- Maurice Feferman
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Maurice (Mordka) Feferman, né le 19 décembre 1921 à Varsovie en Pologne et mort le 10 mai 1942 à Paris, est membre des Bataillons de la Jeunesse et résistant FTP-MOI.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Il a deux ans quand ses parents fuient le régime de dictature antisémite de Pologne pour s’installer à Paris. Extrêmement doué, il rêve de devenir journaliste et poète, mais les circonstances l’obligent à rentrer dans la vie active. Il poursuit néanmoins parallèlement ses études à l'Université ouvrière installée dans les modestes locaux de la Maison des Syndicats de la Région parisienne, au 8 Avenue Mathurin-Moreau, près de la place Combat (actuellement place du Colonel Fabien, Paris 19ème). Il suit en particulier les cours dispensés par Georges Politzer pour la philosophie, Jean Bruhat pour l'histoire, Georges Cogniot pour la littérature.
La Seconde Guerre mondiale
Lorsque la guerre éclate, il travaille chez Hispano-Suiza à Colombes. Il est domicilié chez ses parents, artisans fourreurs, rue Poulet (Paris 18ème). Au moment où les troupes allemandes envahissent la France, l’usine est évacuée et Maurice Feferman part en province. Il revient rapidement à Paris, pour prendre contact avec les premiers éléments de la Résistance. Arrêté le 26 septembre 1940 pour distribution de tracts et collage d’affiches, il est incarcéré successivement à la prison de Fresnes, puis à celle de la Santé pour être envoyé au camp de Pithiviers (45), d’où il s’évade.
Militant extrêmement actif, plusieurs faits d’armes lui sont attribués. Ainsi, sans exhaustivité, en compagnie du jeune Pierre Georges (dit « Colonel Fabien »), Samuel (Smulz) Tyszelman, et d’Elie Wallach, il s’empare des premiers vingt-cinq kilos de dynamite que se procurera la Résistance et qui serviront à la fabrication de bombes. D’autres vols d'explosifs auront lieu, par exemple en novembre 1941 dans une carrière entre Creil et Chantilly.
En décembre 1941, il participe au sabotage de câbles au croisement des routes du Bourget et de Gonesse (banlieues parisiennes).
Le 19 septembre 1941, il lance des bouteilles d’essence et des cocktails Molotov contre le garage de l’armée allemande situé au 21 boulevard Pershing (Paris 17ème).
Le 21 novembre 1941, en compagnie de Maurice Le Berre, de Pierre Georges, et de Marcel Bourdarias, il lance des bombes incendiaires dans les vitrines de la librairie collaborationniste Rive gauche rue Victor Cousin (Paris 5ème).
Il exécute l'officier Allemand Kercher, boulevard Magenta (Paris 10ème) le 2 décembre 1941.
Il lance des explosifs contre l'hôtel Imperator au 70 rue Beaubourg (Paris 3ème), le 14 décembre 1941.
Le 3 janvier 1942, il échange plusieurs coups de feu dans une permanence du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, 11 rue de la Procession (Paris 15ème).
Le 9 mai 1942, vers 18h40 au square Montholon (Paris 9ème), Maurice Feferman et Maurice Feld, sur le point d'être arrêtés par les inspecteurs Gaston Barrachin et Pontet, des Brigades Spéciales (1ère section de la BS 2), qui les filaient depuis des mois, ripostent par des coups de feu au moment d’être appréhendés. Maurice Feld est blessé à la jambe, il est immédiatement arrêté et sera fusillé le 22 août 1942. Maurice Feferman est grièvement blessé mais il réussit à prendre la fuite. Les policiers (aidés par des passants) le rattrapent rue des Petites Ecuries (Paris 10ème). Réalisant qu'il ne peut leur échapper, il avale un cachet de cyanure en criant « Vive le communisme ! Vive la France !» et il se tire la dernière balle de son pistolet 6,35 dans la tête, pour ne pas se livrer. Transporté à l’Hôtel Dieu, il y décèdera le lendemain matin. Il est enterré au cimetière de Bagneux (92).
« Mort pour la France », il sera décoré à titre posthume de la médaille Militaire, de la médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre.
Deux plaques commémoratives sont visibles au 58 rue des Petites Ecuries (Paris 10ème) et au 12 rue Poulet (Paris 18ème).
Bibliographie
- Le sang des communistes - les Bataillons de la Jeunesse dans la lutte armée Automne 1941, J.-M . Berliere et F. Liaigre.
- Une jeune fille en guerre, Maroussia Naïtchenko ed. Imago (ISBN 9782911416828).
- Les Bataillons de la Jeunesse, Albert Ouzoulias.
- Deux petites filles juives dans la tourmente nazie, Paul Sechter.
- Les lieux de la Résistance à Paris, éditions Parigramme (ISBN 9782840964315).
- La Résistance organisée des juifs en France, Jacques Ravine ed. Julliard.
- Héros juifs de la résistance française, David Damiant.
- Combattants héros & martyrs de la résistance, David Damiant.
- Au Stand de Tir, le massacre des résistants Paris 1942-1944, Adam Rayski.
- Le livre des otages : la politique des otages menée par les autorités allemandes d'occupation en France de 1941 à 1943, Serge Klarsfeld.
- La Résistance communiste en France, 1940-1945 : mémorial aux martyrs communistes, Pierre Maury.
- Les 1007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs, Serge Klarsfeld, Léon Tsevery.
- Debout, partisans !, Claude Angèli et Paul Gillet.
- Histoire de la Résistance en France, de 1940 à 1945, Henri Noguères, Marcel Degliame-Fouché, Jean- Louis Vigier.
- Le procès de la Maison de la chimie, 7 au 14 avril 1942 : contribution à l'histoire des débuts de la Résistance armée en France, André Rossel-Kirschen.
Filmographie
La Traque de l’Affiche Rouge (2007), documentaire de Jorge Amat avec Denis Peschanski.
Extrait de Paris-Fantômes, un film de Ruth Zylberman sur les plaques commémoratives de Paris.
http://www.youtube.com/watch?v=-enovyUbRIMQuelques poèmes (janvier 1942)
Le bonheur ! L’avenir ! C’est pour ça camarades
Que, dans ce sol dur, sont étendus vos corps.
Mais pourtant malgré eux, vous restez les plus forts.
C’est vous qui nous dites : il est assez de larmes,
Séchez vos yeux, assez de pleurs et de sanglots.
La douleur doit redresser le front plus haut
Pensez à la vengeance. Il faut prendre les armes !
Oui, frères vous avez raison, cent fois raison.
Il n’est plus temps de larmoyer, il faut se battre.
Etre digne de vous, c'est passer à l'action,
C'est répondre à l’appel, c’est lutter, c'est combattre.
En gros flocons
d’épais coton,
La neige blanche
Couvre les toits.
Verse le froid en avalanche
Et vient le soir.
Brille miroir
Ne se reflète
Sur le sol dur
Un ciel trop pur.
La mort nous guette
Tout est gelé
Tout est glacé,
Et la froidure
Happe la nuit
Sans même le bruit
De sa morsure
Mais déchirant
Se lève un vent
Qui plainte vaine
Arrache un cri
A ce qui vit
Du jour le point,
N’apporte point
La délivrance.
Le matin clair,
Ne charge l'air
Que de souffranceCatégorie :- Résistant français
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