- Baron Émile d’Erlanger
-
Émile d'Erlanger
Frédéric Emile d'Erlanger (1832-1911) est l'un des banquiers les plus en vue sur la place financière de Paris dans la deuxième partie du XIXe siècle, dominée par les banques d'affaires familiales françaises, à une époque où les grandes banques commerciales font tout juste leur apparition.
Il est considéré comme l'inventeur des emprunts à haut-risque sur les pays en voie de développement, les ancêtres des junk bonds, qui vont se multiplier sur la place parisienne jusqu'à la tragédie des emprunts russes. Parmi eux, des emprunts sur le coton américain, le Bey Tunisien ou le Tunnel du Simplon.
La banque qu'il fonde à Paris et qui détient une filiale à Londres organise en 1865 la souscription de "l'emprunt Erlanger", permettant aux épargnants de se faire rembourser en coton du sud des Etats-Unis, à l'époque de la guerre de Sécession, sous réserve que les Etats confédérés du Sud l'emporte. Ce pari était rémunéré par un taux d'intérêt, relativement élevé pour l'époque, de 7% par an[1]. L'emprunt était aussi négociable à Londres[2].
Pendant la Guerre de sécession, les États du Sud avaient organisé une rétention du coton, qui a propulsé les cours jusqu'à un record historique de 1,89 dollars par livre, toujours inégalé deux siècles plus tard. Cette hausse représentait une multiplication par vingt du cours en quelques mois, mais les industriels britanniques avaient eu le temps de constituer des stocks. En 1870, cinq ans après la fin de la guerre, le coton américain avait quasiment retrouvé son niveau de production et le pays restera leader mondial du coton jusqu'en 1931, comme il l'était depuis 1803. Mais les porteurs d'obligation ne furent jamais remboursés[3].
Au même moment, la Banque Erlanger a réalisé une autre opération d'envergure grâce aux fameux emprunts tunisiens de 1863 et 1865 lancés par le gouvernement tunisien, sous la direction du Premier ministre du Bey, Mustapha Khaznadar. Cette opération, par son échec imprévu, contribue à la ruine des finances tunisiennes et hâtent l’instauration du régime du Protectorat français[4].
La banque Erlanger a aussi financé en Suisse le percement en 1883 du tunnel du Simplon, reliant le Valais au Val d'Aoste, qui était à l'époque le plus important tunnel ferroviaire en Europe[5]. Familial, l'établissement a poursuivi son activité dans différents pays.
Marié à Marguerite Mathilde Slidell, de nationalité américaine (1842-1927), Emilé est le père d'Emile-Beaumont Erlanger(1866-1939), qui se fera nationaliser anglais en 1891, la banque opérant aussi à Londres[6] où il vit avec sa femme française, Kate de la Rochegult, dans la famille de Lord Byron, sur Piccadilly[7].
Emile-Beaumont remplacera son père à la présidence de la société des chemins de fer du Nord ainsi que du projet Chanel Tunnel Company (l'ancêtre d'Eurotunnel), tandis qu'un autre fils participera à la construction du chemin de fer reliant l'Afrique du Sud à la Zambie, avec l'homme d'affaires anglais Cecil Rhodes[8].
Le troisième fils du couple fut un peintre d'inspiration orientaliste et grand musicologue, le Baron d'Erlanger, qui a donné son nom à un palais de Tunis, par ailleurs connu par la remarquable somme musicologique la Musique arabe ouvrage de référence, en six tomes édité à Paris chez Paul Geuthner[9].
Notes et références
- ↑ http://mshistory.k12.ms.us/index.php?id=291
- ↑ http://www.jstor.org/pss/2566803
- ↑ http://mshistory.k12.ms.us/index.php?id=291
- ↑ http://2006.musiqat.com/ennejma.php
- ↑ http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,738882-2,00.html
- ↑ http://www.nationalarchives.gov.uk/nra/searches/subjectView.asp?ID=P7908
- ↑ http://www.geneawiki.com/index.php/Famille_de_Robert_d'Aqu%C3%A9ria_de_Rochegude
- ↑ http://books.google.fr/books?id=AnU5bZT7gRMC&pg=PA52&lpg=PA52&dq=BARON+Emile-Beaumont+d'ERLANGER&source=web&ots=m1MEURDAe0&sig=SxKojZyitIYUc8SpmOnC-U_TnOw&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=9&ct=result
- ↑ http://2006.musiqat.com/ennejma.php
Bibliographie
- Eugene R. Dattel, Mississippi History Now, Cotton in a Global Economy: Mississippi, 1800-1860.
- Channel Tunnel Visions, 1850-1945 De Keith M. Wilson
- Portail de la finance
- Portail de la France au XIXe siècle
Catégories : Banquier français | Personnalité française du XIXe siècle
Wikimedia Foundation. 2010.