- Canon de 75mm
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Canon de 75mm
Les différentes versions du canon de 75mm utilisé dans les divers ouvrages de la ligne Maginot dérivent directement du canon de 75 Modèle 1897.
Sommaire
Historique
Ce canon a été choisi par la CORF après de longue délibérations car elle souhaitait, à l'origine, un canon « à tir extra rapide »[1] et un obusier pour assurer le flanquement des casemates, tout en ayant déjà le souci de la lutte contre les chars.
- comme canon, elle voulait une arme tirant à 14km à une cadence de 40 coups/minutes et ayant des capacités anti-char. Ces performances s'étant révélées rapidement utopiques, elle orienta ses recherches vers des tubes encore à l'étude ou le 75 Mle 22 de Marine.
- pour l'obusier, elle hésita entre un canon de 100mm de la Marine, un 90mm en cours d'étude, un 105 Schneider, voire même un 155mm, et, enfin, un 75mm Modèle 1897 modifié en obusier. Aucune des ces armes ne fut retenue dans un premier temps car aucune ne répondait aux caractéristiques souhaitées ou, étant encore en cours d'étude, ne pouvait être évaluée.
Début 1928, la CORF s'accorde pour retenir deux armes :
- comme canon, le canon de 75mm de la Marine, ou un autre ;
- comme obusier et anti-char lourd, le 100mm de la Marine.
Finalement, dans sa réunion du 29 août 1928, le général Challéat réussit à faire adopter le canon de 75mm Modèle 1897, à la fois comme canon et comme obusier léger, sous le nom de « matériel de 75 de casemate Modèle 1929 ». La CORF maintint toutefois le 100mm de la Marine comme obusier lourd, celui-ci pouvant même être remplacé plus tard par un obusier de 155mm, mais cette idée sera progressivement abandonnée.
Efficacité
Le canon de 75mm et ses munitions avaient de très grandes qualités et des caractéristiques qui en firent une arme idéale pour la fortification :
- une très grande précision ;
- une cadence de tir très élevée de 30 coups/minute qui, ajoutée aux avantages que présente une installation fixe sous béton (pré-réglages des tirs, protection, approvisionnement, évacuation des douilles) conférait à un bloc d'artillerie de trois pièces l'efficacité d'une batterie de campagne de huit canons [2];
- des dimensions modestes qui permirent son intégration dans des casemates relativement peu volumineuses ;
- des charges parfaitement adaptées au tir d'« épouillage » sur les ouvrages voisins car ils étaient suffisamment meurtriers pour dégager les blocs assaillis par l'infanterie ennemie mais également peu puissants pour éviter d'endommager le béton.[3]
Ce canon va devenir l'arme standard de la ligne Maginot où il sera utilisé en de nombreuses versions sous tourelle et en casemate.
Les différents modèles
Canon obusier 75 Mle 1929
Le fonctionnement du canon de 75 Mle 1929 est similaire à celle du canon de 75 Modèle 1897. Il est monté sur un affut très simple et il s'engage dans la plaque d'embrasure du créneau de tir par une grosse rotule blindée tournant dans l'embrasure.
En raison de la conception de l'affût, la volée du canon dépasse de 1,50m en dehors de la plaque d'embrasure ce qui présente un vulnérabilité certaine. Ceci n'avait pas échappé à la CORF mais, en raison de l'urgence, elle avait accepté ce risque afin de ne pas retarder l'équipement des blocs.
Le canon tirait à 12 000m mais il n'atteignait que la cadence de 30 coups/minutes maximum, ce qui était loin des 14 000m et des 40 coups/minutes souhaités par la CORF dans ses premières spécifications.Nombre de canons installés en 1940 : 30 dont 14 dans le Nord-Est, 12 dans les Alpes et 4 en Corse.
Canon obusier 75 Mle 1932
Afin de réduire au maximum le dépassement de la volée à l'extérieur, la CORF fit étudier un nouveau modèle dès 1929.
La nouvelle arme ne dépassait plus que de 45cm de l'embrasure qui fut également modifiée afin de pouvoir être fermée par des volets blindés. Cette amélioration avait été permise par une réduction de 30cm du tube, ce qui ne nuisait pas à la balistique, et par le développement d'un nouveau type d'affût. Cet affût, dit « à pivot fictif », permettait de faire pivoter le tube très en avant mais entrainait un mouvement verticale très important de la culasse par rapport au plancher, d'où la mise en place d'un plancher mobile pour que les servants puissent rester à hauteur de la culasse.Nombre de canons installés sous casemate en 1940 : 23, plus les deux pièces destinées au bloc 5 du gros ouvrage de Restefond qui ne fut jamais construit.
Canon obusier 75 R Mle 1932
Le canon obusier 75 R Mle 1932 de défense des fossés est destiné au flanquement anti-char des fossés des ouvrages.
Il s'agit de l'ancien tube de 75 mle 1905 des tourelles d'avant 1914 auquel on a rajouté un nouvel affut. Sa portée est limitée à 6 000-9 000m.Nombre de canons installés en 1940 :
- sous casemate : 9, tous dans le Nord-Est (Hochwald, Hackenberg et Billig).
- sous tourelle : 12
Canon obusier 75 Mle 1933
Ce canon était destiné à équiper les casemates d'action frontale des Alpes, l'installation de tourelles ayant été jugée peu justifiée en raison de leur coût.
Le canon obusier 75 Mle 1933 a le même tube que le 75/32, mais il est monté sur un affût différent permettant à la pièce de tourner dans une embrasure de taille minime. Ce canon est parfois dénommé « matériel de casemate en terrain rocheux ».Nombre de canons installés en 1940 :
- sous casemate :8. Ils ont tous été démontés par l'armée italienne après l'Armistice et ne purent être retrouvés ensuite ; on pense qu'ils furent écrasés par les bombardements aériens de l'arsenal de La Spezia. [4]
- sous tourelle : 21, dont 16 dans le Nord-Est et 5 dans le Sud-Est.
Mortier 75 Mle 1931
Le mortier 75 Mle 1931 est un canon court spécifique des ouvrages des Alpes. Il utilisait des obus à douille plus courte et avait une portée limitée à 6 000m car sa mission était de battre les zones de terrain qui ne pouvaient être atteintes par le canon-obusier. Il était encore plus court que le 75 R Mle 1932 (1,37m contre 1, 55m) et n'avait pas de volée saillante ce qui permettait de fermer l'embrasure avec des volets blindés.
L'affût était composé de deux poutres métalliques verticales entre lesquelles coulissait la partie arrière du canon. Ces deux poutres circulaient sur deux circulaires fixés au sol et au plafond afin de positionner le canon en azimut.Nombre de canons installés en 1940 : 30, dont 8 en action frontale et 22 en casemates de flanquement. Il faut y ajouter celui destiné au bloc 5 du petit ouvrage de Restefond et les deux du bloc 2 de l'ouvrage de Monte-Grosso qui n'ont pas été installés.
Canon de 75 Mle 1905
Une seule tourelle équipée du canon obusier 75 Mle 1905, récupérée à Verdun, a été installée dans le fort du Chesnois ; les autres seront mises en place sur les ouvrages des nouveaux fronts.[5].
Sources
- Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985.
- Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, SERCAP, 1985.
Notes et références
- ↑ Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p. 124.
- ↑ Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, SERCAP, 1985, p. 134.
- ↑ Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, o.p. cit., p. 134
- ↑ Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p. 129.
- ↑ Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, o.p. cit., p. 134.
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