- Brāhmī
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Brahmi
La brāhmī est un terme qui fait référence aux membres pré-modernes de la famille des systèmes d'écriture brahmiques nées en Inde, dont on fait remonter l'existence jusqu'au IIIe siècle av. J.-C. Les inscriptions les mieux connues et les plus anciennes en brāhmī sont les édits gravés d'Ashoka. Ce système d'écriture est l'ancêtre de la plupart des écritures de l'Inde et de l'Asie du sud-est, du Tibet, et peut-être même du hangeul. Le système numéral de la brāhmī est l'ancêtre des chiffres arabes.
On pense que la brāhmī dérive d'une écriture sémitique comme l'alphabet araméen impérial, comme c'est le cas pour l'alphabet kharoṣṭhī qui apparut à la même époque en Inde du nord, sous le contrôle de l'empire des Achéménides. Thomas William Rhys Davids pense que cette écriture pourrait avoir été introduite en Inde du Moyen-Orient par les marchands. Une autre hypothèse serait celle de l'invasion des Achéménides au VIe siècle av. J.-C.. Harry Falk croit quant à lui que la brāhmī fut créée sous l'empire maurya. On admet souvent que ce fut une invention planifiée sous le règne d'Ashoka, nécessaire à la rédaction de ses édits, cas similaire à celui du hangeul.
En observant les inscriptions en brāhmī les plus anciennes, on peut faire un parallèle flagrant avec les écritures araméennes contemporaines : la moitié des phonèmes sont identiques, surtout lorsque les lettres sont inversées afin de correspondre au sens d'écriture. Toutefois, les langues sémitiques ne reflètent pas la phonologie des langues indiennes, c'est pourquoi la brāhmī dut recevoir des adaptations. Ce sont ces adaptations qui permettent de faire un lien entre les deux écritures. Par exemple, l'araméen ne connaissait pas les occlusives rétroflexes, confondues avec les dentales ; or en brāhmī, les signes pour la série des dentales et pour celle des rétroflexes sont très similaires, comme si toutes les deux dérivaient d'un même prototype. L'araméen ne connaissait pas les consonnes aspirées de la brāhmī (kh, th), alors celle-ci ne possédait pas de consonnes emphatiques (q, ţ). Il se trouve que la brāhmī a emprunté les signes des emphatiques pour noter les aspirées correspondantes (q > kh ; ţ> th), et que là où l'araméen n'avait pas de consonne emphatique, pour /p/, la brāhmī a doublé le symbole p pour noter l'aspirée. Enfin, les premières lettres sont très ressemblantes : le a de la brāhmī ressemble beaucoup à un aleph.
Une hypothèse minoritaire soutient que la brāhmī est une invention purement indienne, ayant peut-être pour ancêtre l'écriture de l'Indus. Cette hypothèse est surtout répandue en Inde, où elle accompagne le nationalisme hindou.
Sources
- Kenneth R. Norman, The Development of Writing in India and its Effect upon the Pâli Canon, in Wiener Zeitschrift für die Kunde Südasiens (36), 1993.
- Oscar von Hinüber, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, Franz Steiner Verlag, 1990.
- Harry Falk, Schrift im alten Indien: Ein Forschungsbericht mit Anmerkungen, Gunter Narr Verlag, 1993.
- Gérard Fussman, « Les premiers systèmes d'écriture en Inde », in Annuaire du Collège de France, 1988-1989.
Voir aussi
- Grammaire du sanskrit (prononciation et orthographe du sanskrit)
Liens externes
- (en) De l'origine des premières écritures indiennes
- (en) Le projet brahmi de l'Institut indien des sciences
- (en) La Brahmi sur Ancientscripts.com
- (en) Imperial Brahmi Font with text-editor
- Portail de l’écriture
Catégorie : Alphasyllabaire d'origine indienne
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