- Èthos
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L’èthos (du grec ancien ἦθος / ễthos, pluriel ἤθη / ếthê) est un mot grec qui signifie le caractère, l’état d’âme, la disposition psychique.
Il s’écrit èthos (où « è » est la transcription de la lettre grecque êta), et ne doit pas être confondu avec le mot éthos (du grec ancien ἔθος / éthos, où « é » est la transcription d’epsilon) qui signifie la coutume, l’habitude.Par exemple, la joie, le courage, la mollesse sont des èthè. Les èthè sont souvent considérés du point de vue moral.
Pour l’art rhétorique, l’èthos correspond à l'image que le locuteur donne de lui-même à travers son discours. Il s’agit essentiellement pour lui d’établir sa crédibilité par la mise en scène de qualités morales comme la bienveillance et la magnanimité. Par extension, tout acte (discursif ou non) qui contribue à rendre manifeste un tempérament ou des traits de caractère participe de l’èthos.
Pour les Grecs, les « arts » (μιμητικαὶ τέχναι / mimêtikaì tékhnai), comme la musique, la danse, les arts visuels, la tragédie ou la comédie imitent tous des èthè. C'est ce qu'explique Aristote dans la Poétique et dans la Politique, livre VIII.
L’èthos représente le style que doit prendre l’orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l’auditoire, pour se rendre crédible et sympathique. Il s'adresse à l'imagination de l'interlocuteur. Aristote définit le bon sens, la vertu et la bienveillance comme étant les éléments facilitant la confiance en l’orateur. On pourra y ajouter la franchise et la droiture. Tandis que le logos représente la logique, le raisonnement et le mode de construction de l’argumentation. Il s’adresse à l’esprit rationnel de l’interlocuteur et le pathos s’adresse à la sensibilité de l’auditoire (ses tendances, passions, désirs, sentiments, émotions...). L’orateur cherche à faire ressentir à l’auditoire des passions : la colère, l’amour, la pitié, l’émulation... De son côté, l’orateur ne doit pas se départir de son calme, de son rôle de sage. Èthos et pathos cherchent à séduire l’auditoire.
Roland Barthes liait l’èthos à l’émetteur, le pathos au récepteur et le logos au message. L'èthos d'un peuple trouve ses racines dans sa longue histoire. Dans L'état social de la France, Jean-François Chantaraud fait remonter les racines de l'èthos français à la spécificité française du sacre du souverain, qui occupe depuis Pépin le bref de ce fait à lui seul les deux sièges du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel, ce qui engendre la délégation consentie par les citoyens de leur responsabilité au chef de l'exécutif.
Voir aussi
Catégories :- Rhétorique
- Concept philosophique grec
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