Bombon le chien

Bombon le chien

Bombon le chien (Bombón el perro ou El Perro) est un film argentin et espagnol réalisé par Carlos Sorin en 2004.

Sommaire

Synopsis

Pendant la récente crise économique, au Sud de l’Argentine, en Patagonie, Juan Villegas, un mécanicien quinquagénaire au chômage, qui vient d’être licencié, essaie de gagner quelques pesos en vendant des couteaux de chasse artisanaux qu’il emmanche lui-même. Il loge chez sa fille, dans un taudis, avec son gendre (qui lui témoigne une froide hostilité), et la marmaille. Juan, homme digne et réservé, se sent de trop et voudrait n’être à la charge de personne. Il cherche du travail et se heurte au mépris d’un directeur d’agence intérimaire. Il retourne à son ancienne station-service et se rend compte qu’on ne l’y ré-embauchera pas. Navigant au hasard dans les paysages vastes et lumineux mais désolés de la pampa patagonienne, sur une route rectiligne et vide, Juan arrête son vieux 4x4 prés d’une voiture en panne. Il remorque la voiture et sa conductrice (qui voulait aller chercher du travail à Buenos-Aires…) jusqu’à l’estancia à l’abandon de sa mère, une veuve, effectue même la réparation, et dit que pour le règlement « rien ne presse ». La dame, se rendant compte qu’elle a affaire à un vrai caballero offre à Juan un dogue blanc d’Argentine qui appartenait à son mari : il voulait en faire l’élevage, avant sa mort.

La possession du mastín (dogue argentin)[1] change la vie de Juan : les portes du milieu cynophile local lui sont soudain ouvertes, il devient membre d’une aristocratie grâce au molosse, qui lui inspire cependant une crainte respectueuse. Il se fera d’ailleurs mordre (ce qui consacre son entrée dans le milieu fermé des propriétaires de dogos), avant d’établir des rapports d’amitié avec son chien. Traité en égal par les propriétaires et chasseurs, il est pris en main par un aficionado, et le suit avec Bombón dans un concours cynophilique. Le dogue de Juan remporte un prix, et l’aficionado essaie sur le champ de vendre les saillies de l’animal primé. Malheureusement, Bombón refuse de saillir les chiennes qu’on lui propose, même les plus lubriques, et un vétérinaire diagnostique chez lui une « absence totale de libido » . D’ailleurs « Bombón » (« Praline de chocolat » en espagnol) est-ce un nom pour un étalon[2] ?

Malgré ce revers, les deux amis vont faire la bringue dans un restaurant-boîte de nuit oriental. Pendant que son ami se prépare à la rixe de fin de nuit, Juan lie connaissance avec la chanteuse de la boîte, une argentine un peu mûre mais gentille, qui chante des mélopées arabes sans savoir ce qu’elle signifient.

Mais les dégâts de la rixe qui a dévasté le restaurant coûtent à Juan ses derniers pesos, et il est obligé de laisser Bombón chez l’aficionado pour chercher à nouveau du travail. Et quand quelques jours plus tard il vient voir son chien, on lui annonce qu’il s’est sauvé. Juan part alors à pied à la recherche de son chien. Il passe dans un village où les miséreux mangent les chiens, puis pénètre dans l’enceinte bruyante et poussiéreuse d’une briqueterie. Les ouvriers ont bien vu un gros chien blanc…

Le film

  • Tourné d’après une nouvelle de Carlos Sorin, visiblement sans grands moyens, et dans le droit fil de son Historias minimas de 2004, El perro décrit une province du bout du monde, dans l'Argentine touchée par la crise, où les gens appauvris cherchent tous à gagner quelques pesos. Les personnages (incarnés par des acteurs non professionnels) sont décrits avec acuité et indulgence par Carlos Sorin, dans la tradition du roman picaresque espagnol, influencée par le néo-réalisme de crise à l'italienne (on pense à Le voleur de bicyclette) et par les road-movies américains . Les personnages sont décrits avec tendresse : en particulier Juan, prolétaire à qui le hasard attribue un animal-symbole aristocratique. Sa bonté et sa dignité, le fin sourire qu'il garde en toutes circonstances seront récompensés par l’amitié qu’il réussit à nouer avec le dogue, et aussi par sa réhabilitation (et même son ascension) sociale. La fin permet même d’espérer beaucoup de bonheur pour l’homme comme pour le chien[3]
  • A titre documentaire, on peut relever que les liens qui unissent les Argentins et les chiens atteignent une complexité troublante . Un observateur extérieur s'en est d'ailleurs étonné : l'allemand Üwe Müller a réalisé en 2008 un film documentaire de 45 minutes ( Gordos Reise aus Ende des Welte, titre (mal) traduit en français par Gordo ou les péripéties d'un chien à Ushuaïa), dans lequel on voit comment 16 000 chiens errants coexistent bon gré-mal gré avec 50 000 humains, dans la ville d'Ushuaïa (capitale de la Province de Tierra del Fuego) et dans ses environs. L'analyse sociologique des deux communautés inter-agissantes l'une sur l'autre est pertinente, et non dénuée d'humour. De plus des exemplaires intéressants de la faune locale sont présentés, dans le cadre grandiose de la Terre de Feu.

Distribution

  • Juan Villegas : Juan Villegas, mécanicien au chômage
  • Walter Donado : l' aficionado
  • le dogue argentin : Gregorio
  • Rosa Valsecchi
  • Mariela Diaz
  • Claudina Fazzini
  • Carlos Roos
  • Sabino Morales
  • Pascual Condito

Fiche technique

  • Distribué par Guacamole Films
  • Durée : 1h35
  • Scénario : Santiago Calori, Salavador Roselli et Carlos Sorin, d'après une idée de Carlos Sorin
  • Musique : Nicolas Sorin (fils du metteur en scène)
  • Son : Abbate & Diaz
  • Direction artistique : Margarita Josid
  • Récompenses[4] : Prix FIPRESCI à Carlos Sorin au Festival International du Film de Donostia-San Sebastian (2004) - Prix de la Critique Argentine (2005) - 7 nominations au Condor de Plata (équivalent des Césars) - Prix du Meilleur Acteur à Juan Villegas, au Festival des 3 Continents (2005) -
  • Avis de critiques anglophones : A.O. Scott (The New York Times): "le vrai sujet du film est : la dignité…". - Ed Gonzales : "tender understatement…".
  • Avis de critiques francophones : L'Humanité du 31 août 2005 : "le chien est l'avenir de l'homme…" - S. Cahn dans "Voir ça" (Montreal, Canada):"une histoire sobre mettant en scène des gens simples …"

Notes

  1. Ces grands chiens blancs à la mâchoire impressionnante sont les descendants des chiens de guerre des conquistadors espagnols, et sont actuellement surtout utilisés en Argentine pour la chasse du pécari (suidé de taille moyennne, mais fort dangereux quand on l'attaque), et du puma. Louis-Antoine de Bougainville, faisant escale à Buenos-Aires en 1766 lors du tour du monde de La Boudeuse, avait noté que les meutes de molosses retournés à l'état semi-sauvage rendaient le voyage dans la pampa dangereux…
  2. L'équivalent espagnol du « bonbon » français est « caramelo ».
  3. Juan n'a rien du « macho » argentin, mais la bonne fortune semble vouloir le rendre conforme à l'image classique du « gaucho » : il avait déjà une collection de « facóns » (poignards de gaucho), il hérite d'un dogue, il ne lui reste plus qu'à obtenir le cheval et la femme…
  4. Selon le site de l'"a.r.c.l.t." (Actualités récentes du cinéma Latino-Américain)

Lien externe

Bombon le chien sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bombon le chien de Wikipédia en français (auteurs)

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