Lahidj

Lahidj

40° 51′ 11″ N 48° 23′ 35″ E / 40.853056, 48.393056

Vue de Lahidj en 2010

Le village de Lahidj (aussi orthographié Lagich, Lahich, ou Lahic) se trouve dans la région d’Ismayilli[1] de la République d’Azerbaïdjan, sur le versant sud de la chaîne de montagnes de Grand Caucase. Il se situe à 1211 m d'altitude[2], sur la rive gauche de Girdmantchay, au pied de la montagne de Niyal. Lahidj est une unité administrative d’autogestion et possède sa propre municipalité. La population est de 943 habitants en 2010[3].

Sommaire

Population

La majorité de la population de Lahidj est composée du peuple Lahidji parlant la même langue[4] qui appartient à la famille des langues iraniennes. Les habitants de Lahidj sont bilingues – à l’instar de leur langue maternelle, ils utilisent largement la langue azerbaïdjanaise.

Architecture

Lahidj est un exemple original de l’architecture et de l’urbanisation en Azerbaïdjan. Les rues et les places sont revêtus de pierre, le système de canalisation et d’approvisionnement en eau potable est très développé, dans ce village qui a préservé son image médiévale, se trouve l’une des plus anciennes canalisations du monde[5]. Toutes les maisons de Lahidj sont bâties en pierre taillée.

Historique

Depuis des siècles, les habitants de Lahidj étaient composés d’artisans produisant des armes, des pots et vaisselles, ainsi que d’autres objets en métal. Ce n’est pas le hasard que Lahidj soit connu comme un centre célèbre de commerce artisanal dans tout le Caucase et au-delà ses frontières. Le village est également réputé pour ses armes blanches avec des ornements de gravure et d’objets en cuivre. Le développement de l’artisanat a laissé une trace spécifique dans la vie quotidienne des habitants et dans la forme du village.

Le développement de la production de cuivre a contribué à la création de nouveaux métiers tels que ferblantier, forgeron ainsi que le développement de la production du charbon[6].

Une partie importante du patrimoine immatériel du village est faite de particularités locales de l’Islam, de traditions et de coutumes liées aux croyances préislamiques des habitants de Lahidj, des cérémonies, des fêtes et célébrations, ainsi que la communication avec les autres cultures et religions qui les entourent. Lahidj est un lieu d’habitation unique avec sa planification, sa structure, ses immeubles privés et publics, ses voies de communication et ses sites religieux.

Lahidj est l’un des plus anciens sites d’habitation sur le territoire azerbaïdjanais. Plusieurs légendes existent quant aux origines des Lahidjis, dont l’une évoque qu’ils viennent de Lahidjan (province de Gilan) en Iran. L’orientaliste V. Minorski estimait que la situation géographique de Lahidj actuel correspondait à celle de la principauté de Layzan dont le nom est cité dans les sources du IV siècle. Les Lahidjis font partie du peuple Tat de l’Azerbaïdjan appartenant aux groupes ethniques de la famille iranienne. Les Tats ont été déplacés par les Sassanides au IV siècles dans les régions environnantes de la mer Caspienne de l’Azerbaïdjan pour faire face aux attaques des nomades en provenance de Derbent[7].

Le shah perse Key-Khosrov Sassanide le I a tué le roi voisin et pour éviter la vengeance, il s’est caché au nord, où il a consacré le reste de sa vie à la prière. Cet homme ayant exilé de son pays, a été enterré dans un autre pays, au pied de Niyaldagh, au bord de la rivière. Son monument a été érigé sur sa tombe où il a été inscrit « Key Khosrov I ». Les serviteurs du shah ont fondé un village près de sa tombe. La plupart de ces hommes étant originaires de la région de Lahidjan en Iran (province de Gilan), ils ont appelé leur village Lahidj.

La production des objets en cuivre est réalisée principalement dans les ateliers de « Misger Bazari » (rue des Bricoliers). Cet endroit est également appelé Aghali. Les objets en cuivre sont vendus directement dans les ateliers.

A la fin du XIXe siècle, le nombre des ateliers avait diminué en raison des objets produits à coût bas dans des fabriques en Russie. A l’instar de la production de cuivre, ce fait a également touché la forgerie, le traitement de cuir et l’armurier.

Malgré la diminution de la production de cuivre, les ateliers ont gardé à ce jour leur structure et des équipements, leur design traditionnel et le processus de travail comme dans les temps anciens. Même de nos jours, le processus de la fonte du cuivre, de coulage dans les formes, de forgeage et la pratique d’application des ornements se font à l’ancienne.

Les sources écrites[8],[9] confirment l'existence de plus de 80 types d'ustensiles en cuivre appartenant à la riche collection de Lahidj qui sont exposés dans des musées de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, de la Russie et de l’Europe. La plupart des objets en cuivre de Lahidj sont d’étain avec des ornements décoratifs. Ce travail est habituellement réalisé par des artisans graveurs appelés – hakkak. Les objets en cuivre fabriqués à Lahidj, étaient demandés non seulement en Azerbaïdjan, mais aussi dans tout le Caucase, ainsi qu’au Proche-Orient et en Asie Mineure.

Selon une légende, la couronne (Chapka de Monomakh) du Prince de Kiev Vladimir Monomakh, ayant vécu au 12e siècle, serait également préparée à Lahidj.

La tapisserie est également très développée à Lahidj. Au milieu du XX siècle, un atelier de tissage de tapis a été créé ici. Les tisserands et les peintres se servent avec une grande créativité des motifs utilisés par les artisans bricoleurs, les forgerons et les bijoutiers. Les tapis de Lahidj sont rapidement devenus célèbres grâce à leur haute qualité artistique et sont considérés comme produit important d’exportation. Ils sont extrêmement beaux et se distinguent par leur large éventail de couleurs et sont fortement demandés sur le marché mondial[réf. nécessaire].

La mise en place et le développement de la tapisserie à Lahidj ont entraîné d’importants changements économiques et familiaux. L’importance du travail des femmes a connu une telle augmentation, que cela a conduit à l’élimination de l’inégalité entre les hommes et les femmes[10].

Le développement de la production artisanale et les différences sociales ont eu un impact majeur sur la structure de la construction des bâtiments dans ce village. La structure préservée du village jusqu’à nos jours nous permet de faire une analyse sur sa structure planifiée.

Quartiers et habitations

Lahidj se divise en trois quartiers [11]:

  1. Baadvan,
  2. Azavarro,
  3. Aragird.

Aragird est le quartier le plus riche et se trouve plus haut, au pied de la montagne. Auparavant ce quartier était peuplé de commerçants. Ils achetaient leurs produits aux artisans– des assiettes, des bols, des casseroles etc. Ils employaient des jeunes du quartier de Baadvan comme charvadar (vendeurs). Ces vendeurs distribuaient la marchandise en cuivre dans des bazars.

Les artisans bricoliers, les forgerons, les selliers et les cordonniers vivaient à Azavarro. La division en deux d’un village comme Lahidj est typique pour les autres villages d’Azerbaïdjan, du Caucase en général et d’Asie centrale. A Lahidj, les quartiers sont divisés selon les activités professionnelles de leurs habitants.

Le village de Lahidj s’étend tout au long de la rivière de Girdmantchay, sur 2 km. Chaque quartier a sa place centrale, sa mosquée, son hammam et son cimetière. Malgré les relations commerciales et artisanales très étroites entre les quartiers, le village a su préserver son originalité et sa structure et n’a pas connu de changements importants. A ce jour, les places jouent un rôle social important. Elles sont toujours le lieu principal où se réunissent les habitants pour discuter des problèmes domestiques et économiques.

Les maisons à Lahidj ont une technique architecturale particulière mélangée de pierre traditionnelle et de bois pour faire face aux tremblements de terre que la région a souvent connu. Cette technique permet d’éviter de dégâts importants lors des séismes.

Pour sa vue extérieure, Lahidj est une petite ville avec de pavé mosaïque et en pierre plate. De ce point de vue, les maisons traditionnelles de Lahidj attirent une attention particulière.

La structure des maisons à Lahidj est liée à la production domestique et à l’économie locale. Par exemple, les ateliers de nombreux artisans bricoliers et de forgerons sont attachés à leurs maisons, ayant une entrée de l'atelier vers la cour.

Les anciennes maisons ont été préservées jusqu’à nos jours. Durant les années passées, aucun changement majeur n’a eu lieu dans la planification de Lahidj. Faute de terrain libre, les nouvelles maisons sont souvent construites à la place des anciennes.

Les maisons d’habitation ont certaines caractéristiques particulières qui témoignent d’une culture d’habitat et de ménage très élevée. Dans les rues centrales, les rez-de-chaussées des maisons sont destinés aux ateliers et boutiques de commerce.

Les niches de différentes tailles sont gravées dans les murs à l’intérieur des maisons. Sur ces étagères sont rangés des vaisselles décoratives et d’autres ustensiles. Les Lahidjis et les Azerbaïdjanais ont vécu longtemps ensemble et c’est la raison pour laquelle, ils ont de nombreux points communs sur le plan culturel, économique et dans la vie quotidienne.

Afin de préserver la forme unique du lieu d’habitation, l’utilisation de pierre de carrière et de briques sont interdites dans la construction. C’est pour cette raison que même les nouvelles constructions ne se distinguent pas de l’ensemble du village.

Artisanat

Depuis des siècles, l’un des métiers développés à l’instar du traitement du métal est celui du cordonnier et maroquinier. Aujourd’hui, le quartier de Zavarro est également appelé le quartier des cordonniers. Leurs maisons et leurs ateliers se trouvent tout au long de la rivière Darel-Iya. Les articles Maroc de maroquiniers de Lahidj sont considérés comme l’un des meilleurs dans le Caucase du Sud.

Les maroquiniers de Lahidj préparaient le chagrin, le yuft (cuir russe) et les maroquineries qui étaient utilisés avec un grand goût par les cordonniers pour la production de chaussures, de ceintures, de pièces en cuir, de reliures de livre et de brides. Autres métiers, tels que la fabrication de selles, de chaussures, de chapeaux et manteaux en peau de mouton ont émergés avec l'évolution du traitement du cuir.

Patrimoine culturel

Le développement du tourisme international suscite un intérêt croissant pour la diversité culturelle et le potentiel créatif de l’homme. Lahidj a attiré l’attention de nombreux touristes dans le monde. Le village a été introduit dans les itinéraires de plusieurs agences de voyage en Azerbaïdjan. Le patrimoine culturel de Lahidj est centralisé dans le musée ethnographique du village.

L’intérêt des pays pour le patrimoine historique et actuel de Lahidj, contribue à dévoiler pleinement son patrimoine culturel immatériel et conduit au développement du potentiel créatif de l'homme. En décembre 2009, une exposition intitulée «Bienvenue à Lahidj» a été ouverte au Centre Culturel «Palais des pionniers» à Ljubljana (en Slovénie). Un film réalisé dans le cadre du projet «Jeunesse et médias» par la photographe Vesna Krnivech a été présenté lors de cette cérémonie. Ce projet prévoyait une présentation des photos et vidéos réalisées par des jeunes et qui reflétaient la préservation du patrimoine culturel de Lahidj. Le but de cette exposition était d’informer les habitants de Ljubljana et de Slovénie en général sur Lahidj.

De films réalisés sur Lahidj et ses habitants ont été présentés dans des festivals internationaux de cinéma. Le film «Amanat» («Souvenir») réalisé en 2006 par Shamil Najafzada parle de la culture unique des Lahidjis et de problèmes actuels du village[12].

Le film «Rythmes de Lahidj» du réalisateur Fariz Ahmadov (2008) a été introduit aux programmes de compétition du festival de cinéma Irpen (en Ukraine) et du 39e festival international de Roshd en Iran. Ce film a obtenu un prix et un diplôme au festival des films touristiques «Turfilm-Riga 2009»[13], auquel participait des films réalisés dans 18 pays.

L’Etat et la communauté de Lahidj font de grands efforts pour préserver et développer le patrimoine culturel unique, l’art appliqué, l’organisation traditionnelle de la production artisanale, ainsi que les relations intra et intercommunautaires de Lahidj.

Il faut souligner qu’à l’époque de l’URSS, les autorités de la RSS d’Azerbaïdjan avaient entrepris des mesures afin de protéger Lahidj. Le 23 décembre 1980, Lahidj a été déclaré la réserve historique et culturelle par décret du Cabinet des Ministres de la RSS d’Azerbaïdjan[14]. Le 18 mai 1981, son statut a été approuvé.

Le décret du Président de la République d’Azerbaïdjan du 16 septembre 1992 sur « le soutien de l’Etat au développement des langues et de la culture des minorités ethniques et la protection des droits des minorités vivant en Azerbaïdjan », joue un rôle fondamental dans la réalisation de programmes destinés à la préservation et au développement du patrimoine culturel des habitants de Lahidj.

Certes, les mesures prises au niveau de l'État ont permis de préserver l'aspect authentique de Lahidj et ont conduit à développer la production artisanale unique du village.

Lahidj a toujours attiré l’attention des écrivains, des scientifiques et des artistes[réf. nécessaire]. Les habitants du village consentissent également beaucoup d’efforts pour étudier le patrimoine culturel de Lahidj et des Lahidjis. En 1994, Manaf Suleymanov, écrivain et journaliste originaire du village, a publié son livre intitulé « Les tableaux ethnographiques de Lahidj ». Agha Mehdiyev, peintre originaire de Lahidj, a consacré de nombreux tableaux aux paysages et aux beautés créés par l’Homme.

L’intérêt des chercheurs pour l’héritage de Lahidj a toujours été grand. Beaucoup de chercheurs azerbaïdjanais et étranger ont fait de recherches sur ce village unique[réf. nécessaire].

Il n’est pas le fruit du hasard que les objets produits par les artisans de Lahidj au XIXe siècle aient obtenu de nombreux grands prix dans des compétitions locales et internationales. En 1850, lors de l’exposition des produits de la Transcaucasie, les objets préparés par Mammad Gadiri, artisan de Lahidj, ont obtenu un prix spécial.

Les artisans de Lahidj ont obtenu un grand succès lors de l’Exposition internationale de Vienne en 1873. Dans un journal local, il était écrit ainsi : « Le village de Lahidj, de la région de Shamakhi, est célèbre depuis des siècles pour ses objets en cuivre préparés avec un grand goût et l’exposition de Vienne est une belle occasion pour préserver et promouvoir cette collection de vaisselles. Les assiettes, les tasses, les bols sont extrêmement beaux, spécifiques et des œuvres parfaites dans leur genre. Toutes ces vaisselles sont décorées avec de motifs riches et fins »[15].

Ainsi, l’artisanat de Lahidj prouve l’ancienneté de la tradition de l’art appliqué et de la culture décorative en Azerbaïdjan. Les objets en cuivre préparés par des Lahidjis sont protégés dans différents musées du monde. Un plat de cuivre préparé à Lahidj est préservé au Musée du Louvre dans la collection des œuvres d’art azerbaïdjanais. Au musée de Bern, il y a des exemples d’armes à feu et d’armes blanches d’Azerbaïdjan, parmi lesquelles, un fusil, une épée et une dague aux ornements riches et aux incrustations au bois réalisées par les artisans de Lahidj. De nombreux objets préparés à Lahidj sont préservés au musée d’Ethnographie de Russie (Saint-Pétersbourg) et au musée des Peuples de l’Orient (Moscou). Une grande collection d’œuvres et d’objets en cuivre réalisés à Lahidj est déposée au Musée National de l’Histoire d’Azerbaïdjan[16].

Notes et références

  1. Recensement de la République d’Azerbaïdjan 2009. 1er tome – Bakou, Comité d’Etat de la Statistique de la République d’Azerbaïdjan, 2010. P. 123
  2. Alizadé A.A. Lahidj – village des artisans (recherche ethnographique de la mode de vie actuelle). Tbilisi, 1986. P. 6
  3. world-gazetteer
  4. Miller B.V. Les tats, leurs installation et parlers (matériaux et questions). Bakou, 1929
  5. Bretanitskiy L.S., Mamikonov L.G., Revazov U.B. Lahidj (à la question de la structure de planification de la ville avec sa spécificité de production) – Ethnographie soviétique No 3, 1964. P. 129
  6. Guliyev, G., Taghizadeh N. Metal et métiers. Bakou, 1968, (en Russe)
  7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tats
  8. Evetskiy O. Revue statistique de la région de Transcaucasie. Saint-Pétersbourg, 1835
  9. Legkobitov V. Province de Chirvan. – Revue des parcelles de la Russie au delà du Caucase. II publication. Saint-Pétersbourg, 1836
  10. Alizadeh A., Traditions familiales de Lahidj / Collection ethnographique azerbaïdjanaise. Vol. V, Bakou, 1983, (en Russe)
  11. Afandiyev M.G. Village de Lahidj du district Goytchay de la province de Bakou. – RMDLTC (Recueil des matériaux de la description des localités et tribus de Caucase) XXMX publication, Tiflis, 1901. P. 55
  12. Alizadé D. L’art ancien des chaudronniers de Lahidj en risque de disparition. – Journal « Echo » No 19 (1008), mardi, 1er Février 2005
  13. http://rus.baku-art.com/index.php
  14. Alizadé A.A. Lahidj – village des artisans (recherche ethnographique de la mode de vie actuelle). Tbilisi, 1986. P. 5-6
  15. «Documents de la Société d’agriculture du Caucase», Tiflis, 1873
  16. Afandi R. Exemples du métier azerbaïdjanais dans les musées d’Europe. – Journal « Gobustan », printemps 1969

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lahidj de Wikipédia en français (auteurs)

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