Christian Globensky

Christian Globensky est un artiste français, né au Canada.

Biographie

Christian Globensky, Corbeilles Alphabétiques, 1996, tirage numérique, boîte en aluminium, peinture en bombe, 24x23x6cm, 24 exemplaires, épreuve de l'artiste. ©Christian Globensky

Né au Canada, Christian Globensky a débuté ses études de premier cycle en Arts plastiques à l’Université Laval, à Québec, puis a simultanément suivi le cursus de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et le troisième cycle l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Artiste et Docteur en Arts et Sciences de l’Art, il travaille à Paris dans son atelier baptisé : Keep Talking Agency. Il enseigne la pratique et la théorie des arts multimédias à l’École Supérieure d’Art de Lorraine (l’ÉSAL/site Metz) où il dirige le LabVIES (Volume • Interactivité • Espace • Scénographie), le laboratoire de recherche sur les interactions multimédias qu'il a créé en 2000. Plasticien multimédia travaillant à partir des pratiques de l’installation et des interactions multimédias (vidéo, son image et texte), il a présenté son travail dans de nombreux Centres d’art contemporain en France et à l’étranger. Il a participé à de nombreux festivals vidéo et a reçu plusieurs soutiens à la création, notamment du Conseil des arts et des lettres du Québec (Canada) et de la Délégation aux arts plastiques (France). Il a notamment accompli une résidence à New Delhi, en Inde, dans l’un des ateliers de l’AFAA. Il est aussi directeur artistique de l’agence de conception de dispositifs scénographiques interactifs, Interface Design Création, où il exerce des activités de commissariat et de scénographie d’expositions multimédias.

Œuvres

Christian Globensky, L'image tue, 2011, paquet de cigarettes modifié, 25 exemplaires numérotés et signés. ©Christian Globensky

Auteur d’une approche conceptuelle et plastique très exigeante, Christian Globensky travaille sur les analogies révélatrices entre le langage, les formes plastiques et les structures d’adaptation au monde médiatique et/ou politique. Cette recherche qui interroge la notion d’immunologie, c’est-à-dire la manière dont on absorbe le monde et dont on s’en protège, passe par une pluralité de moyens tant plastiques comme à travers l’installation interactive Immunosphère (2007-2010) ou le multiple L’Image tue (2011), œuvres qui portent sur l’appropriation de l’espace physique et celui de l’information afin d’éteindre sa nuisance et nous en renforcer, que textuels comme le livre Au cœur du langage (en cours) qui porte sur la naissance des concepts ancestraux véhiculés par le langage (dieu, jour, nuit, père, etc.) et la mise en évidence de la nécessité de les réadapter au monde contemporain.

Christian Globensky et Tom Mays, Immunosphère, 2010, projection vidéo en boucle, installation interactive, écran de 3 mètres de base. (Vue d'installation lors de l'exposition "Le pire n’est jamais certain", Metz, Église Saint-Pierre-aux-Nonnains, production Césarès). ©Christian Globensky

Travaillant à partir des pratiques de l’installation et des interactions multimédias, Christian Globensky utilise vidéo, son, image et texte, les associant souvent. Dans sa petite série de mantra vidéos, très dense, La force de faire ça (2004), il s’appuie sur l’étymologie sanscrite du mot « mantra », donnant à ces vidéos l’idée qu’elles « protègeront votre esprit ». C’est bien l’intention qui est à l’œuvre ici, non pas thérapeutique, mais immunitaire. Christian Globensky mène ainsi différentes recherches sur le rôle de l’artiste comme immunologue de la conscience au sein d’une humanité augmentée. Son installation interactive Immunosphère, qui implique la participation active du spectateur, met en jeu un montage d’images vidéo, de textes et de sons, alternant perpétuellement l’échelle du paysage à celle du portrait. Un tapis de danse délimite la zone d’isolement, sorte de bulle interactive à l’intérieur de laquelle le visiteur peut établir un dialogue de gestes avec les sons, les images vidéo et les textes ; gestes qui sont captés par une webcam suspendue au-dessus des têtes des spectateurs comme un satellite de nos vies quotidiennes. Pour autant, cette volonté d’abolir certaines frontières, d’interroger les processus de mondialisation, ne correspond absolument pas à cette fascination envers la technologie qu’il est si fréquent de le rencontrer chez les artistes contemporains. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder et écouter Immunosphère. Le spectateur est dans une bulle, une sphère immunologique dont il construit l’identité par sa façon de bouger, de s’approprier l’espace, mais aussi de s’en différencier. C’est l’une des questions posées par ce travail : jusqu’où peut-on absorber le monde et de quelle manière s’en protège-t-on ?

Le travail entrepris avec la série de photographies des Habitations individuelles (2010) consiste à créer une banque de donnée d’image des structures d’habitation afin de nourrir un répertoire multimédias afin démontrer que les normes de construction de ces habitations (d’isolation, d’énergie renouvelable, etc.) peuvent métaphoriquement être comparées à nos propre mécanismes d’adaptation au monde. Partant de l’idée que le « local » se confronte toujours au « global », ou pour le dire autrement, que la mondialisation contemporaine se mesure et se qualifie à l’aune de la sphère privée de l’individu, cette recherche s’inscrit donc dans une démarche d’art et de création durable, par laquelle les réalisations des artistes d’aujourd’hui peuvent et doivent avoir une incidence à long terme sur notre monde globalisé.

Christian Globensky, Valise Paradis, 2004, installation interactive et portative, 3 exemplaires, 35x31x12cm (chacune), collection de l'artiste. ©Christian Globensky

À cette banque de données d’images photographique et vidéographique, s’ajoute une large production de dessins, tels qu’ils se présentent dans la série de dessins Avec ou sans (2010), qui interroge l’exercice de la citoyenneté confrontée à la société de l’information. Ou encore dans la série de dessins, Portraits synonymes (2010), qui questionne l’exercice de la laïcité dans le débat politique occidental : quelle position peut-on aujourd’hui adopter pour être, en quelque sorte, par-delà haine et tolérance ? La question de la haine, de l’animosité, en un mot, du ressentiment n’est pas nouvelle. Comment trouver le courage pour créer un lointain duquel aucun prochain ne sera exclu ? Si la thématique de notre adaptabilité au monde est au centre de cette recherche, du point de vue d’une immunologie psychique, il n’est reste pas moins que notre attitude empathique à l’autre et au monde motive ce travail. C’est tout un ensemble de postures d’artiste citoyen, de passeur d’opinions, qui interroge l’art comme une création durable.

Critiques

« Ce livre [C. Globensky, Zarathoustra-Bouddha, vers un lexique commun, Paris, L’Harmattan, 2004] me choque sans doute moins qu'il ne choquera ses lecteurs. (…) L’ouvrage de Christian Globensky est en effet provocateur et il suscitera des réactions aussi bien chez les disciples et spécialistes de Nietzsche que chez les adorateurs du Bouddha. L’auteur tente en effet une relecture de ses deux personnages d'importance qui les rapproche et les mène à agir dans le même sens. Son propos est convaincant et séduisant. Les liens qu'il établit entre Zarathoustra et Bouddha, entre Shiva et Dionysos sont loin d'être de vagues spéculations destinées à servir son raisonnement et il da sans doute pas tort quand il rappelle que les prêtres et les philosophes ont voilé et gauchi l'interprétation de Nietzsche et de Bouddha, et se sont faits les artisans du mensonge. Pour lui, les deux hommes ont avant tout voulu créer le surhumain. Entendons part là qu'ils ont voulu transformer ce monde trop humain et le rendre un peu moins stupide en le débarrassant des liens qui étreignent les individus et les empêchent de s'épanouir. Nietzsche et Bouddha sont bien des libérateurs. On pourra certes arguer que la réflexion de Nietzsche sur l'Orient s'intègre dans le courant qui a traversé la pensée romantique allemande pour aboutir à la vision du monde comme représentation et comme chose en soi chez Schopenhauer, mais il est bien que le livre de Christian Globensky ne s'embarrasse pas d'une érudition qui arrondirait trop les angles de son raisonnement. […] » T. L’Aminot, Études Jean-Jacques Rousseau ^[1]

Christian Globensky, Mort parce que bête, 2009, Peinture sur toile, 3 toiles, 60x60x4cm (chacune), collection de l'artiste. ©Christian Globensky

Christian Globensky, VidéoArtPub, 2010, série de 6 vidéos, couleur, son, 5mm57sec, diffusion sur tablette tactile, collection de l'artiste. (Vue de l'installation lors de l'exposition "Un X Deux", Galerie Jeune Création, Paris, juillet 2011. ©Christian Globensky

« Les vidéos de Christian Globensky fonctionnent tel des haïkus grinçants, sur l'une d'elles Jimi Hendrix accordant sa guitare lors du concert de Nouvel An au Filmore East prononce ces paroles : “Happy new year ! J'espère qu'on en aura encore un ou deux millions de plus, enfin si on survit à cet été” ; puis une phrase apparaît à l'écran : “Jimi Hendrix décédera la veille de la fin du solstice d'été.” » Francine Flandrin, lesvanitescontemporaines.over-blog.com ^[2]

« Tel est encore le cas de Globensky, qui, arguant de la surchage des signes et des informations pour élever la fameuse “corbeille” du macintosh au rang de mètre étalon de nos sociétés cybernétiques, entend mettre le spectateur à l’épreuve de son propre moi divisé par cette inflation de signes. Poignées, boutons, organes de commande des outils viennent prolonger et surdimensionner automatiquement notre corps et notre perception. C’est au fond l’image de notre domestication qui nous est ici renvoyée. » Nobert Hilaire, Art press^[3]

« Dès lors invité à la métaphore d’un geste (par une rampe, une touche de clavier), le visiteur se mesure à lui-même de manière un peu cuisante. Car il y a là, comme quand Globensky travaille avec la vidéo dans la structure du message télévisé (pub, clip, spot) l’idée d’une distance à soi-même, menace banale au creux de quoi se construise le désire comme l’identité des egos modernes. » Christophe Domino, Artsenal^[4]

« Un bus orange avance sur l’avenue Robert Schuman. Dans le mouvement, la phrase apposée par Globensky se lit comme un avertissement : “Alerte aux pays des merveilles”. Même tronquée par la vitesse du bus qui poursuit sa route dans Metz, elle appelle le passant. Attention, trésors. » Frédérique Roussel, Libération^[5]

Vidéographie

2011 VidéoArtPub (6), citation vidéo, couleur, son, 8 min 27 s, diffusion sur tablette tactile

2010 Your private sky, vidéo, couleur, son, 5 min 20 s, diffusion sur internet

2009 Remake without them, vidéo projection, couleur, son, 8 min 27 s, écran de 2 mètres de base

2008 Au pays de la Culture, vidéo couleur, son, 5 min 20 s, diffusion sur internet

2008 Immunosphère 2, vidéo couleur, son, 3 min 13 s, diffusion sur internet

2008 L’ami que je n’ai pas connu, vidéo couleur, son, 10 min 47 s, écran de 2 mètres de base

2007 Immunosphère, projection vidéo en boucle, installation interactive, écran de 3 mètres de base

2007 La force de faire ça, projection vidéo, couleur, son, 3 min 47 s, écran de 2 mètres de base

2006 Valises paradis (le film), projection vidéo, couleur, son, 4 min 7 s, écran de 2 mètres de base

2005 Trimantra, vidéo, couleur, son, 5 min 32 s, diffusion sur trois moniteurs côte à côte

2001 L’intention, vidéo couleur, son, 2 min 30 s, diffusion sur moniteur

1996 Colonnes combinées, vidéo, couleur, son, 4 min 32 s, deux moniteurs disposés dos à dos

1992 Combinded bed, vidéo, couleur, son, 4 min 32 s, deux moniteurs disposés dos à dos

1992 Art pour le Dîner 2, vidéo, couleur, son, 10 min, diffusion sur moniteur

1991 Art pour le Dîner, vidéo, couleur, son, 15 min, diffusion sur moniteur

Discographie

2006 « No painting on the wall », CD audio LowTechno, CTP Music, Paris

2005 « Paradise », CD audio LowTechno, CTP Music, Paris

2001 « Cd-trash », CD audio LowTechno, CTP Music, Paris

2000 « Son@rt », édité par Jacques Donguy avec le concours du CDN, Paris

1998-2004 « Star Rounds », 3 CD audio musique alternative, CTP Music, Paris

Publications

2012 Au cœur du langage, livre à paraitre

2012 « Dispositifs immersifs et immunologiques », Indécence de l’art, Rennes, PUR

2011 « L’Empathie, au risque du numérique », La revue du Cube, Issy-les-Moulineaux

2011 « L’expérience des catastrophes », (en collaboration avec Thierry Hesse), Colloque international Le pire n’est jamais certain, au Centre Pompidou Metz, organisé par le Cérap et ÉSAL, Paris, Klincksieck,

2008 « Immunosphère », Dispositifs, Architecture et Scénographie, revue Le Salon 1, direction Sally Bonn et Alain Leduc, Metz, éditions ÉSAL

2007 « Hasard quantique en scène », Arts et nouvelles technologies, Colloque international à l’Université Paul Verlaine de Metz, Paris, l’Harmattan

2005 « Héroïsme quotidien », Jeunisme 2, catalogue FRAC Champagne-Ardenne, Reims

2004 Reste et ressentiment, catalogue/dossier de recherche, Metz, éditions ÉSAL

2004 Zarathoustra/Bouddha, Vers un lexique commun, Paris, l’Harmattan, coll. La philosophie en commun

2002 « Être libre de tout ressentiment », Le Nouvel Observateur, Hors-série n48, Paris

2001 « Interfaces », Médiagraphie, Metz, éditions de l’ÉSAL, coll. En Quête 1

1999 « L’écrit multimédias », La Mazarine, automne/septembre, Paris, éditions du treize mars

1999 « Dernier homme et Surhumanité », Le Monde des Débats, n48

1999 « Millénaires hybrides», La Mazarine, hivers/décembre, Paris, éditions du treize mars

1998 L’être ImmédiaS ; Méthode générale de création développée en une succession de structures abstraites liant des médiums différents entre eux (thèse de doctorat), Lille, Presse Universitaire du Septentrion

1998 « L’information artificielle », Doc(k)s à lire, Paris, Akenaton

1995 « Chorégraphie cybernétique », Nov’Art n°15, nov. 94 - jan. 95, Paris

1995 « Warhol & Gould : do it yourself », L'œuvre en X, CÉRAP, Paris, La Sorbonne

1991 « De l’Interactivité Virtuelle et Effective », Les Cahiers du Circav, Lille, Université de Lille 3

Références

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