Simone Pérèle

Simone Pérèle est une marque de lingerie française créée en 1948.

Débuts artisanaux

Photographie de Simone Pérèle.

Mademoiselle Simone Pérèle obtient en 1935 son diplôme de corsetière, métier qui, avant-guerre, consiste à fabriquer les dessous féminins, généralement sur mesure.

Le port du soutien-gorge commence à se populariser au début des années 1940. La parure n’existe pas, les femmes portent des dessous dépareillés. Les soutiens-gorge sont faits sur mesure, uniquement en satin, en dentelles rigides ou en broderies anglaises. Les culottes relèvent du domaine de la bonneterie. C’est également l’époque des bas nylons (accessoire hautement féminin apporté par les soldats américains).

Simone Pérèle perçoit l’importance de ce nouveau marché. À la Libération, jeune mariée, elle se lance dans la confection de soutiens-gorge. Artisan corsetier, elle travaille chez elle et sous-traite une partie de l’assemblage à domicile. Elle se singularise déjà par la prise en compte de critères esthétiques que la concurrence néglige encore.^{[réf. nécessaire]}

Naissance de la société

Portrait du couple Pérèle.

En 1948, son mari la rejoint.^{[précision nécessaire]} Ils alors de s’inscrire au registre des commerçants et s’établissent à Paris, 8, rue de Montyon, dans le 9^e arrondissement. Ils déposent la marque « Simone ». Durant les premières années, Simone Pérèle ne crée que des soutiens-gorge en satin, coupés puis assemblés dans l’atelier et montés par des ouvrières à domicile. Elle démarche les clients (exclusivement les détaillants), crée les modèles et contrôle la fabrication. Son mari, qui sera toujours nommé « Monsieur Pérèle » au sein de l’entreprise, s’occupe de la gestion, des achats, des livraisons, des expéditions, voire de la mise en colis.

En 1950, l’entreprise s’établit 11, rue Rougemont, où elle résidera 18 ans. En 1954 est créée la SARL « Simone Pérèle ». À partir de 1956, la clientèle des Grands magasins s’ajoute à celle des petits détaillants. L’entreprise, qui emploie maintenant 30 personnes (et de 30 à 50 ouvrières à domicile), double sa surface. À la fin des années 1950, grâce aux produits qui collent à un marché en pleine expansion, au recrutement de représentants qui sillonnent la France et à une gestion très rigoureuse, l’entreprise continue sa progression.

Durant les années 1960, aux articles anciens qui perdurent s’ajoutent une dizaine de modèles dont la durée de vie pourra atteindre jusqu’à 20 ans. Le soutien-gorge est un produit avant tout fonctionnel qui maintient la poitrine. C’est la mode des soutiens-gorge qui mettent en valeur la poitrine, dite en « obus ». Brigitte Bardot incarne la pin-up aux formes généreuses. C’est également l’arrivée du lycra, matière qui va révolutionner le monde du textile apportant l’élasticité aux matières et par conséquent le confort. Simone Pérèle, très avant-gardiste, croit très fort à l’association du confort et de l’esthétisme.

En 1961, Simone Pérèle crée le soutien-gorge à pinces dites « Soleil ». Ces pinces situées dans la partie inférieure du bonnet, donnent à la poitrine un galbe incomparable. Le succès de « Soleil » et une production de plus en plus importante soutenue par une publicité ciblée, affirment la reconnaissance nationale de la marque. En 1962, le rachat d’une usine de fabrication à Orléans, près de la cathédrale, marque une nouvelle étape dans le développement de l’entreprise. Entre 1964 et 1965 a lieu une petite révolution dans le milieu de la corseterie : Simone Pérèle créée le premier soutien-gorge en lycra « Sole Mio ».

Développement

En 1968, les bureaux, à l’étroit rue Rougement, déménagent dans 650 m² au 91, de la rue Saint-Lazare. La fin des années 1960 marque la libération de la femme et de l’arrivée de la pilule contraceptive sur le marché. La morphologie de la femme change : elle a plus de poitrine et une taille plus fine. À partir de 1970, l’entreprise développe son outil de production et deux usines voient le jour dans la région d'Orléans. Durant cette décennie, la création va en s’accélérant suivant des femmes qui affirment de plus en plus fort leur indépendance et leur personnalité. La poitrine n’est plus un objet de désir, on ne souhaite plus la mettre en avant mais au contraire la minimiser. Les formes de soutiens-gorge sont moins provocantes mais au contraire rondes et naturelles.

En 1971 a lieu la deuxième révolution avec la création du premier soutien-gorge dit invisible, le modèle « Pétale » novateur dans son esthétisme et sa matière est réalisée en bonnets C (jusque là inexistant en corseterie). Une campagne publicitaire renforce cette sortie véhiculant une image ultra féminine : le modèle « Pétale » s'affiche dans les magazine Elle ou Jours de France. Dix ans après la création de « Soleil », le soutien-gorge « Pétale », dépouillé, sans dentelle, devient la seconde « locomotive » de la marque.

Si Simone Pérèle laisse progressivement les rênes de la création à sa fille, entrée dans l’entreprise en 1971, « Monsieur Pérèle » forme son gendre puis son fils à l'école de l’entreprise familiale. En 1973 a lieu la création de « Papillon », ensemble slip et soutien-gorge, parmi les premières parures (slip assorti au soutien-gorge) du marché. Les années 1975-1980 voient l’apparition des profondeurs de bonnets : jusque là des retoucheuses présentes sur chaque point de vente étaient chargées de faire les retouches. La notion de pérennité des produits est très forte, le blanc est omniprésent, les couleurs occasionnelles.

Au début des années 1980, l’esthétique du sous-vêtement féminin tend à prendre autant d’importance que son confort. Avec l’émergence des caracos et bodies, où la dentelle abonde, il devient un article d’ornement et non plus de confort de plus en plus suggestif, voire « sexy ». De 1980 à 1990 a lieu le développement des profondeurs de bonnets du A au D.

Ayant créé de toutes pièces, avec sa femme, une entreprise leader dans son secteur, Monsieur Pérèle laisse progressivement la gestion à ses enfants. Sans dévier de la ligne tracée ; la deuxième génération perçoit le besoin de « rajeunir » la marque et de « sensualiser » les produits pour répondre à l’évolution du marché, à la psychologie des femmes sans perdre de vue le critère de confort, contrairement à d’autre marques.

En 1986, la publicité se charge du message : « Choisir un Pérèle n’est jamais innocent ». La femme est indépendante, elle achète de la lingerie pour elle-même afin de se faire plaisir avant d’être sensuelle pour l’autre. On réalise à quel point Simone Pérèle a toujours su insufflé un esprit féministe dans ses collections^{[non neutre]}. L’entreprise Simone Pérèle se développe alors rapidement à l’international. Dans les années 1990, la créativité est de plus en plus présente dans les collections sans néanmoins négliger le confort. L’équipe de création s’enrichit de jeunes talents pour permettre à la marque de s’inscrire dans l’air du temps. L’arrivée de la microfibre, qui vingt ans après le Lycra, révolutionne à nouveau l’univers de la lingerie, garantit douceur, légèreté et facilité d’entretien. Le premier modèle en microfibre, « Amélia », remporte un vif succès : avec un coloris vert anis. En 1995, Simone Pérèle s’éteint.

La société Simone Pérèle après la disparition de sa créatrice

En 1998, les invisibles révolutionnent le marché : les soutiens-gorge moulés qui font une poitrine naturelle deviennent le nouveau must de la collection. On note la sortie de la ligne « Les Essentiels ». Le groupe Simone Pérèle est désormais implanté dans 80 pays et la société célèbre ses cinquante ans d’existence. La tendance est à un retour de la mise en valeur de la poitrine avec cependant toujours un habillage rond et naturel. Les push-up et les corbeilles sont plébiscités par les femmes, au même titre que les strings qui, loin d’être tabous, se font discrets sous les pantalons.

Le 8 mars 2002, pour célébrer la Journée internationale des droits de la femme, le groupe Simone Pérèle créée une pièce unique en toile à corset et rubans de satin. Le visuel d’ un corset délacé avec la mention « Pour libérer toute leur beauté, commençons par libérer le corps des femmes » (citation de Simone Pérèle datant de 1953) paraît dans Le Monde, Libération, Le Figaro et Le Nouvel Observateur. En juillet 2002, le groupe Simone Pérèle part à la conquête du marché américain avec l’ouverture d’une filiale aux États-Unis.

En 2003, la mode est aux strings. Si la fin des années 1990 a vu le triomphe du string avec l'obsession de la discrétion (le string a été créé pour être invisible sous les pantalons les plus moulants), en ce début de XX^e siècle, il s'affiche sans complexe. La lingerie devient accessoire de mode et se pare de bijoux. En 2007, le groupe Pérèle lance avec succès la marque Implicite : une collection de séduction ludique et accessible. En 2009 a lieu le lancement d’une nouvelle image pour la marque : « Simone. So French. »

Philanthropie

La société Simone Pérèle s'est engagée au côté de l'Institut Curie et « libère la parole des femmes ». Un partenariat d'une durée de 3 ans a été mis en place en 2005 entre Simone Pérèle, créatrice de lingerie, et l'Institut Curie, pour permettre une étude du ressenti des femmes atteintes d'un cancer^[1].

Notes et références

Bibliographie

• Bertrand Machet, Instants volés, éditions La Martinière, 2005.

Lien externe

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