- Oraisons funèbres de Bossuet
-
Les Oraisons funèbres sont une œuvre de l'homme d'Église, prédicateur et écrivain français Bossuet.
Sommaire
Présentation
La pratique de l'oraison funèbre remonte à l'antiquité, elle devient un genre littéraire au seizième siècle, principalement après la mort d'Henri IV. Au dix-septième siècle où écrit Bossuet, elle est généralement constituées de quatre élément:
- la déploration, visant à créer une profonde émotion collective.
- l'éloge du défunt, parfois délicat dans le cas de personnages comme Le Tellier.
- l'instruction des fidèles.
- enfin, une place est accordée à l'actualité.
Bossuet n'appréciait guère ce travail, mais il ne pouvait pas toujours échapper aux sollicitations. Il nous reste aujourd'hui dix oraisons funèbres de sa plume, dont trois sont particulièrement célèbres, celles d'Henriette de France, de sa fille Henriette d'Angleterre, et de la Princesse Palatine. Ces Oraisons funèbres font mention, souvent de manière détournée, de toutes les controverses religieuses de l'époque. (le jansénisme, le courant libertin,...) Les thèmes les plus souvent repris par l'écrivain sont la Providence divine, l'orgueil humain, la conversion, et surtout la mort. Ces thèmes sont illustrés par les personnages dont Bossuet retrace l'existence: ainsi l'oraison funèbre d'Henriette de France comprend un tableau historique de la révolution anglaise, tandis que les portraits de Condé ou de la princesse Palatine multiplient les références politiques ou les récits de bataille.
Résumé des principales oraisons funèbres de Bossuet
Oraison funèbre d'Henriette de France
Exorde. Dieu instruit les rois non seulement à travers les Écritures mais aussi à travers les événements du monde. Bossuet invite l’assistance à considérer la vie mouvementée de la Reine d'Angleterre.
Premier point: la vie heureuse. Rappel de la naissance illustre de la reine et de son mariage avec Charles Ier d'Angleterre. Générosité et charité de la reine, son dévouement pour l’Église catholique. Elle a permis de réconcilier la France et l'Angleterre.
Deuxième point (bien plus développé): les malheurs qui ont frappé la reine. Bossuet en rend responsable la Révolution anglaise et surtout la Réforme et sa "fureur de disputer des choses divines sans fin, sans règle, et sans soumission." Le roi a été victime d'une révolte suscitée par un intriguant: portrait de Cromwell. Bossuet insiste sur l'admirable courage de la reine dans les épreuves qu'elle a traversées. Rappel de son exil et de sa misère en France. Elle ne vivait que pour Dieu.
Péroraison: sa mort laisse de nombreux regrets. Bossuet forme le vœu que ces terribles événements ne se reproduisent plus, et que la reine connaisse la félicité éternelle.
Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre (Madame)
Exorde. La vie de la princesse témoigne du néant et de la grandeur de l'homme.
Premier point: "ce qu'une mort soudaine lui a ravi". La mort frappe tous les hommes, sans tenir compte de leur statut social. La princesse était de très haute naissance et d'une grande valeur personnelle. Mais la mort a tout emporté. Premier récit, pathétique, de la mort de Madame. Cette jeune princesse, qui laissait entrevoir de grandes espérances, n'est plus qu'"un cadavre, non, pas même un cadavre, mais un je ne sais quoi qui n'a de nom dans aucune langue."
Deuxième point: "ce qu'une mort soudaine lui a donné". On ne peut juger un homme que selon son rapport avec Dieu. Madame est un témoignage de l'action divine. Dieu lui a donné à la fois une grâce de conversion qui l'a amenée à la foi catholique, et la grâce de persévérer dans sa foi. Deuxième récit, mystique, de sa mort.
Péroraison. Bossuet exalte la sagesse de Dieu, qui a guidé la princesse toute sa vie.
Oraison funèbre de la Princesse palatine
Exorde. Même les hommes les plus éloignés de Dieu peuvent et doivent se convertir:"Mon discours, dont vous vous croyez peut-être les juges, vous jugera au dernier jour."
Premier point: la princesse dans l'ignorance de la foi. Sa naissance, son enfance paisible dans les couvents. Sa jeunesse dissipée, ses intrigues, son éloignement de Dieu: dénonciation des incroyants.
Deuxième point: la conversion. Intervention de Dieu pour assurer son salut. Un songe la convertit, un autre lui donne l'espérance du salut. Éloge de sa vie pénitente: sa charité, sa constance dans les épreuves, sa foi dans l'amour de Dieu.
Péroraison. Bossuet invite chacun à ouvrir son cœur à Dieu et évoque le Jugement dernier.
Notes et références
Bibliographie
"Œuvres", édition de l’abbé B. Vélat et Yvonne Champaillé, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961.
"Bossuet", par Jean Calvet, Hatier, 1968.
"La prédication de Bossuet", par Jacques Truchet, Cerf, 1960.
Wikimedia Foundation. 2010.