Bareback

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Barebacking

Le barebacking, littéralement « chevauchée à cru », désigne la pratique de rapports sexuels non protégés, et par extension un courant polymorphe prônant le culte et la revendication de cette forme de pratique sexuelle, ainsi que le culte du sperme.

Née en tant que pratique revendiquée et voulue à l'intérieur d'une partie de la communauté gay américaine, cette pratique tend à se propager en Europe et trouve de plus en plus d'adeptes, à une époque où le SIDA fait encore des ravages. Aujourd'hui, ce phénomène est très présent en France et notamment chez les jeunes.

Sommaire

Les figures françaises du courant

Parmi les figures du mouvement homosexuel revendiquant publiquement cette pratique, on trouve Erik Rémès, auteur d'un livre conspué par une partie du public : Serial Fucker, journal d’un barebacker.

L'opposant le plus connu au bareback est Didier Lestrade, qui a consacré une partie de son essai The End à ce phénomène.

Quelques autres contributeurs et opposants au barebacking trouvent tribune active sur des sites internet à destination de communautés spécifiques, telles que la communauté hard et sadomasochiste : cette communauté est en effet très concernée car il existe communément une confusion de genres entre les pratiques hard et SM et la pratique du barebacking, pratiques qui ne sont pourtant absolument pas liées. Les plus actifs de ces contributeurs se regroupent désormais sous une bannière qui ne s'affiche plus simplement comme Safe-Sex mais ouvertement Anti-Bareback. Enfin, le portage de leur discours a donné naissance et transposé dans le langage courant (depuis 2005) l'expression désignant le concept de barebackers prosélytes.

Aspects du phénomène

Le barebacking consiste à avoir des relations sexuelles avec pénétrations anales ou vaginales non protégées par un préservatif, et avec un partenaire qui ne se protège pas non plus. Il est un acte voulu, assumé, revendiqué par un certain nombre d'homosexuels. Il n'existe pas à proprement parler de revendication en faveur du barebacking parmi les hétérosexuels. En 1987, lors d'une émission de Mireille Dumas, " Bas les masques ", a été présenté le témoignage d'une enseignante expliquant qu'elle était devenue séropositive après avoir eu sciemment des rapports non protégés avec son compagnon. Les relations non protégées semblent plus fréquentes chez les hétérosexuels que chez les homosexuels, probablement en raison d'un discours de prévention moins omniprésent qu'il ne l'est au sein de la communauté homosexuelle. Le mot bareback est employé dans la sous culture gay pour adapter les pratiques de sexe itinérant non protégées de cette communauté, et n'est en général pas emplyé pour désigner pas des relations au sein d'un couple. Diverses études ont recherché les causes qui amènent des individus à ne pas se protéger. Le relapse désigne les comportements sous l'emprise de stupéfiants, les négligences et oublis ; le barebacking représentera par opposition non seulement la pratique à risque mais aussi la culture et l'engagement de type politique (au sens action collective réfléchie et argumentée) pour justifier voire promouvoir les pratiques à risque[non neutre] (barebacking prosélyte). Aux Etats-Unis, au début de l'épidémie, le refus de la capote a été très fort dans les milieux homosexuels compte tenu des incertitudes sur la maladie. Aussi la règle de la responsabilité partagée s'est imposée de façon tacite. Les procès du sang contaminé et la judiciarisation des transmissions ont conduit les personnes revendiquant leurs pratiques sans capote en dépit des risques à s'adapter. Pour limiter la mise en cause pénale, la loi punissant les rapports à risques non " éclairés ", elles ont rendu leur pratique visible au lieu de la laisser tacite et restreinte au sein de la population gay. Le barebacker affiché a ainsi en théorie un statut clair, militant, irréprochable aux yeux de la justice, ce qui explique que le bareback est plus développé dans les pays qui pénalisent le sida (Etats-Unis) que dans ceux où la législation est restée inchangée sans création de délit spécifique au sida (France).[non neutre]L'origine du mot bareback ne doit pas laisser penser que le phénomène est une spécificité américaine.

Réactions

Le barebacking est condamné par les associations de lutte contre le SIDA, et la plupart des associations homosexuelles. Mais le sida touche en grande majorité les barebackers, et ils ont pour une bonne part d'entre-eux fui les associations qui les pointent comme mauvais exemple comportemental, c'est à dire que le milieu associatif préventif est aujourd'hui sans aucune prise et sans dialogue avec les personnes les plus concernées.[non neutre] D'où les refontes globales des politiques à suivre désormais, comme on observe aujourd'hui aux Etats-Unis. En France, la division et les revirements des stratégies des associations se révèlent par exemple dans le retrait de Didier Lestrade d'Act Up ou la désolidarisation de la plateforme préventive " Warning " qui se réoriente de la "prévention" pure vers un discours de gestion de la "Réduction du Risque", ce qui diffère largement sur l'objet et le but.

Juillet 2008 : ouverture du site avec forum, seronet, qui permet la visibilité des discussions entre séropositifs barebackers, et mise en ligne d'un atelier "santé" pour les barebackers, c'est à dire apparition publique d'une prévention prenant en compte le refus de la capote.[non neutre] Cette ouverture tardive de main tendue en France n'est pas la première dans les pays francophone, le site québecois serozero ayant déjà mis en ligne des discussions par le passé. Néanmoins, ce site émanant de Aides ne porte pas l'étiquette Aides, laquelle n'a jamais eu de forum par le passé et n'en a toujours pas dans son propre menu.

La polémique - Résumé

Face à l'épidémie de VIH/SIDA, les points de divergence des défenseurs et des opposants à cette pratique sont de plusieurs ordres.

  • Débats sur les restrictions de la liberté sexuelle, responsabilités individuelles et collectives[1]

Les barebackers soutiennent que le port de la « capote » les empêche d'être en érection et/ou nuit à la qualité des sensations. Ils associent aux pratiques non protégées le sentiment de se donner complètement à leur(s) partenaire(s), érotisent le rapport non protégé et développent souvent une fétichisation érotique du sperme. Ils considèrent que chacun est responsable de sa santé et libre de pratiquer la sexualité qu'il souhaite. Ils refusent l'association négative sexualité et maladie. Les opposants à cette pratique reprochent aux barebackers de promouvoir une conception dangereuse des relations sexuelles pouvant nuire à la santé et mettre en danger la vie d'autrui du fait des risques de transmissions de maladies telles que le Sida.

  • Différences d'appréciation du contexte historique, social et politique

Selon les partisants du barebacking en France, l'hostilité des associations de revendications en faveur des homosexuels serait essentiellement motivée par la volonté de donner une image normalisée de la communauté homosexuelle afin de faire aboutir les revendications en faveur du mariage homosexuel et de l'adoption d'enfants. Ils considèrent l'homosexualité comme subversive, la promotion du barebacking contribuant à maintenir ce caractère.

Cette motivation est contestée par l'ensemble des associations concernées, l'argument employé paraissant très largement trompeur (le " mariage homosexuel " évoqué, notion largement polémique, ne jouant que le rôle de rideau de fumée) : les seules motivations fondamentales étant celles d'endiguer la pandémie au sein de la communauté, de limiter le nombre de nouvelles contaminations par le virus du VIH et les autres IST et MST qui sont elles aussi en forte recrudescence, de réduire le nombre de surcontaminations de séropositifs qui conduisent à des mutations incontrôlées et immaitrisables des différentes souches du virus, le tout dans un aspect sanitaire et salvateur évident.

  • Débats sur la description, l'ampleur de l'épidémie et les stratégies pour la combattre

Les données de surveillance de l’épidémie sont publiés régulièrement par l’InVS. Le nombre total de découvertes de séroposivité était de 7 500 en 2004, 7 400 en 2005, 7 000 en 2006 et 6 500 découvertes de séropositivité en 2007. Les découvertes de séropositivité chez les hommes contaminées par rapports homosexuels sont en augmentation depuis 2003, en 2007, ce mode de contamination représente 38% des découvertes de séropositivité (58% des découvertes chez les hommes). C’est le seul mode de contamination pour lequel le nombre de découvertes a augmenté par rapport à 2003. [2] La polémique a rebondi à la suite de la publication du rapport Hirschel[3] Les partisans de pratiques sexuelles non protégées estimant que ces recommandations confortaient leur position. Le conseil national du SIDA a émis des recommandations en particulier celle de renforcer l’offre de dépistage et d’améliorer la continuité entre le dépistage et la prise en charge afin d’augmenter le nombre de personnes dépistées et traitées.[4]

Les associations représentatives [5][6] et les pouvoirs publics [7], ont appelé à la prudence. Les différentes mesures préconisées par les experts n’ont pas fait l’objet d’une étude de faisabilité. Ces mesures impliquent en effet la mise en place d’un dépistage massif des populations et un renforcement conséquent de la prise en charge des malades. Aucune de ces mesures n’a encore été mise en place. Enfin certains experts ont souligné le manque d’études auprès des populations homosexuelles dans le rapport Hischel. [8]


Notes et références

  1. SÉROPOSITIVITÉ, SEXUALITÉ, RESPONSABILITÉ, PRÉVENTION, CRIPS Lettre d’information n°75 septembre 2005
  2. Surveillance du VIH/SIDA en France, données du 30 septembre 2008, Institut de Veille Sanitaireréférence
  3. Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle Bulletin des médecins suisses 2008;89: 5 p.165-169.
  4. Recommandations in Avis suivi de recommandations sur l’intérêt du traitement comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infections à VIH, Conseil national du Sida, publié le 9 avril 2009
  5. Avis du CNS sur les antirétroviraux comme moyen de prévention : un avis mesuré qui n’épuise pas la question, Act Up-Paris, publié en ligne 30 avril 2009
  6. Avis des médecins suisses sur la transmission du VIH : chercher l’erreur, Act Up-Paris, publié en ligne 30 janvier 2008
  7. Ministère de la santé et des sports, Communiqué de presse publié en ligne le 7 mai 2009
  8. Wilson DP, Law MG, Grulich AE, Cooper DA, Kaldor JM. Relation between HIV viral load and infectiousness: a model-based analysis. Lancet. 2008 Jul 26;372(9635):314-20. Le risque de transmission en cas de charge virale indétectable sans protection par an sur la base de 100 relations sexuelles est de 0,22% par an pour les transmissions de femme à homme, de 0,43% pour les transmissions d’homme à femme et de 4,3% pour les transmissions d’homme à homme. In rapport Avis suivi de recommandations sur l’intérêt du traitement comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infections à VIH, Conseil national du Sida, publié le 9 avril 2009 p.8

Bibliographie

  • Eric Rofes (universitaire américain spécialiste du sida chez les gays), Dry Bones Breathe: Gay Men Creating Post-AIDS Identities and Cultures, Haworth Press, 1999.
  • Michael Shernoff, Without Condoms: Unprotected Sex, Gay Men & Barebacking, Londres, Routledge, 2004.
  • Perry N. Halkitis, Leo Wilton, Jack Drescher (dir.), Barebacking: Psychosocial And Public Health Approaches, New York, Haworth Press, 2006.
  • Godelieve Brusselaers et Jocelyne Saint-Arnaud, « La pratique du barebacking et le vih/sida », Frontières, vol. 18, no2, 2006, pp. 57-62.
  • Thomas Haig, « Bareback Sex: Masculinity, Silence, and the Dilemmas of Gay Health », Canadian Journal of Communication, Vol. 31, No. 4, 2006.
  • Julie Deloupy, Isabelle Varescon, « Le bareback, un corps à corps énigmatique », Psychotropes, Vol. 13, n°1, 2007.

Voir aussi

Liens externes


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