Berlingot DOP

Mis au point en 1933 pour les coiffeurs, le shampooing Dopal de L'Oréal connaîtra une envolée une fois lancé, sous la forme du berlingot DOP, pour le grand public. Ce fameux berlingot, dessiné par Vasarely, fut réalisé en 1952 par Roland de la Poype.

L'inventeur

Roland de La Poype, cet as de l’aviation, se révèle industriel et inventeur de génie. Il monte, dès le mois de mai 1947, sa première usine. Il opte pour les matières plastiques, "c'était l'avenir" dit-il. Il fabrique des tuyaux puis, sur la base de ce savoir-faire, des emballages perdus. Fondateur de la société Prépac (devenue DuPont Liquid Packaging Systems), il fut l’un des promoteurs du sachet souple en matières plastiques, dans lequel on conditionne des liquides et semi-pâteux. Mais cet emballage écologique car ultra léger, qui a un succès mondial dans plus de 110 pays, n’a jamais conquis le marché de l'eau de source car combattu en France par la bouteille, indétrônable. Prépac obtint toutefois un "oscar de l'emballage" vers 1960.

Roland de la Poype fut ainsi un acteur majeur de l'industrie de l'emballage et du conditionnement, mais aussi inventeur de la Méhari grâce à l’ABS, un polymère résistant, teinté dans la masse et facile à mettre en œuvre.

Le Berlingot

C’est ainsi qu’il crée le berlingot de shampooing Dop. Conçus à l'origine pour servir d'échantillons, ces berlingots permirent à l’Oréal de vendre le shampooing en doses individuelles et seront fabriqués pendant plus de 25 ans. «80 millions de doses la deuxième année», dit-il, pour l'Oréal.

Ce produit minuscule illustrait toute la modernité : dessiné par un artiste, encouragé par la promotion de l’hygiène, porté par une publicité fracassante, fruit coloré de la chimie, pionnier de l’emballage nomade (on l’emmène, individuellement, où l’on veut), en PVC souple… Il a la forme d’un très petit oreiller transparent en plastique brillant, deux à trois centimètres au carré, rempli d’un shampooing bleu, vert, jaune, rouge, violet. Dodu, semblable à une friandise, il se vendait à l’unité ou en chapelets multicolores.

L’amorce de déchirure ménagée dans la soudure, était souvent inopérante avec les mains mouillées et exigeait d’y mettre les dents, à défaut de ciseaux, afin de couper un angle pour libérer le produit par pression.

Anecdotes

• Le PDG du groupe l’OREAL lui-même, Lindsay Owen-Jones, ne manque pas une occasion de rappeler qu'il a débuté dans le groupe en plaçant des berlingots de shampooing Dop aux établissements de bains-douches du Cotentin ! (L'Express, 12/06/2003)
• Quand la marque DOP s’élargit au début du XXI^e siècle avec une gamme de gels douche, l’agence Dragon Rouge n’hésite pas à confirmer la lignée du berlingot historique Dop. Le flacon, qui fait désormais la taille d’une main, reprend le volume carré et joufflu, facile à prendre en main ; il est décliné en couleurs douces et muni d’un bouchon placé dans un coin.
• Retrouvez toute la saga du « petit Rodolphe » qui incarnera la marque DOP jusqu’en 1958 et les « journées des enfants propres » sur [1]
• Parmi les utilisations inattendues de ce shampooing, pour rouler avec du fioul domestique dans un moteur diesel, il suffisait de mettre un berlingot DOP dans un plein et la couleur rouge devenait blanche voire crémeuse...

Bibliographie

• Claudine CHEVREL, Béatrice CORNET, « Grain de beauté. Un siècle de beauté vu par la publicité », Paris, Somogy éd. d'art / Bibl. Forney, 1993
• Jean-Jacques Urvoy, Sophie Sanchez, « Packaging - Toutes les étapes du concept au consommateur », Eyrolles, 2007 éd. d’Organisation

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