- Yukiyoshi Sagawa
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Yukiyoshi Sagawa
Yukiyoshi Sagawa naquit à Uebetsu, sur l'île d'Hokkaido, au Japon, en 1902.
Il débuta l'étude du Daito ryu jujutsu avec Sokaku Takeda, en 1914, après avoir reçu l'enseignement de son propre père, Nenokichi Sagawa, qui était devenu un des assistants de Takeda sensei en 1912.
Cette rencontre lui ouvrit les portes vers la connaissance de l'aiki, un principe maîtrisé par Takeda sensei et que Sagawa sensei définissait comme la technique qui annule la force de l'adversaire. Sagawa sensei qui fut donc pendant un temps co-disciple de Morihei Ueshiba (Fondateur de l'aikido)racontait cette période de sa vie comme cela:
"L’enseignement de Takeda sensei coûtait très cher. À une époque où le salaire mensuel d’un employé de la poste était de 8 yens, il fallait que chaque élève paye 10 yens pour une semaine d’enseignement. Il fallait être riche pour apprendre. Lorsqu’il enseignait à mon père, celui-ci le recevait à la maison ; il fallait que le bain soit prêt à n’importe quel moment de la journée, que les trois repas soient préparés. Il devait en outre l’inviter de temps en temps dans un très bon restaurant. Il lui payait en plus 500 yens par mois, ce qui dépassait largement le salaire du préfet de Hokkaido… Nous l’invitions par périodes d’un mois. Autrement, la famille aurait été épuisée. Il fallait le traiter tout le temps et toute la journée comme un maître honoré… Après l’entraînement du soir, il fallait lui faire la conversation jusqu’à ce qu’il s’endorme. C’est seulement à partir de 2 heures du matin que je pouvais prendre des notes sur la leçon."
Et il ajoute:
"Quand Sokaku Takeda résidait chez mon père, on ne le voyait jamais se lever le matin, on ne savait pas où il se rendait pour pratiquer ses exercices de renforcement qui lui permettait de cultiver l'aiki dans son corps."
Il semblerait que le jeune Sagawa de l'époque réussit à le suivre un matin en cachette et put observer son entraînement secret qui consistait à effectuer divers mouvements pouvant s'apparenter à des suburi, au moyen d'une lourde bûche.
Sagawa sensei reçut un certificat d'enseignement (Kyoju dairi) des mains de Takeda sensei, le 24 août 1932. Cela se passa à Sapporo, en Hokkaido. Il accompagna très souvent Takeda sensei lors de ces nombreux voyages tout d'abord comme partenaire de démonstration puis ensuite comme professeur-assistant.Il est reconnu à juste titre comme l'un des plus importants élèves de Sokaku Takeda.
Durant la seconde guerre mondiale, alors que Tokimune Takeda, fils de Sokaku Takeda, effectuait son service militaire, Sagawa sensei assuma le titre de prochain héritier (soke)du Daito ryu pour succéder à la tête de l'école, dans l'hypothèse où Tokimune serait mort au combat. Ce dernier réussit à revenir vivant et devint le 36e soke du Daito ryu après le décès de Sokaku Takeda, en 1943.
Sagawa sensei prit donc son indépendance et enseigna dans son dojo privé situé à Kodaira, dans la banlieue de Tokyo. Ses techniques étaient, semble-t-il, éloignées de celles du courant principal actuel du Daito ryu mais d'une grande valeur à n'en point douter.
Selon Sagawa sensei, Takeda sensei avait découvert et maîtrisé le principe de l'aiki, technique qui permettait de déséquilibrer un adversaire dès le premier contact. Takeda sensei avait à de nombreuses reprises développer cette connaissance de l'aiki lors de divers combats. Ce principe aiki constitue la racine profonde des techniques, qu'elles s'effectuent avec ou sans arme. On ne peut le dilvuguer facilement et encore moins l'expliquer.
Sagawa sensei prétendait que comprendre ce principe aiki était si difficile, si subtil, que lui seul y était arrivé. Voici certaines de ses paroles:
"L’aiki est très difficile. Vous pouvez imaginer le degré de difficulté puisque malgré le grand nombre de personnes qui ont reçu l’enseignement de Takeda sensei, je suis le seul qui est pu comprendre.
Mon père et moi avons réalisé que sans comprendre ce qu’est l’aiki il est inutile d’apprendre des techniques différentes. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés de comprendre le secret de l’aiki. Je l’ai compris quand j’avais 17 ans. Takeda sensei est sans doute mort en pensant que son aiki n’a jamais été compris par personne."
Quand on lui demandait s'il était possible pour un individu de découvrir l'aiki avec ses seules capacités, il répondait:
"Je pense que c’est possible, si l’on perçoit quelques principes. Il ne s’agit pas de variations techniques. Une chose aussi complexe et subtile ne peut pas être transmise de génération en génération… Devant takeda sensei et ses élèves, je n’ai presque jamais montré mon aiki. Takeda sensei n’aurait jamais pensé que j’en étais capable, moi aussi. Il a vu que j’étais devenu fort, mais il a dû penser qu’il n’avait jamais transmis à personne son aiki…"
Plus tard dans sa vie, Sagawa sensei développa des capacités extraordinaires, que son élève Tatsuo Kimura nomma "Force transparente" dans un livre nommé "Tomeina chikara" (édition Aikinews). Son credo était qu'il ne fallait jamais cesser de pratiquer, de se renforcer et de chercher. Cette notion de renforcement était pour lui un point-clé de l'acquisition de l'aiki, il précisait:
"Même si je dis que l’aiki ne dépend pas de la force, pour y parvenir il faut se renforcer pour être capable de maîtriser la force. Pour cela, il faut durement se renforcer chaque jour, en réfléchissant. Pour pouvoir se renforcer passablement il faut au moins 20 ans. Sans un corps entraîné, il est impossible de réaliser le vrai aiki..."
"Jusqu’à 70 ans au moins vous pouvez continuez à renforcer les muscles. Si vous vous renforcez jusqu’à 70 ans, vous ne diminuez plus après 80 ans. J’en suis un exemple… L’objectif du renforcement du corps est d’obtenir la capacité de réaliser l’efficacité sans utiliser la force. Si vous devez utiliser la force, c’est parce que vous n’avez pas renforcé votre corps. Le renforcement ne concerne pas seulement le corps, il faut renforcer la tête. Commencez sitôt que vous avez compris. Si je trouve maintenant une nouvelle idée d’entraînement, je l’introduirais immédiatement, même à mon âge, alors que j’ai largement dépassé les 80 ans. Mais il ne faut pas nuire à la santé en se renforçant. Réfléchissez et trouvez une méthode pour vous renforcer sans vous détruire."
Et même arrivé à un âge avancé, il ne cessait de pratiquer en utilisant diffétents types d'armes lourdes qu'il faisait tournoyer à une vitesse incroyable. Il effectuait aussi d'impressionnantes séries de pompes et semblait avoir une grande considération pour l'exercice de levée de jambes du sumo (四股, shiko). Son élève, Kimura sensei, raconte dans son autre ouvrage "Discovering aiki-My 20 years with Yukiyoshi Sagawa sensei"(édition Aikinews), que devant se rendre à l'étranger pour une longue période, il demanda à Sagawa sensei un moyen de continuer sa pratique. Ce dernier lui dit seulement, " Fait shiko dix mille fois par jour".
Les facultés de Sagawa sensei étaient réellement extraordinaires, il était capable de projeter sans aucune force apparente ses adversaires, même si ces derniers étaient plus jeunes et se mettaient à plusieurs pour l'immobiliser. Selon ses premiers élèves, messieurs Taguchi, Matsuda et Uchiya, les cours se passaient toujours à huis clos, et à chaque fois, ils essayaient de surprendre le maître qui s'amusaient d'eux comme s'ils étaient de simples pantins.Les techniques de Sagawa sensei étaient orientées vers le combat réel, il continuait toujours d'évoluer vers de plus grandes facultés.
"Je me suis toujours entraîné en me plaçant dans la situation du combat réel. J’ai élaboré des mouvements contre différentes formes d’attaques de coups de poing, car il fallait être capable de faire face aux techniques de percussion. J’ai beaucoup étudié de techniques contre la boxe et suis parvenu à esquiver toutes les formes d’attaque. Si vous pensez qu’il suffit de pratiquer la forme d’entraînement classique parce que l’art traditionnel est toujours supérieur, vous vous trompez. Il ne suffit pas de respecter le modèle traditionnel. À l’époque où l’école Daito ryu a été élaborée, on ne connaissait ni le karate, ni la boxe, par conséquent, il n’y a pas de techniques s’y opposant dans la forme traditionnelle. C’est pourquoi j’ai élaboré des techniques pour les dominer."
"Je ne demeure jamais au même niveau. Je me transforme avec ma technique qui est ma vie. Entre mes 87 ans et mes 92 ans d’aujourd’hui, ma technique a incomparablement progressé."
Lors des cours, les élèves de Sagawa sensei étaient autorisés à utiliser tous les moyens sur lui, toutes techniques ou tout types d'attaques, mais rien ne fonctionnait. Les élèves finissaient toujours invariablement au sol, sans avoir senti la moindre force ou le moindre mouvement.
Dans la logique des véritables arts martiaux, Sagawa sensei cultivait le secret, choisissant soigneusement ses élèves et le contenu de son enseignement.
"Je conçois l’art martial en rapport avec le combat réel. Je n’enseigne donc pas tout. Ma supériorité est assurée parce que tout le monde ignore l’aiki par lequel je peux vaincre des personnes puissantes. Si je n’ai pas des atouts que les autres ignorent, je risque de devenir leur égal et je perdrais un jour. Il est normal que je garde mon secret. C’est le problème de chacun. Mais les hommes modernes ne comprennent pas cette nécessité, parce qu’ils vivent dans un monde différent. En art martial, on doit faire son entraînement sans en communiquer à personne le contenu. "
Yukiyoshi Sagawa sensei quitta ce monde en 1998, laissant la responsabilité de son dojo à Tatsuo Kimura sensei.
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