- Esther Carpentier
-
Esther Carpentier (1790 ?-1870 ?) est une colporteuse, évangéliste, prédicante baptiste française.
Biographie
D’origine protestante, elle connaît une conversion "nouvelle naissance" vers 1825 à Hargicourt (Somme), où elle réside alors. En compagnie de Marie Delattre, elle est baptisée par immersion par le pasteur baptiste Théophile Poulain dans l'Église baptiste de Reumont (Nord)[1].
Acquise à la cause du baptisme, elle devient colporteuse, “porte-balle” évangéliste dans la vallée de l’Oise et dans la Somme dans les années 1820-1850. Basée pendant un temps à Manicamp (Aisne), elle parle volontiers “de son Saint Livre, ainsi que du salut gratuit qu’il annonce aux pauvres pécheurs perdus"[2] et s'acquiert une réputation de prédicante protestante. Femme hors-normes, elle a préparé "le terrain pour l'Eglise de demain", selon l'expression de Pierre Lestringant[3].
Dotée d’un tempérament peu commun et d’une constitution vigoureuse, elle a laissé une très forte marque dans la mémoire baptiste française, et contribué à l'implantation des premières communautés le long de la vallée de l'Oise (Chauny, Compiègne, La Fère).
On dispose à son sujet de plusieurs témoignages directs, en particulier des pasteurs baptistes français Jean-Baptiste Cretin, Aimé Cadot, Jean-Baptiste Pruvot. L'historien Sébastien Fath, dans un chapitre non publié du tome 2 de sa thèse de doctorat EPHE (1998), cite aussi un compte-rendu missionnaire publié aux États-Unis par Mrs Ada C. Chaplin, qui évoque en détail la figure d'Esther Carpentier. Elle y est présentée comme un exemple d'abnégation dans l'évangélisation[4].
« Compensant son peu d’instruction par un tempérament exceptionnel, elle eut un rayonnement dépassant parfois les cercles baptistes, puisqu’elle eut l’occasion de rencontrer la duchesse d’Orléans »[5]. Elle a donné son nom à un centre d'accueil (CHRS, Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale) basé à Compiègne, et géré par l'ABEJ-Coquerel[6]. Figure oubliée des "protestantes françaises" qui osent la parole publique depuis le début du XIXe siècle[7], Esther Carpentier s'inscrit dans une tradition baptiste locale marquée aussi, au début du XXe siècle, par l'impact de Madeleine Blocher-Saillens, première femme pasteur du protestantisme français (dès 1929).
Références
- (Jean-Baptiste Pruvot, Journal d’un pasteur protestant au XIXe siècle, Lille, Presses du Septentrion, 1996, p. 62
- Aimé Cadot, Notes et récits sur les origines des églises baptistes du Nord de la France et de la Belgique et sur quelques uns des ouvriers de cette oeuvre, Mont sur Marchienne, Imprimerie Évangélique, 1907, p.8.
- Pierre Lestringant, Visage du protestantisme français, Tournon, Cahiers du Réveil, 1959, p.205.
- Mrs Ada C.Chaplin, Early sowers in “The white field of France”, Boston, Woman’s Baptist Missionary Society, 1881.
- Sébastien Fath, Les baptistes en France (1810-1950), Faits, dates et documents, Cléon d'Andran, 2002, p.1209.
- Centre Esther Carpentier). Voir le site du CEC (
- Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle. Les protestantes françaises, 1810-1960, Paris, Les éditions de Paris Max Chaleil, 2003.
Catégories :- Personnalité baptiste
- Personnalité protestante française
Wikimedia Foundation. 2010.