- Tableaux de mission
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Les taolennoù ou tableaux de mission sont des outils de reconquête spirituelle constitués d'illustrations destinées à l’enseignement de la religion et à l’évangélisation. Créés en Bretagne au XVIe siècle, répandus dans le monde entier et utilisés jusqu'au milieu du XXe siècle, les représentations, la plupart du temps non signées, symbolisent le mal et les péchés capitaux.
Sommaire
Description
Vincent Huby, jésuite né à Hennebont, fut le premier à utiliser des tableaux sacrés dans la salle commune d'une maison de retraites religieuses (donc hors d'une église) à Vannes pur occuper des temps libres des retraitants. Le choix d'un lieu non sacré pour présenter ces images lui permettait une plus grande liberté dans leur composition. "La prédication, en effet, se donne à partir d’une série de douze “ images morales ”, quatre représentant les fins dernières (mort du pécheur, enfer, mort du juste, paradis) et huit cœurs allégoriques. Bien que le succès de ces tableaux ait largement dépassé la Bretagne, c’est pourtant dans la région, et surtout auprès des fidèles bretonnants, qu’il a été important et durable[2].
Ces tableaux utilisent fréquemment des représentations d'animaux pour mieux faire passer le message religieux à destination d'un public populaire peu instruit, souvent même analphabète. Par exemple, François Kerneau, curé de Plougonven, écrit en 1783: " L’usage de représenter des choses invisibles par l’intermédiaire de certaines images est très ancien et conforme à la volonté de Dieu (…). Dieu ordonna (…) à Moïse dans le désert de fabriquer un beau serpent qui restituait la santé à ceux que les serpents avaient mordus, quand ils le regardaient. La guérison qu’ils recevaient ne venait pas, dit l’Esprit Saint, de ce qu’ils voyaient, mais de celui qui était représenté par l’intermédiaire du serpent. Non per hoc quod videbat, sanabatur, sed per te omnium salvatorem (Sap : 16). Dans l’évangile, il est représenté sous la forme d’un agneau aimable (Jean : 1), sous la forme d’une poule qui s’empresse de rassembler ses poussins (Math : 23) ”[3]. Un autre exemple : dans son commentaire de la carte dite "des Cœurs" de Michel Le Nobletz, le prêtre plougonvelinois a choisi le chien pour l’envie, le loup pour la colère et la tortue pour la paresse.
Ces tableaux sont dessinés à la façon des Cartes de Tendre décrivant l'imaginaire spirituel selon des voyages imaginaires du chrétien. Dessinés et peints, pour les plus anciens sur parchemin, de façon à la fois réaliste et naïve, ils constituent de savoureux documents sur les sociétés locales et la vie quotidienne. Ces tableaux étaient parfois confiés par les prédicateurs à des femmes dévotes qui allaient de famille en famille (elles pouvaient pénétrer dans les domiciles plus aisément que les prédicateurs eux-mêmes). Elles pouvaient ainsi, selon une méthode reprise par les évangélistes désormais, suppléer à l'illettrisme qui limitait la diffusion des livres de dévotion et d'atteindre même la partie de la population qui ne fréquentait pas les églises[4]. Les plus célèbres prédicateurs ayant utilisé des tableaux de mission furent Dom Michel Le Nobletz au XVIIe siècle et le Père Julien Maunoir.
Ces taolennoù furent utilisés par des prédicateurs jusqu'au milieu du XXe siècle : les commandes, faites en 1936 puis en 1945 par les missionnaires Montfortains de Guipavas à Xavier de Langlais, d’un ensemble de cinq taolennou, très largement inspirées des images de Vincent Huby, en sont la preuve. Ces tableaux[5], classés par les Monuments historiques, sont conservés à la maison des Missionnaires montfortains au Rody en Guipavas.
Quelques exemples
- François-Marie Balanant (1862-1930), abbé finistérien, prédicateur et « tableauteur », composa un recueil de 12 tableaux commentés, représentant les différents états de l’âme du chrétien (péché, mort, conversion, etc.) sous la forme d’un cœur surmonté d’une tête humaine[6].
- François Kerneau, né à Lézardrieux en 1743, prêtre en 1767, fut pourvu de la cure de Plougonven en 1780, et c’est là qu’il mourut en 181863. Il a écrit ou à tout le moins recopié, car il n'est pas certain qu'il en soit l'auteur,“ Notes pour l’explication des tableaux des missions et retraites ”, ouvrage daté de 1783, totalement rédigé en breton à l'exception de son titre, qui explique comment commenter les taolennoù[7].
- L’homme chrétien est un ensemble de 10 tableaux de mission peints par Marc Choisnard en 1930, classés Monuments historiques en 2005, conservés à l'évêché de Quimper[8].
Bibliographie
- Roudaut (Fañch), Croix (Alain), Broudic (Fañch). - Les chemins du paradis (Taolennou ar baradoz) / Poltrejou gand Padrig Sicard. - Douarnenez : Le Chasse-Marée / ed. de l'Estran, 1988. -188 p., skeud. (ISBN 2-903708-15-0)
Notes et références
- François-Marie Balanant ouvrage numérisé
- http://hal.univ-brest.fr/docs/00/44/18/25/PDF/Roudaut_Calvez_Regards_etonnes_.pdf Fanch Roudaut et Ronan Calvez, "Les animaux dans les taolennou: une image globalement négative" in "Regards étonnés : de l'expression de l'altérité ... à la construction de l'identité. Mélanges offerts au Professeur Gaël Milin (2003) 27-40", consultable
- http://hal.univ-brest.fr/docs/00/44/18/25/PDF/Roudaut_Calvez_Regards_etonnes_.pdf Notes pour l’explication des tableaux des missions et retraites ”, ouvrage daté de 1783, cité fréquemment et analysé dans : Fanch Roudaut et Ronan Calvez, "Les animaux dans les taolennou: une image globalement négative" in "Regards étonnés : de l'expression de l'altérité ... à la construction de l'identité. Mélanges offerts au Professeur Gaël Milin (2003) 27-40", consultable
- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1989_num_68_2_1412_t1_0290_0000_3
- Notice no PM29002033, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- la bibliothèque numérique de l'Université Rennes 2 Balanant, François-Marie (1862-1930), "Taolennou ar mission / displeget gand ann aotrou Balanant," Consultable sur
- http://hal.univ-brest.fr/docs/00/44/18/25/PDF/Roudaut_Calvez_Regards_etonnes_.pdf
- Notice no PM29002126, sur la base Palissy, ministère de la Culture
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