Paul Farellier

Paul Farellier

Paul Farellier, en 1934, à Paris, est un poète et critique littéraire français.

Sommaire

Biographie

Parallèlement à ses universités (Sciences-Po Paris et Doctorat dEtat en Droit public), il entreprend, dabord en autodidacte, puis sous la direction de Fernand Lamy, de longues études musicales quil abandonnera vers la trentaine. Il fera toute sa carrière professionnelle dans lindustrie, comme juriste international.

Sa production poétique couvre une quarantaine dannées, à partir de la fin des années soixante. Il collabore à de nombreuses revues, pour des poèmes mais aussi des chroniques, notes et études, notamment et de façon régulière à La Revue de Belles-Lettres (Genève) et à la revue Les Hommes sans Epaules, au sein de son comité de rédaction, avec Christophe Dauphin, Elodia Turki et Alain Breton. Il est membre du jury du Prix Louis Guillaume ("Prix du Poème en Prose Louis Guillaume").

L'œuvre

« Lœuvre du poète Paul Farellier est née dune longue et très exigeante gestation, menée parallèlement à une carrière de juriste international dans lindustrie. Ce nest que vers la cinquantaine, en 1984, quil publie LIntempérie douce, son premier recueil, au prestigieux Pont de lÉpée de Guy Chambelland. Suivront (chez le même éditeur: LIle-cicatrice suivi de Linvisible grandit (1987) et Une main si simple (1989), puis : la lumière sabrège, La Bartavelle Éditeur (1993), A lobscur et au vent, LHarmattan (1996), et, aux éditions de LArbre à paroles, la trilogie qui marque le pic de lœuvre : Dans la nuit passante (2000), Tes rives finir (2004), Parlant bas sur ciel (2004). Il y a chez Farellier une exigence dans lécriture, une haute opinion de la création poétique qui nous éloigne du jeu verbal, ainsi quune quête de lêtre et de ses abîmes qui demeure sans complaisance : Cette vie à mourir, – ne la balance pas dun coup dépaule, – tiens-en le fardeau. Poignante et en prise avec la vie, la poésie de Farellier sonne pourtant comme une musique discrète évoquant les mouvements de lâme, lémotion vive, décryptée, y compris dans ce quil peut y avoir à première vue de plus simple : sur la pointe des arbres doucement agitée par le demi-jour. Paul Farellier, comme la écrit Gérard Bocholier, (in Arpa) en 1996, « est un visionnaire. Chacune de ses visions appelle à la recherche dun autre ciel, dune issue vers le haut qui déboucherait sur la pleine lumière. » Pour autant, ce qui est vu reste au plus près du vécu intérieur. Et le ton mezza voce du poème nest rassurant quen apparence, car les mots, lourds de sens, connaissent le poids du sang. Chez Paul Farellier, la générosité côtoie langoisse, la mort, la solitude et lémerveillement. Linterrogation est perpétuelle, limage concise, le verbe ciselé au plus près du vrai et du vécu. Cette poésie épurée en dit long sur le fatum humain : Maintenant, – visage fixé :un presque sourire se découd la naissanceavec le rien de personne, – apaisé peut être dun sens. » Note de Christophe Dauphin (in Les Hommes sans Epaules).

« Des paysages surgissent au gré des poèmes. Ils retiennent lœil et lesprit sans révéler leur mystère autrement que par létrange présence quils manifestent. Quont-ils à dire ? Nulle description, nulle explication en eux. On croit les reconnaître, un instant les tenir, ils séchappent, reprennent leur autonomie et soffrent à nouveau à la contemplation, libres et essentiels. Le vers qui les sous-tend, enfante son propre matériau, se fait corps par sa chair même et dégage pour le lecteur un propre espace il peut se tenir. Elle frappe alors la conscience, cette ligne frontière maintenue entre le poème et celui qui le reçoit, la disponibilité quelle procure permettant à chacun de prendre la juste mesure de ce quil est. De même apparaissent alors le lieu du poète et le motif quil parcourt. Pas de recherche dune quelconque fusion, mais un extrême respect, une reconnaissance confiante de cette manifestation daltérité quoffre le monde pour qui lobserve et lécoute. D vient cette posture originale, alors quun poète est souvent plus enclin à saisir les choses par la force de son verbe ? La réponse est peut-être dans la conviction profonde et silencieuse de Paul Farellier quant à son rôle ou à son devoir en tant que poète. Chez lui, la raison dêtre de la poésie, son mode, sont secondaires. Seul lobjet quelle travaille doit concentrer son attention. Nulle volonté de construire un monde autonome, nulle recherche de maîtrise, au contraire, son vers comme lui-même a déjà disparu derrière lobligation de louvrage. » Pierrick de Chermont (in Paul Farellier : à la présence du monde [1]).

« Lœuvre poétique de Paul Farellier […] présente la forte cohérence dun itinéraire voué au déchiffrement, à lélucidation. Pas de franche rupture ni de pistes abandonnées. Mais lavancée, dans la lucidité et létonnement, leffort et la révélation. […] La célébration est tout entière associée à la résonance intérieure. Loin de prendre à témoin les hommes, elle se lie intimement au silence, mais un silence pris comme une réalité active, la méditation chérit le monde, les mots, les paroles se délivrent par le seul fait quils accèdent au sens. Paul Farellier développe le sens de limpondérable, en poète à lâme stable et donc capable de mesurer dinfimes variations. Il sefforce de réunir une vie dun seul tenant, et cest le présent qui lui donne sa tension et son orientation. Dans cette quête, la patience humble a sa part. La respiration de celui qui progresse et découvre est palpable, plus particulièrement dans les poèmes des recueils les plus récents : le propos se cisèle en reprises de souffle successives, alternent vers pairs et impairs, dans une parfaite justesse. […] Lœuvre de Paul Farellier, tendue vers son accomplissement, trouve sa cohérence dans une conviction : la poésie est amenée à dire la limite, linfinitude et le passage. Elle permet de répondre à la question, éthique par excellence : « Quoffriras-tu de ta vie ? » (Dans la nuit passante). Le poème progresse de saisie en saisie et donne sens ; il rythme la respiration de la découverte. » Gilles Lades (in Paul FarellierLombre de labsolu, revue Lieux dEtre, n° 47, hiver 2008-2009).

Œuvres

Livres de poésie
  • LIntempérie douce, Le Pont de lEpée, 1984

(en deux parties : En ce qui reste détéLIntempérie douce)

  • LIle-cicatrice suivi de Linvisible grandit, Le Pont de lEpée, 1987
  • Une main si simple, Le Pont sous leau, 1989

(en trois parties : Une main si simpleDernière mise à feu des neigesComme semble une brume)

  • la lumière sabrège, La Bartavelle, 1993

(en trois parties : En ténèbre épousée la lumière sabrègeVers le val noir)

  • A lobscur et au vent, LHarmattan, 1996

(en cinq parties : Fenêtre et les oiseaux du fleuveFeintes dherbe avec le ventPrière pour le fin motUn retrait de soleilA lobscur et au vent)

  • Dans la nuit passante, LArbre à paroles, 2000

(en quatre parties : HeuresAu plus effacé du songeDans la nuit passanteCe lieu clair de la nuit)

  • Tes rives finir, LArbre à paroles, 2004

(en quatre parties : Ce pays mangé dombreDun soleil éloignéComme un corps se déplieAu dispersé du vent)

  • Parlant bas sur ciel, LArbre à paroles, 2004

(en sept parties : Maintenant, visage fixéCercle des lumières sauvesEn lîle va notre hiver –, En même terre que mémoireDans lâtre du silenceEau claire du vertigeSigne en paradis)

  • VintagesRétrospective 1968-2007, Librairie-Galerie Racine, 2008
  • Une odeur davant la neige, LArbre à paroles, 2010

(en sept parties : Tout près de jamaisIntérieur de lombreCouleurs sous la nuitParole en silenceA des saisons, lautreJours à laveugleSans lieu ni date). Ce dernier recueil a reçu, sur manuscrit, lun des prix 2008 du Concours international de poésie de langue française « Poésie sur Seine ».


Principales études et chroniques, en revues

Note à La Revue de Belles-Lettres, 2011, n° l : Du bleu dans la mémoire.

Contribution au numéro 34, consacré à Gabrielle Althen, de la revue Autre Sud, septembre 2006 : « Et la lumière a ri ». Note à La Revue de Belles-Lettres, 2010, n° 1-2 : La Belle mendiante, suivi de René Char : Lettres à Gabrielle Althen.

  • Sur Claudine Bohi :

Etude introductive à une bibliographie et à un choix de poèmes pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 27, 1er semestre 2009 : Claudine Bohi, la mendiante de vérité.

Etude pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 13/14, 1er sem. 2003 : Présence et effacement (Sur les livres de poésie dYves Bonnefoy).

Etude pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 21, 1er sem. 2006 : A propos de « Courtoisie de la fatigue ». Témoignage sur Guy Chambelland pour ce même numéro : Le poète de lépée.

Note à La Revue de Belles-Lettres, 2010, n° 1-2 : Vive fut l'aventure.

  • Sur Henri Falaise :

Etude pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 19, 1er sem. 2005 : Henri Falaise (1948-1999), une mémoire déternité.

Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 2, 1995, sur La Vie en gage et La Cinquième vérité. Etude pour la revue Les Hommes sans Epaules n°16, 1er sem. 2004 : Pierre Gabriel ou « Le nom de la nuit ».

Agenda : la dernière quinzaine, contribution au colloque du 13 décembre 2001 organisé par la SGDL et le PEN Club, « Louis Guillaume ou le rêve du réel », texte publié dans les actes de ce colloque au numéro 34 des Carnets de l'association « Les Amis de Louis Guillaume », décembre 2009 ; à consulter également sur le site de cette association[2]

Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1, 1995 : Ithaque et après. Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1-4, 2000 : Voix dans la nuit. Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 3-4, 2004 : Derniers rivages. Etude introductive à une bibliographie et à un choix de poèmes pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 20, 2nd sem. 2005 : Jean-Paul Hameury ou la mort du temps. Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1, 2009 : Errances.

  • Horizons poétiques de la mort - De quelques expériences ca 1940-2000 : Etude pour la revue Les Hommes sans Epaules n°31, 1er sem. 2011.
  • Sur Gilles Lades :

Etude introductive à une bibliographie et à un choix de poèmes pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 23/24, année 2007 : Gilles Lades au temps désuni.

Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1, 1995, sur Une machine à indiquer lunivers. Notes dans Phréatique, n° 83, automne 1997, sur Alchimie de la lenteur.

Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1, 1998, sur Syllabes de sable. Note à La Revue de Belles-Lettres, n° 1-4, 2000, sur Pages dombre.

  • Sur Monique Rosenberg :

Etude introductive à une bibliographie et à un choix de poèmes pour la revue Les Hommes sans Epaules, n° 25, 1er sem. 2008 : Monique Rosenberg ou la gloire délicieuse.

Ces notes et études, parmi d'autres, peuvent être consultées en ligne[3].

Notes et références

Sources

  • Monique W. Labidoire, Paul Farellier aux solstices (revue québécoise LittéRéalitéVol. XVIII, N° 1, printemps/été 2006 ;

consultable également sur le site : http://www.lectio-adfinitas.com/)

  • Gilles Lades, Paul FarellierLombre de labsolu (revue Lieux dEtre n° 47, hiver 2008-2009); consultable également sur le site : http://www.lectio-adfinitas.com/)
  • André Prodhomme, La pampa de labsolu, anthologie des poètes de lArche 23, (éditions Librairie-Galerie Racine, 2008)
  • Christophe Dauphin, Les Riverains du feu, une anthologie émotiviste de la poésie francophone contemporaine (Le Nouvel Athanor, 2009)

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Paul Farellier de Wikipédia en français (auteurs)

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