- Chapelle du château de Pont-l'Abbé
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Chapelle du château de Pont-L'abbé
Reconstitution (vue d'artiste) de la chapelle par Ducrest de Villeneuve (1893).Présentation Culte Catholique romain Type Chapelle castrale Rattaché à (édifice détruit) Début de la construction XIVe siècle Architecte(s) inconnu Style(s) dominant(s) Ecole de Pont-Croix Géographie Pays France Région Bretagne Département Finistère Ville Pont-l'Abbé Coordonnées modifier La chapelle du château de Pont-L'Abbé, aujourd'hui détruite, était située à Pont-l'Abbé, en Bretagne.
D'un point de vue administratif, elle était située dans le département du Finistère, arrondissement de Quimper. D'un point de vue ethnographique, elle était située dans le Pays Bigouden, en Basse-Cornouaille (ancien évêché de Quimper).
Cette chapelle castrale, mal connue et pauvrement mentionnée dans la littérature, tire l'un de ses principaux intérêts de ses liens avec le style dit de l'Ecole de Pont-Croix.
Sommaire
Fondation et contexte
La chapelle du château de Pont-l'Abbé fut fondée par Hervé III, baron du Pont, et cette fondation sera officialisée par son fils Hervé IV, comme l'atteste un document ancien daté du le 3 septembre 1372 et conservé aux Archives départementales du Finistère (15H5) :
- "[Nous, Hervé IV,] eussions fait édifier une chapelle dedans nostre chastel de Pont-l'Abbé en ladite diocèse de Cornouaille en l'honneur de Dieu, de la benoite Vierge Marie et de tous les Saincts et Sainctes du Paradis, et par spécial de Monseigneur saint Thudy".
Ducrest (1893) précise aussi qu'Hervé du Pont fonda à la même époque, en citant, "l'aumônerie" dite de Saint-Jean, qui fut établie "avec hospital sur voûtes et piliers au-dessus de la mer". Le Moigne (2001) donne 1351 comme date de la fondation de cet hôpital.
Le Moigne (2001) indique 1340 comme date de fondation effective de la chapelle par Hervé III. Couffon (1988) indique que la Chapelle Saint-Tudy, chapelle du château, aurait été fondée la veille des saints Pierre & Paul en 1350. Hélas, les documents sur lesquels s'appuient ces dates ne sont pas mentionnés. Une chose est certaine, la chapellenie, et donc la chapelle en tant que bâtiment, existait en 1350 puisqu'Hervé III a fait une donation à celle-ci à cette date (attestée par un document des Archives départementales).
Rappelons qu'Hervé IV fonda également Notre-Dame des Carmes, en 1383. Si la date de fondation est proche de 1372, ces trois édifices (chapelle Saint-Tudy, chapelle Saint-Jean, église Notre-Dame des Carmes) seraient sinon grossièrement contemporains du moins édifiés dans un intervalle assez resserré.
Autres indices et mentions anciennes
Ducrest (1893) a publié une reconstitution du château de Pont-L'abbé sur lequel on peut voir la chapelle castrale. Si l'allure de la chapelle elle-même est une "vision d'artiste", le plan global du château et l'emplacement de sa chapelle n'en est pas une mais une reconstitution à partir des traces urbaines restantes (qui étaient plus évidentes à l'époque qu'elles ne le sont maintenant) et, citons, "d'après d'anciens documents et un ancien plan fort grossier" (sans plus de précision mais il s'agit probablement de l'ancien plan des Archives départementales, cf.).
Ritalongi (1893), commentant la reconstitution graphique du château de Pont-l'Abbé par Ducrest de Villeneuve, écrit :
- "On peut voir dans la cour d'une maison de la rue du Château, que j'ai longtemps habitée, deux piliers qu'on dit être ceux de la porte d'entrée de la Chapelle de St-Tudy. L'emplacement de la chapelle est profané par une écurie. Cette église était en ruine en 1597."
Abgrall (1917) dans un article à propos d'une visite de Pont-L'abbé écrit ceci :
- "[au sortir du château] Passons maintenant sur le quai, prenons à droite la rue Louis-Pasteur, et entrons dans la cour de l'Hôtel des Voyageurs. Au fond nous trouvons, formant les montants d'une cloison latérale d'une écurie, une série de trois piles en pierres composées de faisceaux de colonnettes, reposant sur des bases moulurées et feuillagées et mesurant, somme fûts, 2 mètres 20 de hauteur. Ce sont les colonnes de l'ancienne chapelle du château, de la chapelle de Monsieur Saint Tudy, fondée par Hervé III du Pont en 1373. Ont-elles été rapportées en cet endroit, ou plutôt ne sont-elles pas à leur place primitive ? C'est ce qui paraît le plus probable, vu leur espacement à peu près régulier : 3 m 60 et 3 m 80 d'axe en axe, ce qui nous fixerait sur l'emplacement exact de cet édifice, qui correspond en effet avec le tracé de l'ancien plan cavalier donné par M. du Crest de Villeneuve, dans "Paysages et Monuments de Bretagne" de Robuchon."
Cet auteur ne mentionne pas explicitement le terme d'École de Pont-Croix (c'est habituel chez cet ancien auteur, il reconnaît l'unité de ce groupe d'édifices mais n'utilise jamais ce terme pour le désigner) ni ne se réfère à aucun autre édifice stylistiquement proche, ce qui ne permet pas de trancher avec certitude sur le style de l'édifice. Sa description est néanmoins tout à fait compatible avec ce style.
A noter que la rue du Château mentionnée par Ritalongi et la rue Louis-Pasteur (qui n'existait évidemment pas encore sous ce nom à l'époque de Ritalongi) mentionnée par Abgrall sont proches parallèles, la cour intérieure peut donc être considérée depuis une façade ou depuis l'autre, il s'agit bien de la même cour, d'ailleurs la mention de l'écurie le confirme. Ce qui est curieux c'est que Ritalongi signale deux piliers et Abgrall trois...
Pérennes (1928) mentionne brièvement les "restes de la chapelle de Saint-Jean du château de Pont-l'Abbé" comme se rattachant à l'Ecole de Pont-Croix (qu'il dénomme "Ecole du Cap Sizun et du Cap Caval") mais sans aucune description de l'édifice.
Ces mentions sont apparemment les seules qui évoquent cet édifice détruit et oublié en le rattachant possiblement à l'Ecole de Pont-Croix. Ce rattachement peut donc être mis en doute et ces documents doivent être confrontés avec les données de terrain.
A noter que le vieux château des barons du Pont, mutilé, est aujourd'hui l'hôtel de ville de Pont-l'Abbé.
Les traces sur place
Hélas, les choses ont bien changé depuis la visite d'Abgrall en 1917...
L'Hôtel des Voyageurs est devenu une agence immobilière avec au-dessus quelques appartements privés. L'ancienne cour, dont il est question dans les textes susmentionnés, existe toujours (propriété privée) mais l'écurie d'autrefois a subi de sérieuses modifications et le béton armé a remplacé les piliers d'alors...
Des garages à voitures occupent maintenant le fond de la cour. Les piliers, à l'époque où ils étaient en place, se trouvaient à peu près sur la ligne des actuels poteaux de béton (d'après un témoin visuel des anciens piliers). Les actuels garages correspondent probablement, grossièrement, à l'emplacement de l'ancienne nef, car un reste de pavage ancien est présent dans le box de droite, et l'orientation est-ouest est à peu près respectée. Les piliers restés en place devaient donc être le reste des grandes arcades sud de l'ancienne chapelle castrale.
Un pan de mur ancien, en appareil de moellons, est présent au fond des garages. Il n'est pas datable et n'est donc peut-être pas si ancien que cela. Bien que rien ne le prouve formellement, il est pas impossible que ce soit une partie du mur nord de l'ancienne chapelle. Comme arguments à l'appui de cette hypothèse, le fait qu'il soit parallèle aux anciennes arcades et la présence d'un beau pavage ancien à son pied, ce pavage en granit n'est lui non plus pas datable mais il est beaucoup trop luxueux pour une ancienne écurie..
Eléments dispersés ex situ
Il n'y a donc plus aucune trace sur place, et cela depuis plusieurs dizaines d'années, des piliers à colonnettes décrits par Abgrall. N'y aurait-il plus d'espoir de se faire une opinion sur la nature de cet édifice et son lien ou non avec L'Ecole de Pont-Croix ? Si ! car, par chance, la trace des piliers disparus peut être suivie jusque chez un particulier.
Neuf demi-tambours ont été sauvegardés. Ils sont tous identiques. Ils appartenaient à un pilier de faible section, polylobé, à huit colonnettes disposées en rosace. Un profil de pilier que l'on retrouve à l'identique dans de nombreux édifices de l'Ecole de Pont-Croix. De plus, la finesse de ces supports nous apprend que la chapelle n'était pas voûtée mais couverte de charpente, comme il est habituel pour les édifices se rattachant à ce style.
On peut donc, sans grand risque d'erreur, rattacher cette chapelle détruite à l'Ecole de Pont-Croix.
Cependant, Abgrall signalait la présence de trois piliers complets, avec leurs bases et leurs chapiteaux. Les éléments restants connus (9 demi-tambours d'environ 30 cm de haut) ne constituent même pas un fût complet et sont sans doute les parties d'un seul et même fût. Que sont devenus les autres vestiges des piliers ? Les informations manquent.
Quel nom pour cette chapelle ?
Abgrall et Pérennes la mentionne comme étant la chapelle du château, c'est fort possible car elle est actuellement à un jet de pierre de celui-ci et autrefois le château s'étendait beaucoup plus vers l'est (parties aujourd'hui rasées).
MAIS, Abgrall la nomme Chapelle Saint-Tudy alors que Pérennes la nomme Chapelle Saint-Jean.
Couffon (1988) répertorie ces deux noms dans sa liste des chapelles détruites de Pont-l'Abbé, en précisant :
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- Chapelle Saint-Jean : chapelle de l'hôpital des Carmes sur la rive droite.
- Chapelle Saint-Tudy : face au pont, chapelle du château, fondée la veille des saints Pierre & Paul en 1350, tombée en ruine en 1597.
La ruine de cette chapelle correspond à la ruine partielle du château et au semi-abandon de celui-ci par les barons du Pont après les guerres de la Ligue. Ceux-ci avaient en effet pris le parti huguenot et le château fut pris après un siège en 1590 (décrit par le chanoine Moreau). Les fondations de la chapelle (au sens des revenus ecclésiastiques du terme, pas au sens architectural...) furent alors transférées en 1597 au couvent des Carmes, cet apport financier permettra une campagne de travaux à Notre-Dames des Carmes.
Il s'agit donc probablement de la Chapelle Saint-Tudy et non de la chapelle Saint-Jean.
A noter que Ritalongi (1894) signale que les pierres de la chapelle Saint-Jean furent utilisées pour restaurer le quai qui tombait en ruine.
A propos de la datation
Comme il a été mentionné plus haut, l'édification de cette chapelle castrale peut être fixée dans un intervalle relativement étroit (1350-1372).
L'église voisine de Pont-l'Abbé, d'un point de vue géographique et historique, Notre-Dame des Carmes, également fondée par Hervé IV, est de la fin du XIVe siècle mais c'est un édifice tardif dont la construction s'étendra sur le début du XVe siècle, un édifice influencé par l'Ecole de Pont-Croix plus qu'un véritable témoignage de ce style.
Or la datation des édifices de l'Ecole de Pont-Croix est difficile et incertaine, d'où l'intérêt qu'il y aurait à retrouver quelques éléments supplémentaires de cette chapelle, en particulier, des chapiteaux, des bases de fûts et des archivoltes, mêmes fragmentaires, afin de mieux préciser ses rapports stylistiques et chronologiques avec l'Ecole de Pont-Croix.
Références bibliographiques
- Abgrall J.-M. (1917), Excursion d'étude à Pont-l'Abbé, in Bull. Société Archéologique du Finistère 44: 153-173.
- Chatelier P. du & Ducrest de Villeneuve E. (1893), Paysages et Monuments de Bretagne, 14°-24° livraisons.
- Couffon R. (posthume) & Le Bars A. (1988), Nouveau Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et Léon, ed. Association Diocésaine de Quimper + addenda & corrigenda (1993)
- Le Moigne G. (2002), Le château de Pont-l'Abbé, in Bull. Société Archéologique du Finistère 131: 184-215.
- Moreau J. (vers 1600), Histoire de ce qui s'est passé en Bretagne durant les guerres de la Ligue et particulièrement dans le diocèse de Quimper.
- Pérennès H. (1928), Notre-Dame de Penhors, Notice, ed. Bargain, Quimper : 65 pp.
- Ritalongi G.P. de (1894), Les Bigoudens, ed. Libaros, Nantes : 545 pp.
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