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Bagne de Brest
Le bagne de Brest fut un bâtiment, aujourd'hui disparu, construit entre 1749 et 1751, par Antoine Choquet de Lindu qui dominait le port du long de ses 254 mètres. Il pouvait loger 300 forçats. S'il est à tort souvent associé à un canon, le Tonnerre de Brest, ce n'est cependant pas avec ce dernier qu'étaient signalées les évasions de bagnards.
Pendant longtemps, les détenus du bagne comptaient pour environ 10 % de la population brestoise. Les forçats pouvaient aussi bien être des enfants (de 11 ans) que des personnes âgées.
Sommaire
Historique
La construction du bagne fut lancée après que Louis XV eut rattaché par une ordonnance du 27 septembre 1748 les corps de galères (auparavant indépendants) à la marine royale, afin de permettre à celle-ci de disposer ainsi d'une main-d'œuvre peu onéreuse.
Les forçats, jusqu'alors détenus sur leurs galères, devaient bien être hébergés à terre. À Brest, la question fut résolue par Antoine Choquet de Lindu, qui fit construire en 1752 le bagne de Brest.
Ce bâtiment, long de 260 mètres et sur deux étages divisés en quatre grandes parties, pouvait accueillir 400 à 500 forçats. Sa conception répondait à trois objectifs :
- maintenir aisément la police,
- éviter l'évasion des forçats,
- leur fournir les besoins indispensables à la vie.
Sa localisation fut difficile à décider. Si beaucoup des citoyens brestois désirait qu'il fût construit à l'intérieur de l'enceinte de l'Arsenal, aucun emplacement « en bas de falaise » ne disposait de la place suffisante pour sa construction ni des conditions sanitaires adaptées au bâtiment (eau douce, ventilation…). Aussi fut-il construit finalement à Lannouron, sur la rive gauche de la Penfeld, entre la corderie haute, la caserne et l'hôpital.
Il fut fermé en 1858, les conditions de vie étant jugées trop douces par rapport à celles des ouvriers, d'après le rapport du baron Portal. Les forçats furent désormais envoyés dans les colonies pénitentiaires.
Le bâtiment fut démoli après la seconde guerre mondiale, à la fin des années 1940.
La vie des forçats au bagne
Lorsqu'un forçat arrive pour la première fois au bagne, on lui brûle tous ses vêtements, de sorte qu'une éventuelle maladie ne puisse se déclarer et contaminer les occupants du bagne. Le forçat est attaché à un autre condamné, présent depuis un certain temps, et lui tiendra compagnie pendant une période minimale de 3 ans.
Les bagnards sont utilisés dans l'Arsenal de Brest comme ouvriers. On leur attribue si possible des tâches correspondant à leur métier antérieur. Trois catégories de forçats peuvent ainsi être distinguées :
- l'ouvrier (charpentier, menuisier, charron, scieur de long, tailleur de pierre, cantonnier, pileur de ciment, plâtrier, mineur, forgeron, serrurier, marbrier…), rétribué de 15 à 20 centimes par jour,
- le journalier (bardeur, caffetier, manœuvre, terrassier…), rétribué 5 à 10 centimes par jour,
- le forçat à la fatigue, pour les autres tâches et les forçats « sans spécialité », non rétribué.
Affecté à une tâche donnée, le bagnard ne peut pas en être distrait sauf raison exceptionnelle et momentanée. Aussi certaines opérations très demandeuses en main-d'œuvre n'ont-elles pu être réalisées que lentement : la forme n°4 de Pontaniou qui aurait nécessité les travaux de 600 forçats, n'a pu disposer que d'un nombre bien inférieur de bagnard et a donc vu ses travaux de construction se prolonger pendant plus d'une quinzaine d'années…
Les forçats disposent pour la plupart ainsi d'une relative liberté pendant la journée et d'une paye de quelques centimes par jour. Certains bagnards profitaient de leur temps libre pour confectionner des produits, qu'ils pouvaient ensuite vendre en ville : le bagnard enfermé au fond d'un cachot ou même enclôt dans l'enceinte de l'arsenal est donc surtout un mythe… étayé par les images que l'on peut avoir du bagne tel qu'il est devenu après la création des bagnes d'outre-mer.
Forçats célèbres
Eugène-François Vidocq, fils d'un boulanger d'Arras, s'en évadera (ainsi que du bagne de Toulon) et deviendra chef de la police.
Bibliographie
- Philippe Jarnoux, Survivre au bagne de Brest, Brest, Éd. "Le Télégramme", 2003, 117 p.
- Frédérique Joannic-Seta, Le bagne de Brest, 1749-1800. Naissance d'une institution carcérale au siècle des lumières, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2000, 360
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