- La Grande Déculturation
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La Grande Déculturation est un essai politique rédigé par l'écrivain Renaud Camus. Il fut publié en 2008 chez Fayard. Dans cet écrit l'auteur dénonce l'abaissement général du niveau culturel de la population française alors que certaines élites soutiennent au contraire qu'elle ne s'est jamais aussi bien portée. L'auteur expose également le caractère inégalitaire de la culture, après avoir fait une analyse sémantique de cette dernière.
Citations
- Je crois comprendre ce que voulait dire Catherine Clément, et je ne suis pas loin de penser comme elle - ce qui ne me met pas dans une situation très facile pour me lamenter comme je le fais ici, malgré tout, sur la culture et son peu enviable destin. Disons qu’un des maux qui se sont abattus sur elle, et qui menacent de l’achever, c’est que voyagent sous son nom et se produisent à travers le monde, avec grand succès, sous son identité, toute sorte d’hypostases, d’ersatz et d’ectoplasmes qui, par le bruit qu’ils font et par le train qu’ils mènent, donnent au public l’illusion qu’elle ne s’est jamais portée si bien, alors que nous la voyons agoniser sous nos yeux.
- Ceux qui prétendent combiner culture et égalité, éducation et égalité, et introduire l’égalité ou seulement de l’égalité dans la culture ou l’éducation, s’abusent eux-mêmes ou abusent les autres, ou les deux, car il y a une incompatibilité radicale, fondamentale, insurmontable, entre ces domaines, ces champs ou ces valeurs. L’égalité est aussi absente de la culture qu’elle l’est de la nature. Les plus belles proclamations ne peuvent que reconnaître, ou imposer, ou prétendre imposer, une égalité en droit ou une égalité de droits ; et cette attitude est un héroïque, un magnifique défi à tout ce qui s’observe dans la nature et entre les hommes. […] L’égalité est une contrainte que s’imposent à grand mal certaines civilisations, en général contre leurs plus anciennes traditions et contre leurs instincts.
- Donnez moi vos enfants, dit le système aux parents de tous les milieux. Peu importe qu’ils soient riches ou pauvres, que vous-mêmes soyez cultivés ou incultes : j’en ferai des petits bourgeois prolétarisés comme tout le monde, ignorants, sans usage, sans syntaxe, bien-pensants, antiracistes et bien intégrés.
- En cette débâcle il n’y a d’espoir pour la culture que de nature beckettienne, à la Oh les beaux jours : un espoir contre tout espoir, pure volonté désespérée de continuer pour continuer, de persévérer dans l’être en dépit de toute raison, parce que chaque jour gagné est une éternité, chaque petite victoire une négation du pire, et qu’il n’y a d’alternative qu’entre cette obstination et la mort.
Catégories :- Essai de langue française
- Essai paru en 2008
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