- Avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage
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L'avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage est une petite position fortifiée de la Seconde Guerre mondiale située à la sortie ouest de la ville de Saint-Dalmas-le-Selvage (Alpes-Maritimes).
Sommaire
Situation
L'avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage a été construit à la sortie Ouest de la ville, sur la route du Col de la Moutière, au lieu dit « Bec de la Caire » (Ruines) de la carte I.G.N.
C'est le premier poste du Secteur fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM), la limite avec le Secteur fortifié du Dauphiné (SFD) se situant sur la crête de Rougna[1] qui se trouve d'ailleurs sur le territoire de la commune de Saint-Dalmas-le-Selvage.
Ce rattachement au SFAM est curieux car cet avant-poste participe bien davantage à la défense du SFD qu'à celle du SFAM. En effet, il contrôle la route du col de la Moutière où la CORF a construit un petit-ouvrage rattaché au SFD ainsi que le col de Colombart où se trouve le PC du Quartier Rougna appartenant au SFD.
Par ailleurs, le poste du SFAM le plus proche est à Isola, soit à 22km de distance.Construction
Sur le mur intérieur du bloc B1 de l'avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage, un cartouche porte l'inscription « LE 10 MAI 1935 … 141 RIA » et « FIN JUIN 1935 »[2].
En effet, l'avant-poste a été construit entre 1931 et 1935 par la « main-d’œuvre militaire » (MOM), c’est-à-dire par les unités militaires de la région, et non par des entreprises civiles de travaux publics.Comme tous les ouvrages d'avant-poste du Sud-Est, sa construction a été décidée en juin 1930[3] en raison des multiples revendications agressives de Mussolini sur Nice depuis 1927 qui faisaient craindre une occupation brutale des têtes de vallées[4]. La Commission d’organisation des régions fortifiées (CORF), l’organisme qui coordonnait la construction des fortifications sur tout le territoire national, s’opposait en effet à toute construction en avant de la position de résistance (PR) qu’elle avait fixé bien en arrière de la frontière[5].
Ce fut la seule concession accordée au commandant désigné de l’Armée des Alpes, le général Degoutte, qui coordonnait l’étude des « zones fortifiées » sur le territoire des 14e (Lyon) et 15e (Marseille) régions militaires depuis 1925, et qui souhaitait barrer chaque col et chaque chemin muletier[6].L'avant-poste de Saint-Dalmas-le-Selvage ne reprend donc aucun plan ni aucun des schémas proposés par la CORF pour la construction des fortifications et certains de ses équipements internes (trémies) sont spécifiques à la 14e Région militaire[7].
Mission
L'avant-poste de Saint-Martin-le-Salvage avait pour mission de barrer le vallon de Sestrière, emprunté par sentier (aujourd'hui une route goudronnée) qui monte au petit-ouvrage du Col de la Moutière et qui permet d'accéder au PC du Col de Colombart.
Composition
L'avant-poste est constitué de cinq blocs reliés entre eux par des cheminements souterrains, de deux postes de combat extérieurs pour mortier et d'un casernement. On distingue ainsi, d'une extrémité à l'autre :
- B1 : il est constitué de deux chambres séparées. La première dispose de trois créneaux pour FM, mais sans cuirassement ni affût ; les FM étaient seulement posés sur des consôles en béton. La deuxième chambre du bloc est percée d'une grande ouverture permettant le tir d'un mortier.
- Entrée : limitée à une simple porte blindée protégée par deux murs en béton. Curieusement, elle fait face à l'axe d'une attaque éventuelle.
- B3 : observatoire de l'ouvrage, il se limite à un puits ressortant devant le casernement sous forme d'un simple cône en béton grossier avec un cuirassement, percé de trois fentes, dont il manque la partie supérieure. Il s'agit en fait d'une cloche d'observation blindée démontable du type Saint-Jacques dont il manque la calotte supérieure[7].
- B4 et B5 : casemates à action frontale pour une mitrailleuse Hotchkiss chacun[8]. Ces deux casemates sont situées une quinzaine de mètres en avant des autres constructions de surface auxquelles elles sont reliées par des galeries souterraines ; ces deux galeries parallèles sont aussi reliées perpendiculairement par une autre galerie équipée de couchettes métalliques rabattables.
- B2 : comporte trois créneaux pour FM et deux créneaux de flanquement à ouverture étroite et dispositif de suspension de l'arme[9]. (Il s'agit peut-être de créneaux pour mitrailleuse Hotchkiss, le SFAM n'ayant pas eu recours aux trémies « Tunisie » comme le SFD)[7]. On accède au bloc depuis la galerie souterraine par des échelons métalliques mais le bloc dispose aussi d'une sortie de secours bien orientée vers l'arrière, contrairement à l'entrée principale. Enfin, Ce bloc est surmonté de deux emplacements pour mortier auxquels on accède depuis l'arrière par des tranchées couvertes en tôle et béton.
Le casernement souterrain est des plus sommaires, avec des couchettes métalliques rabattables[10] et, comme dans tous les avants-postes, un groupe de ventilation manuel.
Le casernement extérieur est situé juste derrière le bloc B3. Il se compose de trois abris en tôle métro accolés perpendiculairement à un mur où sont percés les trois entrées et fenêtres des abris.
Les combats
Il ne semble pas que cet avant-poste ait été amené à intervenir, ni en juin 1940, ni en septembre 1945 ; il n’y a du moins aucune référence à des combats le concernant dans les sources d’informations consultées.
État actuel
L'avant-poste est totalement abandonné et l'entrée est en partie comblée.
Liens externes
Notes et références
- Crête de Rougne sur la carte IGN à 1:25 000.
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rôle dans les combats de 1939-1945, Ubaye-Ubayette-Restefond, Editions du Fournel, 2006, p. 264.
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, Histoire & Documents, 2009, p. 14.
- Maréchal Pétain, suite à une reconnaissance qu'il fit dans les Alpes avec le général Weygand du 22 au 24 mai 1930. Voir : Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, o.p.cit, p. 14. La création d'avants-postes a également été appuyée par le
- Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle était, ce qu'il en reste, Sercap, 1985, p. 194.
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, o.p.cit, p. 8.
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, o.p.cit, p. 77.
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rôle dans les combats de 1939-1945, o.p. cit., p. 270.
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rôle dans les combats de 1939-1945, o.p. cit., p. 267.
- Contrairement au SFD où les couchettes des avants-poste sont en béton.
Sources
- Henri Béraud, La Seconde Guerre mondiale dans les Hautes-Alpes et l'Ubaye, Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1990.
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rôle dans les combats de 1939-1945, Ubaye-Ubayette-Restefond, Editions du Fournel, 2006.
- Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle était, ce qu'il en reste, Sercap, 1985.
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, Histoire & Documents, 2009.
- Général Etienne Plan et Eric Lefevre, La bataille des Alpes, 10-25 juin 1940, Charles Lavauzelle, 1982.
- Claude Raybaud, Fortifications de l'époque moderne dans les Alpes-Maritimes, Serre éditeur, 1992.
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