- Épire
-
Épire (en grec Ήπειρος / Ípiros, en albanais Epiri) est une région montagneuse des Balkans, partagée entre la Grèce et l’Albanie. Épire se traduit par « Continent » en français. Ses habitants sont les Épirotes (ou les Continentaux).
Le terme peut désigner plus particulièrement :
- la périphérie d'Épire, l'une des 13 périphéries de la Grèce. Elle est bordée à l’ouest par la Mer Ionienne ; elle est limitrophe au sud-ouest de l’Albanie, au nord de la région de Macédoine de l'Ouest, à l’est de la région de Thessalie. La périphérie (capitale Ioannina (57 000 habitants) est divisée en 4 préfectures : Thesprotie, Ioannina, Arta et Preveza.
- l'Épire du Nord, une région d'Albanie
Sommaire
Géographie de la périphérie grecque
Sa superficie est de 9 300 km² et sa population d'environ 365 000 habitants en 2002.
Montagneuse (2646 m au mont Smólikas) et peu fertile, l'Épire renferme des lacs sans émissaires (on parle d'endoréisme), comme celui de Ioannina, une des villes principales. La plaine littorale est plus fertile.
Le relief et le climat neigeux en hiver coupent encore quelquefois cette région du reste du monde l'hiver.
Comme la Macédoine à l'est, l'Épire marque la transition entre la Grèce égéenne et les pays balkaniques qui la bordent au nord, en empruntant à l'une sa civilisation et en développant comme ses voisins du nord un genre de vie particulier, fondé davantage sur la vie pastorale, sur les grands espaces.
L'Épire est renommée pour la beauté de ses paysages : hautes falaises calcaires du Tymphée, gorges profondes de Vikos, vastes forêts de chênes, puis de conifères, en suivant la route de Ioannina à Metsovo, vallée humide où se niche le sanctuaire de Zeus dodonéen.
Histoire
Antiquité
Dans l'Antiquité, déjà, elle passe pour peuplée de Barbares selon Thucydide, même si l'un des candidats à la main d'Agaristè, fille de Clisthène de Sicyone, qui ont été sélectionnés parmi les meilleurs des Grecs, porte pour nom Molosse.
L'Odyssée place l'oracle des morts en Épire, au-delà du monde des vivants, dans la vallée de l'Achéron, dont le nom correspond à celui du fleuve des Enfers.
Bien que considérée comme barbare par les Grecs, ses côtes accueillirent de nombreuses colonies grecques depuis plus de 2000 avant J.-C., et le célèbre oracle de Zeus à Dodone y était situé. Sur ses côtes, les Corinthiens viennent fonder des colonies à Corfou, la Corcyre antique, et à Ambracie, l'actuelle Arta.
La dynastie des rois éacides du peuple des Molosses y fonda un royaume puissant au Ve siècle av. J.‑C., avec les autres peuples Chaones, et Thesprôtes. Pyrrhus est un des membres de cette dynastie, ainsi qu'Olympias, la mère d'Alexandre le Grand. Le roi Pyrrhus est célèbre pour ses victoires coûteuses contre les Romains. On aurait tort de n'en retenir que les victoires à la Pyrrhus, suivant l'expression inexacte de Tite-Live. Peu après Alexandre le Grand, il tente de sauver l'hellénisme occidental en Grande Grèce et en Sicile, en intervenant en Italie du Sud et en Sicile (280-274), et lutte victorieusement contre Rome dont les habitants tremblent de voir au loin les fumées du camp de Pyrrhos. Parallèlement, il s'empare de la Macédoine et porte la guerre jusque devant Sparte. Sa mort marque la fin de l'indépendance des cités grecques en Italie du Sud : Tarente se livre aux Romains dès 272. C'est dans cette période (deuxième moitié du IVe siècle et première moitié du IIIe siècle) que l'urbanisation s'accélère en Épire : les sites de Gitana, Kastritsa, Ammotopos et Cassopé sont particulièrement intéressants à visiter, du fait de la conservation de leurs remparts, des édifices publics – pensons notamment au théâtre de Gitana et de Cassopé –, des maisons remarquablement conservées à Ammotopos sur une grande hauteur et de l'urbanisme à Cassopé.
Une ligue indépendante se forme en 234 av. J.-C.. Cependant, la région passe progressivement dans l'orbite romaine : alliance de Corcyre seule en 229 av. J.-C., puis toute la région en 197 av. J.-C. Cela n'empêche pas le pillage en 189 av. J.-C. de la capitale, Ambracie, par les Romains. Cela n'empêche pas non plus le consul romain Paul Émile, de retour de la bataille de Pydna remportée sur les Macédoniens sans butin, de piller et de razzier la plus grande partie de la population, vendue sur les marchés aux esclaves à Rome. Leur nombre fut si grand (les sources antiques avancent le chiffre de 150 000 personnes) qu'il fit chuter le prix de l'esclave de manière durable. La région fut la première province romaine ultramarine en 148 av. J.-C.
En 31 av. J.-C., l'empereur Auguste y fonde la ville de Nicopolis d’Épire, pour célébrer sa victoire d'Actium. Cette cité avait un statut exceptionnel, autant par son territoire très vaste que par son statut de ville libre.
Ambracie est le port de débarquement des armées de Paul Émile en guerre contre le roi macédonien Persée (172-168).
Moyen Âge
Intégrée à l'Empire romain d'Orient, elle constitue un royaume indépendant après la Quatrième croisade, le despotat d'Épire, gouverné par les Comnène de 1205 à 1318. Elle fut conquise par les Ottomans en 1430.
De nombreux monastères orthodoxes s'établissent dans la ville de Ioànnina, dans une île au milieu d'un lac. Leurs fresques font notamment figurer les sages de l'Antiquité Platon, Aristote, Solon ou Thucydide parmi les précurseurs du Christ.
Sur les crêtes du Pinde ont été bâtis les monastères des météores, dès le XIe siècle, au sommet de montagnes étroites et escarpées. La plus grande partie de ces 24 monastères datent du XIVe siècle. Le Grand Météore possède notamment de magnifiques fresques, celui d'Hagios Stéphanos (saint Stéphane) une belle iconostase sculptée. Ils sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988.
Période moderne
Article connexe : Histoire de l'Épire du Nord de 1913 à 1921.La majeure partie de la région est rattachée à la Grèce après les guerres balkaniques ; le nord est disputé entre la Grèce et l'Albanie jusqu'en 1921, puis au cours de la seconde guerre mondiale.
Notes et références
- Carte réalisée d'après l'article de M. Sève, Colonies et fondations urbaines dans la Grèce romaine, in J.-L. Huot (éd.), La Ville neuve, une idée de l'Antiquité ?, Paris, 1988, 185-201.
Liens externes
- Bibliographie épirote : Références et nouveautés sur l’Épire antique, par Marie-Pierre Dausse
Wikimedia Foundation. 2010.