- Cantate À Jean Bart
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Cantate à Jean Bart
Paroles de Joseph Fontemoing, musique de David Riefenstahl.
Ecrite à l'occasion de l'inauguration de la statue de Jean Bart le 7 septembre 1845, elle était dédiée à « son Altesse Royale l'Amiral Prince de Joinville ».
Pas une fête à Dunkerque ne se terminerait sans la Cantate à Jean Bart, véritable « hymne national » dunkerquois. Le soir du carnaval de Dunkerque, la foule des « carnavaleux » se retrouvent sur la place Jean Bart devant la statue du héros dunkerquois (œuvre de David d'Angers en 1845) et à genoux, les bras tendus vers le ciel, entonnent le premier couplet et le refrain de la Cantate à Jean Bart :- Jean Bart, salut, salut à ta mémoire
- De tes exploits, tu remplis l'univers ;
- Ton seul aspect commandait la victoire,
- Et sans rival tu régnas sur les mers.
- Jusqu'au tombeau France Mère adorée,
- Jaloux et fiers d'imiter sa valeur,
- Nous défendrons ta bannière sacrée,
- Sur l'océan qui fut son champ d'honneur. (bis)
- Jean Bart, Jean Bart, la voix de la patrie
- Redit ta gloire et ton nom immortel
- Et la cité qui te donna la vie
- Erigera ta statue en autel (bis)
- Enfant du peuple, il conquit sa noblesse
- Par son épée… ô glorieux destin.
- Et cette épée, aux jours de sa détresse,
- Sauva la France, en lui donnant du pain.
- Un feu sublime, embrasait son courage ;
- La hache au poing, affrontant le trépas,
- Il s'élançait, terrible à l'abordage,
- Tel un lion au milieu des combats. (bis)
- Découvrons-nous, sculpté par le génie
- Jean Bart revit dans ce bronze éloquent.
- Et toi qui fus l'idole de sa vie,
- Son glaive encore, ô France ! te défend
- Si l'ennemi qui pâlit à sa vue,
- Dans son délire osait nous outrager,
- Du piédestal, qui porte sa statue
- Il descendrait armé pour nous venger. (bis)
Les origines de la Cantate à Jean Bart
Tous les carnavaleux connaissent ce haut moment d’émotion quand après avoir fait la bande pendant tout l’après midi les acharnés ne veulent à aucun prix manquer le rigodon final.
Cette lente procession en lignes serrées atteint son paroxysme quand la fameuse cantate à Jean Bart est jouée par l’orchestre. A cet instant tout le monde se met à genoux et entonne cette chanson qui glorifie le corsaire Dunkerquois. Etrange pratique, mais de quand date t’elle ?
Des recherches dans les archives de la ville assez poussées ont mis permis de comprendre les raisons de ces gestes peu courants dans nos régions.
En l’an de grâce 1895, le carnaval d’avant campagne de pêche à Islande battait son plein, l’équipage du « Brennivin » jetait dans le gin et la bière les derniers sous donnés par l’armateur qui les avait engagés . Le patron du navire n’était pas en reste , Raoul Duflot avait ce malheureux penchant pour la boisson qui faisait que les armateurs hésitaient souvent à lui confier une goélette.
Cette année encore, il manqua de sobriété et ne fut pas un exemple pour son équipage. Il était tellement ivre après cette « Visherbende » que c’est son équipage qui le porta à bord. On aurait pu croire qu’il allait dessaouler en mer et que tout allait reprendre son cours, il n’y aurait pas eu d’histoire … Après la bénédiction du navire qui quitta le port bien après les 69 autres bateaux de cette campagne, Raoul tint à tenir la barre. Il était tellement ivre qu’au lieu de longer la côte flamande pendant une centaine de milles pour remonter vers les îles Faeroe, il prit plein ouest pour se diriger vers la Bretagne et persévérer vers le golfe de Gascogne. Ses marins trouvaient bien le paysage différents des autres années mais craignaient tellement ses colères qu’ils le laissait suivre cette nouvelle route. Ils péchaient et remontaient du thon en place de morue, il trouvaient le poisson plus gros et ne se plaignaient pas, le temps s’adoucissait de jour en jour et ils en arrivaient à quitter leurs suroits en coton huilé, il faisait tellement chaud qu’ils durent faire une halte sur la côte qu’ils longeaient. Il furent assez surpris d’y découvrir une population à la peau aussi noire que le charbon.. On retrouve aujourd’hui ceux qu’on appelle « les noirs » dans chaque bande de carnaval. Le Brennivin ne s’arrêta pas en si bon chemin et continua sa route en descendant le long des côtes africaines pour finalement remonter vers la péninsule arabique. Il toucha terre dans le port de Jeddah en Novembre 1895.
L’équipage était exténué et ne voulait plus reprendre la mer, le capitaine ne put les empêcher de pénétrer dans le pays pour y visiter la Mecque. C’était la période du Hadj le pèlerinage, les marins barbus revêtirent la robe blanche et suivirent le flot de pèlerins musulmans qui se pressaient autour de la Kabbah pour en faire sept fois le tour et se prosterner en chantant des psaumes du Coran. Les marins du Brennivin ne comprenaient pas bien ce qui ce passait et faisaient exactement comme leurs voisins, Après avoir suivi la procession pendant plusieurs heures ils s’en retournèrent au Brennivin non sans avoir fait une halte de plusieurs jours au lupanar local. Pour ces hommes à la vie dure, cette étape arabe fut l’expérience la plus forte de leur existence. Ils remontèrent sur leur bateau et reprirent le chemin inverse, ils arrivèrent au port de Dunkerque ou tout le monde les croyait perdus depuis plusieurs mois. Ils furent accueillis en héros et eurent l’honneur de conduire le carnaval qui commençait le mois suivant, c’est à la fin de cette Visherbende que les pécheurs montrèrent aux autres carnavaleux de quelle manière les pèlerins musulmans se comportaient autour de la pierre noire de la Kaaba. En les voyant se prosterner, les autres carnavaleux , se mirent à genoux et entonnèrent la chanson de Jean Bart en levant les bras au ciel et les genoux à terre. Depuis cette date, la cantate à Jean Bart qui clôture la bande de carnaval se chante de cette façon.
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