- Île de Murano
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Murano
L'île de Murano est située au nord de Venise, dans la lagune. Les artisans sont spécialisés dans le soufflage du verre et ont une renommée internationale.
Sommaire
Géographie
Superficie de 1,17 km2.
Histoire
En 1201, le Sénat de Venise rédige un décret qui oblige les verriers de Venise à installer leurs fours sur l'île de Murano. De nombreux incendies s'étaient en effet déclarés à Venise qui avaient eu pour cause des fours de verriers et les Vénitiens s'inquiétaient des risques causés à leurs maisons en bois.
C'est ainsi que les verriers de Venise furent forcés de transférer leurs fours et ateliers à Murano où il en subsiste aujourd'hui encore une centaine. Chacun des verreries conserve jalousement ses secrets transmis de père en fils.
Un fonctionnement très réglementé
La production du verre était très réglementée, non seulement en ce qui concerne l'obtention des licences pour les maîtres-verriers mais également sur le nombre d'ouvriers qu'ils avaient le droit d'employer, catégorie par catégorie.
De la même manière, pour mieux contrôler les prix et la production, un calendrier très strict de fonctionnement des fours était édicté par la République de Venise.
Ainsi les verreries étaient obligées de respecter un congé annuel qui s'étendait de la mi-août à la mi-janvier.
Des productions admirées et convoitées
À l'époque de son apogée, les productions de Murano étaient appréciées et connues dans l'Europe entière et ce jusqu'à Constantinople.
De nombreux souverains, de passage à Venise, se déplaçaient jusqu'à Murano pour admirer et commander leur vaisselle, vases, etc.
Le savoir-faire des verriers de Murano suscitait bien évidemment de nombreuses convoitises de la part des autres pays européens, et l'on craignait que l'étranger ne découvre le procédé des gens de Murano. C'est pourquoi, dès 1275, l'exportation du verre brut ainsi que des matières qui servaient à le composer, mais également celle du verre cassé, fut interdite par le sénat vénitien.
Lorsque Louis XIV, au XVIIe siècle, finit par réussir à débaucher quelques verriers de Murano pour les amener en France, le Conseil des Dix de la République de Venise alla jusqu'à payer des agents pour tuer les ouvriers déserteurs qui refuseraient de rentrer à Murano.
La dynastie Ballarin
Giorgio Ballarin est né aux environs de 1440 à Spalato en Dalmatie et s’est installé aussitôt à Murano avec son père Pietro, sa mère et son frère Stefano. Giorgio di Pietro dit Zorzi le Spalatino, est considéré comme le véritable ancêtre de l’illustre famille Ballarin de Murano, qui donna naissance à différentes personnalités aussi bien dans l’art du verre que dans le commerce ou dans la carrière politico-diplomatique. Zorzi, autour de 1456, est rentré en qualité de famiglio, au service du verrier Domenico Caner, lui aussi d’origine dalmate et qui avait ouvert un four à Murano. Dans un document de l’époque, il est désigné comme Georgius Sclavonus famulus ser Menegin Caner. Zorzi apprit l’art du verre comme nul autre avant lui. Lors d’une opération délicate, un ouvrier laissa tomber sur son pied gauche, le chalumeau de verrier, depuis ce jour et à cause de sa démarche devenue claudicante, il fut affublé d’un nouveau surnom: il ballarino (le danseur). En effet, les documents de Murano le nomment pour la première fois le 20 octobre 1479 Zorzi da Spalato dito Balarin. À compter de ce jour, l’île de Murano eut une nouvelle famille qui allait devenir la noble dynastie de intus ed extra des Ballarin de Murano.
Quelques années plus tard Giorgio Zorzi Ballarin passa dans la verrerie d’Angelo Barovier. A sa mort en 1460, la direction du four est prise en main par les enfants Giovanni et Marietta Barovier. Giorgio put assister à la préparation des recettes du grand verrier, et après les avoir transcrites, il perfectionna l’art et initia en 1483 une activité en propre ; par la suite, en 1492, il invente le verre de couleur rubis transparent qui devient avec le cristal, une matière très recherchée par les nobles vénitiens, jusqu’à devenir «Gastaldo» de l’art verrier et l’un des entrepreneurs les plus importants et riches de l’île.
Giorgio devint par la suite le propriétaire de quelques palais à Murano et dans la région de Trévise. Il fit construire pour sa famille, ses descendants et pour lui même, une chapelle dans l’église de San Pietro Martire de Murano, où, il meurt en 1506.
Cette fulgurante ascension sociale, en pleine renaissance vénitienne, entourée d’un climat suspicieux et envieux, demeura pendant des siècles dans la mémoire collective des Muranais et inspira, lors d’une visite à Murano, l’écrivain américain F. Marion Crawford dans son récit “Marietta a maid of Venice”, ainsi que l’australienne Mona McBurney pour son Opéra « The Dalmatian » qu’elle compose en 1905.
Francesco Ballarin (1480 – 1555), Gastaldo dell’Arte, excellent fabriquant de vases, fut connu au delà des frontières de la république vénitienne pour ses très belles expositions pendant les fêtes de la Sensa à San Marco.
Domenico Ballarin (1490 – 1570), Gastaldo dell'Arte, vit sa notoriété se répandre dans les cours italiennes et dans les milieux artistiques les plus élevés, jusqu'au delà des Alpes. Le poète Pietro Aretino, dans une lettre au duc de Mantoue datant du 3 novembre 1531, le définit comme “idolo in cotal arte” (semblable à un dieu dans cet art) et glorifie ces chefs-d’œuvre en 1535 dans les « Quatre livres de l’humanité du Christ ». Connu à la cour de France sous le nom du “marchand vénitien” qui fournissait ses splendides coupes de cristal au roi François I. Les chefs-d’œuvre crées pour les noces de son fils et futur roi Henry II avec Catherine de Médicis le 28 octobre 1533 furent particulièrement appréciés. Il s’agit de coupes dessinées et décorées par le peintre Giovanni da Udine, qui furent par la suite immortalisées dans les tableaux des plus grands peintres de ce temps comme le Titien, Romanino, Véronèse et le Caravage.
Pietro Ballarin (1532 – 1599), Gastaldo dell'Arte et Grand Guardian, malgré le fait que la situation politique ait été toujours tendue entre la République de Venise et l'empire ottoman, le Sultanat ne manquait pas de se faire parvenir à Constantinople, différents produits en verre des Ballarin venant de leur four “Al San Marco". Dans la seule année 1590 la commande du Sultanat s’éleva à 900 pièces environ. La Basilique de San Marco elle-même, ne manqua pas d’acquérir de grandes quantités d’émaux colorés pour ses splendides mosaïques.
Sources : « Renaissance des Arts à la Cour de France », Comte Léon de Laborde, Paris 1855, « Le Lit », Gazette des Beaux Arts, Girolamo d’Adda, Paris 1. Août 1876, « L’Arte del vetro in Murano nel Rinascimento », C.A.Levi, Venezia 1895, « Vetro e Vetrai di Murano Vol 1 - 3 », Luigi Zecchin, Venezia 1978 – 1989.L'évolution de la production de l'art du verre à Murano
D'abord utilitaire elle devint un art d'un grand raffinement qui connaît son apogée du XVIe siècle au XVIIIe siècle. La production actuelle est surtout orientée vers une grande profusion de verrerie de pacotille produite sur place pour assurer les revenus de l'île. Une autre menace pèse sur l'image de marque à Murano : il s'agit de la copie chinoise et autres contrefaçons qui arriveront à bout de l'excellence et de la création.
Il reste toutefois, et elles sont en expansion, quelques verreries dites d'art, qui produisent des objets de grande qualité, le plus souvent avec l'aide d'artistes contemporains. On peut citer à ce titre, entre autres, les ateliers Venini, Seguso, Pauly et Ballarin
Une île célèbre pour ses jardins et ses palais
l'île de Murano fut également célèbre pour ses jardins. S'y retrouvaient entre amis les nobles mais également les artistes, peintres et écrivains qui appréciaient sa douceur et ses parfums.
Parmi eux citons le fameux imprimeur Alde l'Ancien (Alduce Manuce) ou encore Pietro Aretino dit l'Arétin.
Cela signifiait aussi que jusqu'au XVIIIe siècle l'île comptait de nombreux palais. Malheureusement ils furent presque tous détruits par Napoléon Bonaparte, alors commandant en chef de l’armée d’Italie, lors de son occupation de Venise en 1797.
Aux palais, il convenait également d'ajouter les casins, lieux de plaisir mais aussi, plus tard, de jeux d'argent et le mot a d'ailleurs donné naissance au mot casino.
C'est à Murano que Casanova retrouve sa chère nonne M.M dans le casin de Monsieur de Bernis qui prend plaisir à épier leurs ébats. Monsieur de Bernis était alors ambassadeur de France à Venise et il deviendra plus tard le Cardinal de Bernis.
Voir aussi
Liens internes
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