- Plan dialectique matriciel
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Le Plan dialectique matriciel est un type de plan dialectique proposé par le philosophe Paul Franceschi (2003). Il s'agit d'une variation du plan dialectique classique fondé sur le triplet thèse-antithèse-synthèse.
Le plan dialectique matriciel est basé sur l'utilisation des matrices de concepts, qui sont conçues comme une alternative au carré sémiotique. Ces dernières sont des structures comportant six concepts, dont la polarité est soit positive, soit neutre, soit négative. Une matrice de concepts comporte ainsi deux concepts positifs (A+ et Ā+), deux concepts neutres (A0 et Ā0) et deux concepts négatifs (A- et Ā-).
Sommaire
Les étapes de la conception d'un plan dialectique matriciel
La mise en œuvre d'un plan dialectique matriciel, par rapport à une proposition donnée (question, problème, etc.) s'effectue en plusieurs étapes logiques successives:
- détermination de la structure de la proposition concernée (thèse simple c'est-à-dire éloge ou blâme, ou bien thèse composée, etc.)
- détermination des concepts-clés au niveau du type de thèse concerné
- placement de ces concepts-clés au sein d'une matrice de concepts
- complétion de la matrice de concepts
- transformation de la matrice en plan
Exemple
Détermination de la structure de la proposition
Soit la proposition suivante : "Deux excès: exclure la raison, n'admettre que la raison." (Pascal, Les Pensées). On s'attache tout d'abord à déterminer la structure de la thèse correspondant à cette proposition. Il s'agit ici d'une thèse composée, qui comporte la conjonction de deux thèses simples : la première étant "exclure la raison est un excès" et la seconde étant: "n'admettre que la raison est un excès". Il s'agit ainsi du blâme de l'irrationalité ("exclure la raison est un excès") et du blâme de l'hyper-rationalisme ("n'admettre que la raison est un excès"). La conjonction de ces deux blâmes constitue une thèse composée.
Détermination des concepts-clés
Les concepts-clés correspondent ici à "exclure la raison" et à "n'admettre que la raison". Ces deux concepts s'identifient respectivement à l'irrationalité et à l'hyper-rationalisme. Ces deux concepts présentent une connotation négative.
Placement dans la matrice
L'irrationalité et l'hyper-rationalisme sont deux concepts qui présentent une connotation négative. Ils prennent alors la place correspondante, au sein de la matrice.
Complétion de la matrice de concepts
L'étape suivante conduit à compléter les quatre concepts manquants de la matrice. Il arrive parfois que certains concepts ne soient pas lexicalisés.
Transformation de la matrice en plan
Lorsque la matrice est complétée, la transformation en plan dialectique matriciel est immédiate. Elle suite en effet le modèle (ces trois parties correspondent respectivement à la thèse, l'antithèse et la synthèse du plan dialectique classique):
1. Du point de vue de A0
- 1.1 Eloge de A+
- 1.2 Blâme de A-
2. Du point de vue de Ā0
- 2.1 Eloge de Ā+
- 2.2 Blâme de Ā-
3. Complémentarité entre A+ et Ā+
Ce qui donne finalement :
1. Du point de vue de la raison0
- 1.1 Les avantages de la rationalité+
- 1.2 Le risque de l'irrationalité-
2. Du point de vue de l'inspiration0
- 2.1 La nécessité de l'imagination féconde+
- 2.2 Les dangers de l'irrationalité-
3. La nécessaire complémentarité entre rationalité+ et imagination féconde+
Références
- Paul Franceschi, Le plan dialectique: pour une alternative au paradigme, Semiotica, vol. 146 (1-4), 2003, pages 353-367
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