- Jaro Hilbert
-
Jaro Hilbert (1897 - 1995) est un peintre, dessinateur et sculpteur français.
Sommaire
Biographie
1897
De parents tchèques Jaro Hilbert naît en Slovénie. Il est le cinquième enfant d'une famille qui en compte neuf. Ingénieur des Ponts-et-chaussées, intelligent et cultivé, le père incarne l'image du pater familias. On ne parle pas à table. Jamais un signe de tendresse envers les enfants, jamais un mot à leur endroit sauf pour gronder et punir. Mais la mère apporte un peu de douceur. Elle est jolie, enjouée, impulsive et soumise. Jaro Hilbert sait dès seize ans qu'il sera peintre. Il peint en cachette. Mobilisé à la fin de ses études secondaires, Jaro Hilbert connaît en première ligne et jusqu'au 1918, les horreurs de la Grande Guerre. Combattant malgré lui dans les rangs autrichiens, il se refuse à donner la mort et marche au feu avec les troupes d'attaque sans cartouche et sans grenade. Il est un jour l'un des sept survivants de son unité, ce qui lui donne droit à une médaille d'argent et à une dérisoire pension. Epreuve indélébile qui ne contribue pas peu à forger « 1e caractère » de Jaro Hilbert. Il a traversé l'enfer en opposant aux forces de destruction et de mort le pouvoir tranquille d'un certain mysticisme slave et la ferveur de vivre qui marqueront plus tard sa peinture.
1919 à 1926
Jaro Hilbert fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Prague. Il ne mettra jamais les pieds à l'école d'architecture de Ljubljana où son père l'a inscrit d'autorité en 1919. Le père coupe évidemment les vivres au fils fantasque et se radoucit lorsque Jaro est reçu troisième aux Beaux-Arts sur 400 candidats (et seulement 22 admis par le jury).
Mais Jaro Hilbert refuse fièrement l'aide de son père. Dures années cependant, dans la Prague des années 20, lorsqu'il faut choisir entre manger ou acheter des toiles et des couleurs. 1925 Première exposition à Ljubljana. Les années 1923, 24, 25 sont marquées par des deuils familiaux et la mort du père en 1926.
Un collectionneur achète vingt-cinq toiles de l'exposition de Ljubljana. Ce modeste pactole permet à Jaro Hilbert de réaliser son rêve d'adolescence : partir pour l'Égypte, la terre des Pharaons, remonter le cours du Nil. Oublier le malheur qui, ces dernières années, l'a accablé. 1926 RENAITRE
La lumière d’Égypte éblouit et inquiète Jaro Hilbert. Durant ses premières années au Caire, il regarde fasciné, voyage et engrange de fabuleuses impressions. Pourtant sa peinture reste tourmentée, dure, angoissée. Elle passe par une forme d'expression surréaliste, âpre et douloureuse qui confronte les souvenirs de l'Europe désertée à la lumière parfois impitoyable et cruelle de l'Égypte. Le Créateur des Pyramides, l'Evadé, les Condamnés, La Madone marquent entre 1927 et 1931 une étape fondamentale de la recherche de Jaro Hilbert, une sorte de période métaphysique dont il se libère rapidement pour trouver le dépouillement, la simplicité, l'authenticité qui ne cesseront plus ensuite de caractériser sa vision des paysages et des êtres.
1933
La rencontre avec Sharko, sa femme, sa compagne de cinquante années n'est pas étrangère à ce retour à la réalité, à la nature et à l'exaltation de la vie sensible.
1939-1962 Les années égyptiennes sont fécondes, ponctuées d'expositions, de voyages, notamment en Palestine, terre biblique qui inspire à Jaro Hilbert ses visions d'une humanité primordiale accordée à l'âpreté de la nature éternelle, comme en témoignent « La Cène » ou « Les Haleurs ». Beaucoup de tableaux de cette époque expriment une beauté mystique, une spiritualité que le peintre avoue n'avoir jamais respirées nulle part ailleurs, mieux que devant la majesté et l'angoisse du désert.
La Deuxième Guerre mondiale et celle du Proche-Orient en 1948 assombrissent la palette de Jaro Hilbert avant que la lumière n'éclate à nouveau dans les paysages tels que celui de la Mosquée de Marsa Matrouh en 1960. En 1959, il décore de vingt toiles l'église de Bardanoha en Haute-Égypte. Jaro Hilbert abandonne Égypte pour la France. Il s'installe à Ville-d'Avray, le village de Corot. Il a soixante-cinq ans. L'âge de la retraite pour les gens ordinaires, ne fait qu'inaugurer pour lui l'aube d'une nouvelle carrière, d'une nouvelle jeunesse. Dans les premiers temps, la peinture d'Hilbert retrouve le gris et même le noir comme si l'œil ébloui par la lumière d'Orient avait de la peine à s'acclimater aux couleurs parfois sombres des jours d'Ile-de-France.
Pourtant Jaro Hilbert ne tarde pas à renouer avec l'extraordinaire bonheur de peindre qu'exprime au fil des années la succession de dizaines d'ouvres : Paysages de Ville-d'Avray, Paysages de France, Maisons d'ici et d'ailleurs, Paris, Sologne, Touraine, Pays-de-Loire, etc.
1962 à 1995
On dirait alors qu'il s'installe dans une espèce d'éternité de la peinture concrétisée par la subtilité du jeu des ombres et de lumière, la perfection du dessin et du modelé, la science des volumes, le raffinement des couleurs, etc.
Vingt-deux expositions à L’Orangerie de Ville-d'Avray et dans de nombreuses villes de France. Des expositions à Montreux, Londres, à Krsko (sa ville natale), en Allemagne, à Toronto, au Canada. En 1976, la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris lui fut décernée.
En 1987, Jaro Hilbert célèbre ses quatre-vingt-dix ans et soixante-dix années de peinture.
Il est un maître totalement indépendant qui a toujours ignoré les écoles et les coteries. Pas par orgueil ou par mépris, simplement parce qu'il n'a jamais pensé à rien d'autre qu'à la peinture, avec l'intransigeance de l'artiste authentique.
Alerte et actif jusque dans ses dernières années, Jaro Hilbert s’éteint le 1er mars 1995.
Notes et références
Lien externe
Catégorie :- Peintre français du XXe siècle
Wikimedia Foundation. 2010.