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Vipère au poing
Pour les articles homonymes, voir Vipère au poing (homonymie).Vipère au poing Auteur Hervé Bazin Genre Roman Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Grasset Date de parution 1948 Nombre de pages 276 p. Vipère au poing est un roman largement autobiographique d'Hervé Bazin, publié en 1948.
Le livre décrit l'enfance et l'adolescence du narrateur, Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon. Ce dernier décrit ses rapports avec sa famille, et notamment sa mère, dite Folcoche, une véritable marâtre. Ce roman est un huis-clos entre la mère indigne, les trois enfants martyrisés, le père démissionnaire et un précepteur changeant.
Sommaire
La famille Rezeau
Personnages principaux
Jean Rezeau : dit Brasse-Bouillon, le narrateur, est le second fils de Jacques et Paule Rezeau. Fils détesté par sa mère, il entre en rébellion avec elle et s’insurge contre son milieu. Il a hérité de sa mère la dureté de caractère et le menton en galoche. Il a une attitude défensive face à sa mère, pour qu'elle le remarque et pour montrer à ses frères qu'il est fort, plus fort que Folcoche.
Paule Rezeau : Paule Pluvignec, mariée à Jacques Rezeau. Surnommée « Folcoche », abrégé de folle et de cochonne, elle est détestée par ses enfants. Paule est la fille d’un sénateur parisien qui lui a imposé un mariage avec une famille bourgeoise ancienne et respectée : les Rezeau. En plus de sa cruauté, elle est décrite comme plutôt sale et terriblement avare. Elle a les cheveux secs et le menton en galoche. Elle a une passion pour les timbres et les clefs, qu'elle enferme soigneusement dans une armoire dont la « clef principale » ne quitte pas son « entre-seins ».
Jacques Rezeau : Le père de famille, et aussi le « chef de famille », du fait d'être l'aîné des Rezeau. Il est professeur en droit et enseignant en université mais préfère ne plus travailler car pour lui, avoir un emploi, c'est déchoir. Fier de la gloire de ses ancêtres, c'est avec beaucoup d'orgueil qu'il se déclare « chef de nom et des armes » de sa famille. Il méprise les « nouveaux riches » (dont fait partie sa femme) et le « petit peuple ». Il est affectueux avec ses enfants mais, malheureusement, il ne trouve pas le courage de s'opposer à sa femme qui les martyrise. Alors il préfère prendre la fuite en se réfugiant dans ses recherches sur les différentes espèces de mouches ou dans ses explorations généalogiques.
Ferdinand Rezeau : dit Chiffe ou Frédie, il est le frère aîné de Jean. Tout comme son père, il n'a pas le courage de s'opposer à sa mère et subit sans broncher les mauvais traitements infligés. Bien que décrit comme une « chiffe molle », il seconde toujours son frère Jean et l'admire pour son courage et son audace. Mais il n'hésite pas à prendre la fuite dès qu'un danger se présente, laissant son frère dans l'embarras.
Marcel Rezeau : dit Cropette, il est le troisième et dernier fils de la famille. Né en Chine où ses parents vivaient alors, il est le seul à avoir été élevé par sa mère, qui montre à son égard une certaine indulgence. Bien que solidaire en apparence de ses frères, il sait obtenir de sa mère de petites faveurs, au prix de trahisons. Particulièrement intelligent, il est cependant lâche et opportuniste.
Les abbés : Ils sont sept à se succéder au poste de précepteur des enfants Rezeau et aumônier de la famille. Les enfants les surnomment BI, BII, BIII... jusqu'à BVII. Parmi eux, BI, le Père Trubel, est congédié pour mauvaise conduite avec les filles des fermiers. BVI, le Père Vadeboncœur, un Canadien tuberculeux, s'attache lui aussi aux enfants. Il est renvoyé en l'absence de Jacques Rezeau. Et enfin, BVII, le Père Traquet, un abbé cruel et violent choisi par Folcoche pour « mater les enfants ».
Alphonsine : dite Fine, est la cuisinière sourde et muette de la Belle-Angerie. Folcoche profite de son handicap pour lui imposer toutes les corvées de la maison avec un salaire frôlant le ridicule. Elle communique par un ensemble de gestes que les Rezeau ont surnommé le finnois. Son affection envers les enfants est sans cesse entravée par les manigances de Folcoche qui la déteste. Mais elle est protégée du fait de son ancienneté dans la famille.
Personnages secondaires
Marie Rezeau : Mère de Jacques, elle a élevé ses petits-enfants Jean et Ferdinand quand leur parents étaient en Chine. Bien qu'intransigeante sur l'éducation des enfants, elle aime sincèrement ses petits-enfants qui vivent auprès d'elle une existence heureuse. Son décès d'une crise d'urémie provoque le retour des parents à la Belle-Angerie et constitue ainsi l'introduction, l'élément 'déclencheur' du roman.
René Rezeau : grand-oncle des enfants, il est écrivain et membre de l'Académie Française à la grande fierté des membres de la famille Rezeau. En outre, ses vertus catholiques et littéraires lui ont permis d'être décoré par le pape de l'ordre de commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire le Grand et chevalier de la légion d'honneur.
Ernestine Lion : elle est la gouvernante des enfants Rezeau. Elle est congédiée rapidement par Folcoche quand elle tente de protéger les enfants de leur mère.
Les Familles Perrault, Barbelivien et Huault : ce sont les métayers des fermes Rezeau. Ils vivent pauvrement et considèrent avec beaucoup de respect la famille qui les emploie depuis plusieurs générations. Parmi eux, Madeleine Barbelivien qui initie Jean au plaisir de la chair, et Jean Barbelivien, Petit-Jean, le complice des enfants Rezeau qui leur apporte de la nourriture en cachette.
Les autres membres de la famille Rezeau : Jacques Rezeau a un jeune frère, l'abbé Michel Rezeau, protonotaire apostolique envoyé en Tunisie. Jacques a également six sœurs, la comtesse Bartolomi, comtesse d'Empire, la baronne de Selle d'Auzelle, habitant à La Rochelle, Madame Torure, veuve et « sans le sou », victime de l'avarice de Folcoche, et enfin trois autre sœurs, religieuses. Tous ont déserté la Belle-Angerie lors de l'arrivée de Folcoche ; sans que Jean, le narrateur, l'explicite précisément, ils connaissent tous la véritable nature de Folcoche.
Monsieur et Madame Pluvignec : les parents de Folcoche. Lui est sénateur à Paris et ils vivent tous les deux dans un luxueux hôtel particulier, sans se soucier de leur fille, et encore moins de leurs petits-enfants.
La famille de Kervazec : c'est la famille rivale des Rezeau avec qui elle entretient des relations mondaines. Si les Kervazec ont dans leur famille un cardinal, ils n'ont pas l'indult, privilège permettant de célébrer la messe dans leur chapelle privée.
Résumé du roman
En 1922, Jean et Ferdinand sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le château familial de la Belle-Angerie, à quelques kilomètres d'Angers. Le décès de leur grand-mère oblige leurs parents, Jacques et Paule, à quitter la Chine où le père est cadre dans une université chinoise, pour revenir s’occuper de leurs enfants.
Avec impatience et curiosité, les deux enfants attendent leurs parents et le petit frère qu’ils ne connaissent pas sur le quai de la gare. En se jetant sur leur mère pour l’embrasser, ils se font violemment gifler par cette dernière qui souhaite descendre tranquillement du train. Leur nouveau petit frère, Marcel, leur adresse un salut presque froid. Seul leur père les embrasse.
De retour au château, la famille et le personnel sont convoqués dans la salle à manger pour écouter la nouvelle organisation de la famille : le père annonce un emploi du temps spartiate, avec messe dans la chapelle privée dès le commencement de la journée, vers 5h30, et à son achèvement vers 21h30. Pendant la journée, les études sont dispensées par l'abbé qui vit avec eux. Soudain, le père prend prétexte d’avoir des mouches à piquer pour se retirer, laissant ainsi sa femme, Paule, annoncer ses propres directives : les enfants n’auront plus le droit au café au lait le matin mais à la soupe, ils auront les cheveux tondus par mesure d'hygiène et, par sécurité, elle ôte les poêles, les édredons et les coussins dans leur chambre. Elle leur confisque tous leurs objets personnels. Quant aux heures de recréations, elles doivent être consacrées à l'entretien du parc. Pour ne pas user leurs chaussures et chaussettes, elle leur impose le port de lourds sabots, qu'ils « peuvent » porter avec de la paille s'il fait froid...
En peu de temps, les enfants sont affamés, frigorifiés, privés de tout confort, de toute tendresse, et constamment sujets à des brimades, punitions ou humiliations de la part de leur mère, sous l'œil de leur père qui semble préférer ne rien voir pour éviter un conflit avec sa femme.
Au cours des repas, elle n’hésite pas à piquer violemment un de ses fils avec la fourchette s'ils n’adoptent pas une tenue qu'elle considère correcte. Quand la gouvernante tente de s’interposer, Paule la renvoie immédiatement, comme elle l'a déjà fait pour tout le personnel, à l’exception de Fine, la vieille cuisinière, à sa merci du fait qu'elle est sourde et muette. Les enfants qui détestent leur mère lui trouvent le surnom qu'elle porte dorénavant en permanence : « Folcoche », contraction de Folle et Cochonne. Ils gravent partout où ils le peuvent des VF rituels, signifiant Vengeance à Folcoche. Jean, le narrateur, est le fils qu'elle déteste le plus car il fait preuve d'une certaine audace, notamment en la fixant intensément pendant les repas, "rituel" que les frères appellent « Pistolétade » .
Après une partie de chasse avec leur père qui a permis aux enfants de connaître quelques instants de bonheur, un incident se produit : Folcoche, furieuse de voir les enfants heureux décide de les priver de ce loisir ; mais le père se met soudain en colère et ordonne à sa femme de laisser les enfants en paix, puis rapidement, il rentre au château, épouvanté par son emportement. Humiliée, Folcoche isole les enfants dans une des pièces, et les bat violemment. Mais Jean tente de se défendre, ce qui accroît l’agressivité de Folcoche. Elle le frappe jusqu'à épuisement. Au repas, le père ne peut que remarquer les traces de coup sur le visage de son fils mais une fois de plus, il préfère ne rien dire, et ne peut qu'adresser un sourire ému à son fils.
Après la gouvernante, c'est l’abbé qui est congédié, et remplacé par un nouvel abbé que Folcoche espère plus ferme avec les enfants. Au cours d'un repas, Folcoche est brutalement prise de malaise : une crise hépatique survient et nécessite une opération qui l’oblige à une hospitalisation de plusieurs mois. C'est pour les enfants une période douce : ils deviennent proches de leur père et toutes les interdictions d’autrefois sautent. À nouveau, ils peuvent manger beurre et confiture, se promener dans le parc. Ils vont même jusqu’à exploser de joie en apprenant que leur mère est mourante. Mais leur souhait ne sera pas exaucé car Folcoche survit et revient à la Belle-Angerie. Soucieuse de restaurer ses règles drastiques, elle découvre avec horreur qu'elle a du travail : les enfants ont grandi désormais, leur père et l’abbé s’opposent aux tontes de cheveux, aux corvées de jardinages et autres brimades d’autrefois.
Folcoche met alors un nouveau plan en place : elle autorise son mari à emmener Jean et Ferdinand chez des amis pour quelques semaines et reste seule au château avec Marcel. Ce dernier, moins persécuté que ses frères, révèle à sa mère une cachette dans les chambres de ses frères où ils cachent des victuailles. Dès le retour de Jacques et de ses fils, Folcoche, qui a entre-temps engagé un nouveau précepteur, exige une sanction : Ferdinand, parce qu’il est l'aîné, est fouetté par l'abbé, un homme cruel et dévoué à Folcoche. Celle-ci pense ainsi créer une brouille entre Ferdinand et Jean, ce qui n’aboutit pas. Le harcèlement de Folcoche prend des tournures de plus en plus grotesques : elle déchire les vêtements de ses fils pour ensuite les accuser, elle sale démesurément leur potage, elle les bouscule dans les encadrements de portes pour leur reprocher de ne pas lui laisser le pas...
La tension devient telle que ses fils décident de la tuer. La première tentative consiste à verser la totalité d’un médicament dans le verre de Folcoche : c’est un échec. Elle n’attrape que la colique. La seconde tentative est plus audacieuse : alors que les enfants naviguent sur une petite barque, ils attendent que Folcoche vienne les chercher. Celle-ci, furieuse que ses fils ne répondent pas à ses appels, décide de sauter dans la barque. Mais Jean donne un coup de rame au dernier moment et Folcoche se retrouve dans l’eau. Mais, à la grande consternation de ses fils, elle sait nager et regagne le bord péniblement.
Le soir, bien persuadée que Jean a tenté de la tuer, elle exige qu’il soit fouetté à son tour. Mais celui-ci entend bien se défendre et après s'être enfermé dans sa chambre, il profite de la nuit pour fuguer à Paris où il trouve refuge chez ses grands-parents maternels. Mais ces derniers, peu désireux de s’occuper d’un petit-fils dont ils ne s'étaient alors jamais soucié, préviennent la famille Rezeau et Jean est ramené à la Belle-Angerie par son père, avec pour seule victoire la promesse faite qu’il n’y aura pas de sanction.
Mais Folcoche, ulcérée de cette escapade joue sa dernière carte espérant ainsi l’envoyer en maison de correction : elle cache une grosse somme d’argent dans la chambre de Jean et espère ainsi le faire accuser de vol. Mais elle ne voit pas que celui-ci l’épie. Avant même qu'elle ne donne l’alerte pour ce vol, Jean lui rapporte la liasse de billets, et pour la première fois, il n'a plus peur d’elle ! Menacée par son fils de révéler cette affaire à tous les membres de la famille, il exige de quitter la maison pour devenir interne au collège. Acculée, Folcoche ne peut qu’accepter : Jean a enfin gagné, il a étranglé la vipère.
Un roman autobiographique ?
Dès la sortie du roman, Hervé Bazin le déclare autobiographique ; cependant, quand sortent les deux autres romans (La mort du petit cheval et Le cri de la chouette) formant la trilogie de la famille Rezeau, il modère ses propos en rappelant qu'il ne s'agissait que d'un roman. Qu'en est-il exactement ?
- Le contexte géographique
Bazin situe le roman à Solédot, village proche de Segré en Anjou. En fait, il a passé son enfance à Marans, également près de Segré. Quant à la maison de famille qu'il surnomme la "Belle-Angerie", nom dérivé de "la boulangerie", il s'agit dans la réalité du "Pâtis", qui par comparaison fait penser à la "pâtisserie". La description de la Belle-Angerie dans le roman est tout à fait semblable à celle du Pâtis sur le site "Patrimoine de France"
- Le contexte familial
Bazin présente la famille Rezeau comme descendante d'un Claude Rezeau, et d'une famille "de Tanton". Cela est aussi le cas comme en témoigne la généalogie de la famille Bazin : Claude Bazin, aïeul de Bazin, né en 1645 a épousé une demoiselle de Tanton de La Gaugrières. La seule différence entre le roman et la réalité réside dans le fait que Bazin s'appelait en réalité Jean-Pierre Hervé-Bazin ; Son père était Jacques Hervé-Bazin, fils de Ferdinand Hervé et Marie Bazin. Dans le roman, peut-être pour des raisons de simplification, Bazin crée l'histoire de la famille Rezeau, dont le domaine se transmet de père en fils. Chez les Hervé-Bazin, en fait, le Pâtis s'est transmis par sa grand-mère. L'académicien René Rezeau du roman qui est un frère du grand-père paternel de Jean, est dans la réalité l'académicien René Bazin, frère de la grand-mère paternelle.
Entre le roman et la véritable famille d'Hervé Bazin, les prénoms et noms des personnages sont souvent à peine modifiés.
Par exemple, la famille Rezeau est composée de Jacques Rezeau (docteur en droit) et Paule Pluvignec, et de leurs enfants Ferdinand, Jean et Marcel. La famille Hervé-Bazin est composée, elle, de Jacques Hervé-Bazin (aussi docteur en droit) et Paule Guilloteaux, et leurs enfants, Ferdinand, Jean-Pierre et Pierre.
À noter que dans l'édition "J'ai Lu", Hervé Bazin fait un lapsus repris par l'éditeur en écrivant "Pierre" pour désigner "Marcel" dans le dernier chapitre de Vipère au poing.
Les noms et prénoms des oncles et tantes de Hervé Bazin ont également été que très peu modifiés, comme par exemple, Michel Hervé-Bazin, protonotaire apostolique, qui apparait avec la même fonction cléricale dans le roman, avec pour identité Michel Rezeau.
Les nombreux témoignages de l'écrivain, ainsi que de sa fille, Catherine, elle aussi écrivain réaffirme la cruauté de Folcoche, confirmant ainsi le caractère autobiographique du roman.
Cinéma
Il a fait l'objet de deux adaptations cinématographiques qui en conservèrent le nom de Vipère au poing
- La première, réalisée en 1971, par Pierre Cardinal avec Alice Sapritch qui y interprète une Folcoche inoubliable.
- La seconde, réalisée en 2004 par Philippe de Broca avec Jacques Villeret et Catherine Frot dans le rôle de Folcoche.
Suite
Ce roman, écrit dans un français exemplaire, est étudié par les collégiens français et reste une référence sur l'enfance difficile. Il est suivi de La Mort du petit cheval, qui relate le passage à l'âge adulte du héros et sa transformation par l'amour et la paternité, puis Cri de la chouette, qui voit, vingt ans après, l'arrivée de Folcoche dans la famille recomposée de Jean et les troubles que provoquent son affection tardive et maladroite pour sa belle-fille.
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