la méfiance des Iroquois. Bientôt, cette méfiance se transforme en harcèlement et le Malouin racontera plus tard qu’à la suite du meurtre de 35 de ses colons, il n’avait plus force morale de demeurer au Canada. Pour justifier son retour en France à Roberval, il dit « qu’il n’avait pu avec sa petite bande, résister aux Sauvages qui rodaient journellement et l’incommodaient fort et que c’était la cause qui le portant à revenir en France »[20]

Bref, le retour à l’historiographie concernant cet évènement nous apprend que nous ne pouvons pas identifier un seul responsable pour l’échec de la mission de peuplement de Charlesbourg-Royal. D’abord, François 1er y a contribué par la rétrogradation de Cartier au profit de Roberval, ainsi que par son manque de transparence dans les objectifs du projet. Puis, Jacques Cartier est aussi à blâmer puisqu’il refuse de partager ses connaissances par rapport au Canada, mais également parce que ses relations avec les Amérindiens se détériorent et que l’intention de trouver un trésor devient plus grande que celle d’établir une colonie de peuplement. De même, la participation de La Roque de Roberval à cette entreprise doit être considérée comme une cause importante de l’échec de Charlesbourg-Royal. L’inexpérience de ce dernier, son caractère difficile, son départ tardif, sa volonté de faire fortune ainsi que l’incompétence de son équipage, ont joué un rôle négatif dans cette histoire. Finalement, les caractéristiques propres au Canada, représentées par le climat et les Premières nations, concluent la liste des motifs de l’échec de la première mission colonisatrice de la France.

Notes et références

  1. a et b Lionel Groulx. La découverte du Canada, Jacques Cartier. Montréal, Granger, 1934. Page 225.
  2. Marcel Trudel. Mythes et réalités dans l’histoire du Québec. Montréal, Hurtubise HMH, 2001. Page 28.
  3. .Jacques Lacoursière, Denis Vaugeois et Jean Provencher. Canada-Québec, Synthèse historique. Ottawa, Éditions du Renouveau pédagogique, 1969. Page 34.
  4. . Marcel Trudel. Mythes et réalités [...]Page 28.
  5. Marcel Trudel. Mythes et réalités [...]Page 28.
  6. Lionel Groulx. La découverte du Canada [...]Page 254.
  7. ][R. La Roque De Roquebrune. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page La Roque de Roberval. Canada, Bibliothèques et archives Canada. Page consultée le 05/04/07 → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34463&query=Roberval]
  8. .[R. La Roque De Roquebrune. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page La Roque de Roberval → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34463&query=Roberval]
  9. .[Marcel Trudel. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page Jacques Cartier. Canada, Bibliothèques et archives Canada. Page consultée le 05/04/07 → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34229&query=cartier]
  10. Jacques Lacoursière, Denis Vaugeois et Jean Provencher. Canada-Québec [...] Page 32.
  11. Canada, Ministre de travaux publics et services gouvernementaux. Les premières nations du Canada. Ottawa, Affaires indiennes et du Nord Canada, 1997. Page 72.
  12. Jacques Lacoursière, Denis Vaugeois et Jean Provencher. Canada-Québec [...] Page 36.
  13. Ministre de travaux publics et services gouvernementaux. Les premières nations[...] Page 71.
  14. [Marcel Trudel. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page Jacques Cartier → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34229&query=cartier]
  15. Ministre de travaux publics et services gouvernementaux. Les premières nations[...] Page 72.
  16. a, b et c [R. La Roque De Roquebrune. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page La Roque de Roberval → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34463&query=Roberval]
  17. Lucien René Abénon. Les Français en Amérique, histoire d’une colonisation. Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1993. Page 204.
  18. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne]. Page La Roque de Roberval → http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp ?BioId=34463&query=Roberval]
  19. a et b Lionel Groulx. La découverte du Canada [...]Page 243.
  20. Lucien René Abénon. Les Français en Amérique [...] Page 202.

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