- Le Vanneur
-
Le Vanneur de Jean-François Millet (Paris, Musée d’Orsay) est un tableau exposé au Salon de 1848, dans la grande salle, pour souligner l’actualité de son sujet.
En 1846, en effet, la chaleur et la sécheresse avaient eu pour conséquence une récolte désastreuse de grains dans toute l’Europe. Des inondations de la Loire et du Rhône avaient ravagé sept départements. De graves difficultés financières suivirent, entraînant l’effondrement de la production industrielle et donc des licenciements, des grèves. L’opposition avait décidé d’exploiter le mécontentement en organisant une campagne en faveur de réformes, au moyen de banquets. A Paris, un banquet est interdit ; une rixe oppose alors la foule et des soldats, ceux-ci tirent et tuent 16 personnes dont les cadavres sont promenés toute la nuit sur un chariot éclairé par des torches. Au matin des placards appellent à la révolution et des insurgés s’emparent de l’Hôtel de Ville. Le roi abdique et la République est proclamée.
Sur le tableau, dans une grange sombre où l’on ne distingue que quelques objets, un tonneau, des sacs, une échelle, Millet place la figure monumentale d’un paysan qui occupe la quasi-totalité du tableau. Celui-ci, habillé très pauvrement, pieds nus dans des sabots, est occupé à secouer du blé pour le nettoyer au moyen d’une corbeille en osier - un van. Toute la dureté de son travail est montrée par son corps tendu, arqué. Le tableau est peint dans des tonalités sombres, éclairé uniquement par les tons dorés de la poussière du van et de la paille au sol. Il n’y a que quelques touches de couleurs sur le costume du paysan, bleu du pantalon, rouge des genouillères, jaune des liens. Millet ne peint pas un tableau de genre, ni une scène misérabiliste, mais il donne une vision réaliste et en même temps symbolique de la vie paysanne, de sa dureté, mais aussi de sa grandeur. Ce tableau séduit les sympathisants républicains. Th. Gautier : «Ce tableau a tout ce qu’il faut pour horripiler les bourgeois…. Il est impossible de voir quelque chose de plus rugueux, de plus farouche, de plus hérissé, de plus inculte…. Et bien, ce mortier est d’un ton fin et chaud …..Ce vanneur se cambre de la façon la plus magistrale. » F. de Lagenevais : « L’indécision de la forme, le ton terreux et pulvérulent du coloris, conviennent à merveille au sujet. »
Le tableau est acheté par le gouvernement de la république à un prix élevé qui permet à Millet de s’installer à Barbizon. Il en existe deux autres versions, l’une au musée du Louvre et l’autre à la National Gallery de Londres.
Cette façon de représenter la noblesse du travail a inspiré d’autres artistes, par exemple :
- Gustave Courbet : Les Cribleuses – 1855- musée de Nantes
- Honoré Daumier : La Blanchisseuse – 1863- musée d’Orsay
Catégories :- Tableau de Jean-François Millet
- Œuvre conservée au Musée d'Orsay
Wikimedia Foundation. 2010.