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Biuro Szyfrów
Biuro Szyfrów (« Bureau du chiffre ») était une agence de renseignements polonaise qui travaillait pour l'intelligence militaire polonaise. Elle a contribué à briser à la veille de la Seconde Guerre mondiale le code allemand Enigma.
Le 8 mai 1919, une section de cryptographie de l'armée polonaise a été constituée par le lieutenant Józef Stanslicki, et quelques mois plus tard a été nommé Biuro Szyfrów. Elle a contribué sensiblement à la défaite des Soviétiques par Piłsudski pendant la guerre russo-polonaise en 1920, car la cryptographie militaire soviétique n'était pas très robuste à cette période. Plus tard, les communications allemandes sont devenues sa cible prioritaire ; BS-4 était la section traitant des chiffres allemands, dirigée par Maksymilian Ciężki.
Ciężki a embauché trois jeunes mathématiciens dans les années 1930 : Jerzy Różycki, Henryk Zygalski et Marian Rejewski. En 1932, Rejewski a réalisé une des plus grandes avances dans l'histoire de cryptographie en appliquant des méthodes de mathématiques pures sur le nouveau système cryptographique de l'armée allemande, Enigma.
La guerre inéluctable et la prévisible défaite de la Pologne ont conduit à la décision d'évacuer la majeure partie du personnel du Biuro Szyfrów vers la France, où les cryptographes polonais ont travaillé pour l'intelligence française. L'attaque de la France a poussé les officiers de ce service, qui avaient échappé à l'internement par le Régime de Vichy, vers les îles britanniques.
Sommaire
Histoire
Une « section chiffres » (Sekcja Szyfrów) de l'armée polonaise fut créé par le lieutenant Józef Serafin Stanslicki le 8 mai 1919 et quelques mois plus tard fut rebaptisée « Bureau des chiffres » (Biuro Szyfrów). Il faisait ses rapports à l'État-major polonais, et contribua à la défense de la Pologne par l'armée de Józef Piłsudski pendant la guerre russo-polonaise de 1919-1921.
La bataille de Varsovie
Les codes russes les plus fréquemment utilisés furent découvert dès 1919 par un jeune mathématicien, Stefan Mazurkiewicz, qui deviendra plus tard vice-recteur de l'Université de Varsovie.
Pendant la guerre russo-polonaise de 1919-1920, l'état-major russe suivit les mêmes procédures de sécurité que sous le tsar pendant la Première Guerre mondiale. Ainsi, l'armée polonaise fut informée par les stations radiotélégraphiques russes des mouvements de l'armée soviétique, des buts et ordres d'opérations. L'état-major russe, selon le colonel polonais Mieczysław Ścieżyński, « n'avait pas la moindre hésitation à envoyer tous ses messages de nature opérationnelle par le radiotélégraphe; il y avait des périodes pendant la guerre où, dans un but de communications opérationnelles et de commandement par l'état-major supérieur, aucun autre moyen de communication ne fut utilisé, les messages étant transmis, soit entièrement ("en clair") soit cryptés, par des moyens tellement peu sophistiqués que pour nos spécialistes entrainés, lire les messages était un jeu d'enfants. Il en était de même pour le bavardage du personnel des stations radiotélégraphiques, dont la discipline était affreusement relâchée. »
Pendant le mois d'août 1920 seulement, les cryptologistes polonaises décryptèrent près de 410 messages : du général soviétique Mikhaïl Toukhatchevski, commandant du front nord; de Léon Trotsky, commissaire soviétique à la guerre; de commandants de l'armée, comme le commandant de la 6e armée, Sergieyev; le commandant des troupes montées, Semion Boudienny; le commandant des trois corps de cavaleries, Gaya; les états-majors des XIIe, XVe et XVIe armées; de l'état-major du « Groupe Mozyr » (du nom de la ville biélorusse); le « Groupe Zolochiv » (du nom de la ville ukrainienne); le « Groupe Yakir » (d'après le général Iona Emmanuilovich Yakir); des 2, 4, 7, 10, 11, 12, 16, 17, 18, 24, 27, 41, 44, 45, 53, 54, 58 et 60e divisions d'infanteries; des 8 division de cavaleries, etc...
Les interceptions étaient en général décryptées le jour même, ou le jour suivant, puis étaient immédiatement envoyées à la Section II (espionnage) et à la section opérationnelle de l'état-major polonais. Les messages les plus importants étaient lus en entier par le chef d'état-major, voire parfois par le commandant en chef, le maréchal Józef Piłsudski.
L'interception et la lecture des signaux par les services secrets polonais fournirent à ces derniers la totalité des ordres d'opérations russes. Les Polonais étaient capables de suivre toute la marche de l'armée de Budionny pendant la moitié d'août 1920 avec une grande précision, simplement en écoutant la correspondance radiotélégraphique avec Toukhatchevski, y compris les conflits historiques entre les deux commandants russes. Les interceptions incluaient aussi un ordre de Trotsky au Conseil révolutionnaire de guerre du Front occidental, confirmant les ordres opérationnels de Toukhatchevski, leur donnant ainsi l'autorité du chef suprême des forces armées soviétiques. Un ordre d'opération entier de Toukhatchevski à Budionny fur intercepté le 19 août, et lu le 20, expliquant les tâches de toutes les armées de Toukhatchevski, à propos desquelles peu de choses étaient connues auparavant.
Ścieżyński supposait que les soviets avaient réussi de quelque manière à intercepter les signaux opérationnels polonais ; mais il doutait que cela leur donna quoi que ce soit, puisque la cryptographie polonaise était à la pointe de la cryptographie moderne. En effet, seul un petit nombre de quartiers généraux supérieurs soviétiques étaient équipés de stations radios, pour cause de pénurie, et, finalement, les quartiers généraux polonais étaient plus prudents que ceux des russes, car presque toutes les divisions polonaises utilisaient des lignes terrestres.
Les cryptologistes polonais furent soutenus sous le commandement du colonel Tadeusz Schaetzel, chef de la Section II de l'état-major polonais. Ils travaillaient à la station de radio de Varsovie WAR, un des deux émetteurs radio à longue portée de l'époque.
Le travail des cryptologistes polonais amena entre autres à la découverte d'une grande brèche sur le flanc gauche de l'armée rouge et les Polonais purent mener une attaque victorieuse sur ce flanc pendant la bataille de Varsovie d'août 1920. Grâce à leur travail, l'espionnage polonais put aussi déterminer que la 4e armée rouge avait perdu contact avec son quartier général et, ainsi, continuait d'avancer vers la Poméranie (Pomorze) sur la côte balte, même si une retraite générale de l'armée rouge était en cours : la 4e armée fut totalement détruite.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Enigma et le service de renseignement
- Biuro Szyfrów
- "Polish Enigma Double"
- About the Enigma (National Security Agency)
- "The Enigma Code Breach" by Jan Bury
- The „Enigma” and the Intelligence
- www.enigmahistory.org
- "Codebreaking and Secret Weapons in World War II" By Bill Momsen
- A Brief History of Computing Technology, 1930 to 1939
Bibliographie
- Władysław Kozaczuk, Enigma: How the German Machine Cipher Was Broken, and How It Was Read by the Allies in World War Two, edited and translated by Christopher Kasparek, Frederick, MD, University Publications of America, 1984.
- Jan Bury, "Polish Codebreaking during the Russo-Polish War of 1919–1920," Cryptologia, vol. 28, no. 3 (July 2004), pp. 193–203.
- Kris Gaj, Arkadiusz Orłowski: Facts and Myths of Enigma: Breaking Stereotypes. EUROCRYPT 2003: 106–122.
- Władysław Kozaczuk, Jerzy Straszak, Enigma: How the Poles Broke the Nazi Code, Hippocrene Books, 2004, ISBN 078180941X.
- I. J. Good and Cipher A. Deavours, afterword to: Marian Rejewski, "How Polish Mathematicians Deciphered the Enigma", Annals of the History of Computing, July 1981.
- Marian Rejewski, "An Application of the Theory of Permutations in Breaking the Enigma Cipher," Applicationes mathematicae, 1980.
- Gilbert Bloch, "Enigma before Ultra: Polish Work and the French Contribution", translated by C.A. Deavours, Cryptologia, July 1987.
- Zbigniew Brzeziński, "The Unknown Victors". pp.15–18, in Jan Stanisław Ciechanowski, ed. Marian Rejewski 1905–1980, Living with the Enigma secret. 1st ed. Bydgoszcz: Bydgoszcz City Council, 2005, ISBN 8372081174.
- Gordon Welchman, "From Polish Bomba to British Bombe: the Birth of Ultra", Intelligence and National Security, 1986.
- Andrzej Pepłoński - "Kontrwywiad II Rzeczypospolitej (Kulisy wywiadu i kontrwywiadu)", Dom Wydawniczy Bellona Warszawa, 2002.
- Władysław Kozaczuk - "Bitwa o Tajemnice: Służby wywiadowcze Polski i Niemiec 1918-1939", Książka i Wiedza Warszawa 1967, 1999.
- Andrzej Misiuk - "Służby Specjalne II Rzeczypospolitej (Kulisy wywiadu i kontrwywiadu)", Dom Wydawniczy Bellona Warszawa, 1998.
- Henryk Ćwięk - "Przeciw Abwehrze (Kulisy wywiadu i kontrwywiadu)", Dom Wydawniczy Bellona Warszawa, 2001.
- Normam Polmar, Thomas B. Allen - "Księga Szpiegów", Wydawnictwo Magnum Warszawa, 2000.
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