- Vi (unix)
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vi
Pour les articles homonymes, voir VI.vi est un éditeur de texte en mode texte plein écran écrit par Bill Joy en 1976 sur une des premières versions de la distribution Unix BSD.
Il est présent d'office sur la majorité des systèmes Unix actuels, souvent sous la forme d'un clone du logiciel vi originel.
Sommaire
Origine du nom
Le nom vi provient de l'abréviation la plus courte possible (c'est-à-dire sans ambiguïté) de la commande visual de l'éditeur de texte ex. Cette commande passe ex du mode ligne par ligne en mode plein écran. Ainsi, vi était au départ conçu comme une interface visuelle (en anglais, Visual Interface) rajoutée à l'éditeur ex (lui-même basé sur ed). ex est toujours disponible dans vi en appuyant sur : en mode commande. En pratique, un unique programme est démarré lors de l'invocation de vi ou ex, son comportement change selon le nom avec lequel il est appelé.
Le nom vi correspondant à la fois à des initiales et au nom de son fichier d'installation, il est usuellement prononcé en énonçant les deux lettres en anglais, c'est-à-dire « vi-aille », [vi: aɪ], plutôt que comme un mot à part entière [vi]. L'analogie de ce nom avec le chiffre romain VI (six) est fortuite.
Principe de fonctionnement
vi est un éditeur modal, c'est-à-dire que la signification des boutons et des touches changent selon le mode dans lequel il se trouve.
En mode insertion, le texte tapé est inséré dans le document. Appuyer sur la touche Echap depuis le mode insertion permet de passer dans le mode commande, dans lequel les touches correspondent à des déplacements du curseur ou à des fonctions d'édition. Par exemple, j descend le curseur d'une ligne, x efface le caractère sous le curseur (la position « sous le curseur » peut désigner la droite du curseur si ce dernier se place entre les caractères, au-dessus du caractère de soulignement ou sous le bloc rectangulaire, selon la manière dont le terminal représente le curseur).
Les touches tapées en mode commande ne sont pas insérées dans le texte, ce qui est une cause fréquente de confusion pour les utilisateurs débutants avec vi.
En mode commande, de nombreuses opérations peuvent être effectuées en série avec des séquences de touches simples, sans qu'il soit nécessaire de maintenir les touches Alt ou Ctrl enfoncées. Les opérations les plus élaborées sont composées d'opérations plus primaires. Par exemple, d3w efface trois mots (d pour delete (effacer) et w pour word (mot), c2fa change (change) le texte jusqu'à ce qu'il trouve (find) le second (2) a. Pour les utilisateurs expérimentés, cela permet de travailler très efficacement. Cela permet également à l'utilisateur de conserver en permanence ses mains sur le clavier.
Les premières versions de vi ne donnaient aucune indication sur le mode dans lequel elles se trouvaient. Il était fréquent que les utilisateurs tapent machinalement sur la touche Echap pour s'assurer que l'éditeur était bien dans le mode commande (vi émet un signal sonore s'il est déjà dans ce mode). Les versions plus modernes de vi indiquent le mode dans une barre d'état ou graphiquement (par exemple la forme ou la couleur du curseur). Des implémentations graphiques de vi (par exemple GVim) supportent aussi l'utilisation de la souris et des menus pour accéder aux fonctions d'édition.
Évolution
vi est devenu de facto l'éditeur standard d'unix et il a été l'éditeur favori de nombreux hackers jusqu'à l'arrivée d'Emacs en 1984. À ce jour (2005), vi ou l'un de ses clones peut être trouvé dans presque toutes les installations de Unix. La Single UNIX Specification (plus particulièrement l'« IEEE standard 1003.2, Part 2: Shell and utilities ») inclut vi. Ainsi, tout système se conformant à cette spécification intègre vi.
vi est encore largement utilisé par les utilisateurs des différentes variantes d'Unix. Il démarre plus vite que les versions lourdes de l'éditeur Emacs et utilise moins de mémoire. Conséquemment, mêmes des fans d'Emacs l'utilisent comme éditeur pour le courrier électronique ou pour de petites éditions.
Lors de la création d'une disquette de récupération (rescue disk, pour les systèmes dont le disque dur ne fonctionne plus correctement), vi est bien souvent choisi comme éditeur, en raison de sa compacité (la place est très limitée sur les disquettes) et du fait que la majorité des gens effectuant des opérations de récupération sont capables de l'utiliser.
vi et Emacs sont les éternels belligérants de la guerre des éditeurs.
Clones et dérivés
De nombreux éditeurs de texte basés sur vi existent. Les clones sont des mises en œuvre, libres ou non, de vi, c'est-à-dire qu'ils respectent théoriquement le jeu de commandes standard du vi de POSIX. Toutefois, la majorité de ces clones supportent également des fonctionnalités supplémentaires. Les dérivés sont des programmes, éditeurs de texte ou non, qui ont conservé le principe de fonctionnement de vi (en partie ou complètement) pour leur propre fonctionnement.
- vi est un portage vers les systèmes Unix modernes du vi classique de la BSD 3.7. Cette implémentation, qui s'appuie sur le code de ed, est libre au sens BSD depuis janvier 2002[1].
- nvi est une implémentation de l'éditeur de texte ex/vi distribuée dans la Fourth Berkeley Software Distribution (4BSD). Il s'agit de la version de vi qui est fournie avec toutes les distributions BSD open source. Elle possède de nombreuses améliorations par rapport au vi classique, notamment l'historique et l'édition des commandes, le complètement des noms de fichiers, l'édition de plusieurs tampons, le multi-fenêtrage (y compris l'édition d'un même tampon dans plusieurs fenêtres), etc. À part ces améliorations, son interface utilisateur est à peu de choses près identique à celle du vi classique. Cette implémentation est très compacte, rapide, et se fond très naturellement dans l'environnement Unix.
- Elvis est un clone libre de vi pour Unix et d'autres systèmes d'exploitation. Il possède des fonctionnalités supplémentaires, tel que la coloration syntaxique, ou une interface graphique pour différents systèmes.
- Vim, pour « Vi IMproved », est un clone de vi, moderne et extensible. Il est généralement fourni comme implémentation de vi dans les distributions Linux.
- svicc est un petit clone de Vi pour Commodore (64)[2]
- VILE, pour « VI Loves Emacs », est un éditeur de texte qui tente de réconcilier les utilisateurs de vi et de emacs en gardant ce qu'il estime être le meilleur des deux programmes.
Une liste plus complète peut être trouvée sur dans les liens externes ci-après.
Débuter avec vi
Les utilisateurs débutant avec vi sont souvent confrontés à des difficultés, d'une part à cause des raccourcis utilisés pour chacune des commandes, ensuite parce que l'effet de ces raccourcis change selon le mode dans lequel se trouve vi.
Un moyen efficace de débuter avec vi est de suivre d'un bout à l'autre un tutoriel expliquant les commandes les plus simples. La plupart des systèmes fournissant une implémentation de vi contiennent également un tutoriel pour vi. Il existe également des guides de survie pour les débutants.
En comprenant son principe de fonctionnement avec quelques explications et des exemples simples, la majorité des utilisateurs peuvent parvenir à leurs fins avec vi. Toutefois, l'aisance avec vi est généralement considérée comme plus longue à venir qu'avec les autres éditeurs avec lequel il est souvent comparé. Seuls les défenseurs de vi affirment que cette difficulté initiale est largement compensée par l'efficacité de l'éditeur une fois que l'on est à l'aise.
Commandes et interface jugés obscures
Les débutants sont souvent déroutés par les commandes de vi. Ces dernières sont bien souvent réduites à une seule et unique lettre, et bien difficiles à mémoriser au premier abord. D'autant que l'éditeur présente différentes perspectives (lecture, insertion, open mode, etc) qui ne sont pas clairement distinguées et la transition entre ces modes passe souvent inaperçu.
La plupart des commandes de vi sont choisies de façon à :
- limiter la frappe nécessaire. Les modificateurs tels que Ctrl, Maj ou Alt sont utilisés avec la plus grande parcimonie ;
- limiter les mouvements des doigts et des mains sur le clavier. Par exemple, en mode commande, les touches h, j, k et l permettent de déplacer le curseur. Comme il s'agit d'une des fonctions les plus importantes, les touches qui lui sont affectées sont celles que l'utilisateur a immédiatement sous les doigts ;
- faciliter les moyens mnémotechniques pour retenir leur(s) effet(s). Il faut toutefois garder à l'esprit que vi a été écrit par des programmeurs anglophones. Par exemple, en mode commande, d permet d'effacer (delete), i passe en mode insertion, w avance le curseur d'un mot (word). En combinant une commande d'édition (par exemple effacer : d) et une commande de mouvement (par exemple avancer d'un mot : w), on obtient la séquence dw, qui permet d'effacer un mot. D'une manière similaire, la commande d3w efface trois mots.
Comportement modal
Lorsque l'on débute avec vi, il est primordial de comprendre que vi possède plusieurs modes de fonctionnement. Les deux principaux modes sont le mode commande (dans lequel vi démarre) et le mode insertion. La commande i du mode commande permet de passer en mode insertion, tandis que la touche Echap permet de passer du mode insertion au mode commande.
vi possède également un autre mode de fonctionnement, qui offre la possibilité de définir des macro-commandes en intégrant un véritable langage de programmation pour automatiser des tâches d'édition de texte.
Il est aussi possible d'appeler vi avec des arguments afin qu'il exécute automatiquement des commandes lors de l'ouverture d'un fichier. Par exemple, la ligne de commande :
vi -c "1,%s/Deux/Trois/g|:wq" FICHIER
lance vi, qui ouvre le fichier "FICHIER", puis remplace tous les "Deux" par des "Trois" dans le fichier, et enfin enregistre le fichier et quitte.
Fonctionnalités de vi
Macros et abréviations
vi permet de définir des macro-commandes et des abréviations.
Les macros permettent de remplacer une séquence de touches par une autre, ce qui permet de définir de nouvelles commandes. Par exemple,
:map v 10d
crée la commande v du mode commande, qui supprime des blocs de 10 lignes.
Les abréviations permettent d'éviter de taper une séquence de lettres plutôt longue. Par exemple :
:ab GNU gnu is not unix
crée l'abréviation GNU, qui en mode insertion est remplacée par gnu is not unix dès que suffisamment de caractères sont tapés pour lever toute ambiguïté (les abréviations sont généralement étendues quand un espace est inséré pour indiquer la fin du mot).
Options
Le comportement de vi et de ses commandes peut être ajusté grâce à ce que vi appelle des « options ». La commande :set permet de les consulter et de les modifier. Certaines options sont booléennes, c'est-à-dire qu'elles peuvent prendre deux valeurs seulement : vrai ou faux, ou plus exactement activée et désactivée. Par exemple :
:set number
que l'on peut abréger par
:set nu
affiche le numéro de chaque ligne.
:set nonumber :set nonu
sont équivalentes et permettent de désactiver cette option.
Parmi les options booléennes, on peut trouver (liste non exhaustive) :
Commande Effet :set ignorecase ignore la casse lors de la recherche de chaînes de caractères :set readonly interdit la modification du fichier ouvert :set autoindent indente automatiquement le code lors de l'édition :set ruler indique le numéro de ligne et de colonne sur lesquelles se trouve le curseur :set showmode montre le mode dans lequel se trouve vi Les autres options prennent une valeur. Par exemple :
:set tags=./tags
indique à vi où chercher le fichier de marqueurs.
L'ensemble de toutes les options disponibles peut être affiché avec
:set all
Fichier de configuration
L'ensemble des options de vi (ainsi que les macros et les abréviations) peuvent être fixées pour chaque session d'édition en les ajoutant dans le fichier ~/.exrc. Ce fichier est lu automatiquement au démarrage de vi, et les commandes qu'il contient sont exécutées comme si elles étaient tapées par l'utilisateur (le : initial est inutile). Exemple :
set nu map @ dd ab sig Mr. Robert Le NomBienLong
Exemples de commandes
Exemples de commandes simples
Le tableau qui suit donne quelques commandes basiques de l'éditeur vi, nécessaires aux tâches d'édition les plus simples.
Commande Effet h et l déplace le curseur d'un caractère à gauche et à droite j et k déplace le curseur sur la ligne suivante et précédente G déplace le curseur à la fin du fichier H et L déplace le curseur en haut [H] et en bas [L] de l'écran a insère du texte après le curseur A insère du texte à la fin de la ligne courante c efface un certain nombre de caractères, en fonction de la sous-commande (par exemple cl permet de changer le caractère courant, cw la fin du mot courant) puis passe en mode insertion dd supprime la ligne courante (et la copie dans le buffer) dw supprime le mot après le curseur (et le copie dans le buffer) dW supprime la chaîne de caractères après le curseur (s'arrête au prochain caractère blanc) D supprime la fin de la ligne à partir du curseur i insère du texte avant le curseur o ouvre une nouvelle ligne en dessous de la ligne courante O ouvre une nouvelle ligne au-dessus de la ligne courante p (minuscule) insère le contenu du buffer après le curseur (ou après la ligne courante si le buffer contient des lignes) P (majuscule) insère le contenu du buffer avant le curseur (ou avant la ligne courante si le buffer contient des lignes) :q quitte vi :q! quitte vi même si les modifications n'ont pas été enregistrées r remplace le caractère sous le curseur :s remplace une chaîne de caractère par une autre. Par exemple, :s/avant/après/ remplace le mot « avant » par le mot « après » sur la ligne courante u undo, annule les effets de la commande précédente w place le curseur sur le premier caractère du mot suivant :w enregistre le fichier courant :wq ou :x ou ZZ enregistre le fichier courant et quitte x supprime le caractère sous le curseur yy copie la ligne courante dans le buffer (p insère la ligne copiée après la ligne courante) y3y copie 3 lignes dont la ligne courante dans le buffer (p insère les 3 lignes copiées après la ligne courante) yw copie le mot après le curseur dans le buffer (p insère le mot copié après le curseur) y3w copie les 3 mots après le curseur dans le buffer (p insère les 3 mots copiés après le curseur) / recherche une chaîne de caractères après le curseur. Une pression sur la touche "n" permet d'aller directement à l'occurrence suivante. ? recherche une chaîne de caractères avant le curseur #commande exécute # fois la commande, par exemple 5dd efface 5 lignes !commande exécute une commande shell, par exemple :!gcc -o hello hello.c Echap quitte le mode insertion (retourne au mode commande) Exemples de commandes avancées
Les commandes suivantes montrent ce que permet vi quand un utilisateur cherche des commandes d'édition plus pointues.
Commande Effet >> ajoute une tabulation en début de ligne << retire une tabulation en début de ligne "myy mémorise la ligne courante dans le registre "m "mp insère le contenu du registre "m après la ligne courante ou après le curseur :$ place le curseur à la dernière ligne du tampon :1 (ou tout autre numéro) place le curseur sur la ligne correspondante :.= renvoie le numéro de la ligne courante :10,20t 100 copie les lignes 10 à 20 à la ligne 100 :100$m 50 déplace de la ligne 100 à la dernière ligne à la 50ème ligne :10,20 s/TRUC/bidule/g remplace tous les TRUC par des bidule dans les lignes 10 à 20 :g!/machin/d efface les lignes ne contenant pas le texte machin :g/machin/d efface les lignes contenant le texte machin :r fichier.txt insère le contenu du fichier fichier.txt :10,20w fichier.txt enregistre les lignes 10 à 20 dans le fichier fichier.txt :e! ouvre à nouveau le fichier courant (sert par exemple si le fichier a été modifié entre temps) :r!ls -l insère le résultat de la commande ls -l dans le fichier :10,20g/condition/remplacer/resultat/gc remplace tous les remplacer par des resultat dans les lignes contenant condition, en demandant confirmation à chaque fois, entre les lignes 10 et 20 :40,50 g/condition/d efface les lignes contenant condition, entre les lignes 40 et 50 :s/.*/\U&/ passe la ligne courante en majuscule :%s/^mot// efface le mot mot s'il est en début de ligne :%s/foo/bar/g Remplace toutes les occurrences de foo par bar :3,7s%foo/bar%bar/foo%c Remplace après confirmation (c) aux lignes 3 à 7 les occurrences de la sous-chaîne foo/bar par bar/foo. Cela montre que l'on peut utiliser un autre caractère séparateur que / (ici %) :g/^[\.]*$/d supprime les lignes vides Notes et références
- ↑ ex-vi sur SourceForge.net
- ↑ svicc sur floodgap.com
- ↑ bvi sur SourceForge.net
Voir aussi
Articles connexes
- Vim, « Vi IMproved » (vi amélioré) : un clone de vi plus puissant et plus simple que l'original ;
- Emacs - concurrent traditionnel de Vi dans le cadre de la guerre d'éditeurs.
- ed ;
- nvi, implémentation libre (BSD) de vi ;
- Elvis, autre implémentation de vi, plus puissante que l'originale ;
- Guerre d'éditeurs.
Bibliographie
- (en) Linda Lamb, Arnold Robbins, Learning the vi Editor, Sixth Edition, O'Reilly, 1998 (ISBN 1-56592-426-6).
Liens externes
- (fr) Guide de survie sous vi - une documentation en français à destination des utilisateurs débutant avec vi ;
- (fr) Traduction de la documentation de Vim en français ;
- (fr) Complément de cours en français ;
- (fr) Page de manuel de la commande
- (en) Liste de clones de vi
- (en) vi lovers home page - La page des amoureux de vi ;
- (en) Liste de clones de vi et de programmes ayant une interface similaire à celle de vi ;
- Portail de l’informatique
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