Synode diocésain

Synode diocésain

Le Synode diocésain est une institution chrétienne, structure participative et délibérative existant depuis les origines du christianisme et présente dans toutes les confessions chrétiennes aujourd'hui, selon des modalités différentes.

Sommaire

Histoire

De lantiquité à lan mil

Le premier synode diocésain de toute l'histoire du christianisme se déroule à Auxerre (diocèse d'Auxerre) aux alentours de 585. Sept abbés, trente-quatre prêtres et trois diacres se réunissent autour de leur évêque Aunacharius. Ils décident et promulguent quarante-cinq canons dont dix-neuf ont trait à la liturgie[1].

Globalement, une forte activité synodale caractérise les Églises latines du IVe au VIIIe siècle, particulièrement la Gaule, lAfrique du Nord et lEspagne wisigothique. Dans lEspagne wisigothique, le IVe concile de Tolède (633), dirigé par Isidore de Séville, fait date et sera par la suite une référence en bien des domaines dans toute la chrétienté occidentale. Ces synodes sont surtout des assemblées dévêques dune même province ecclésiastique ou dune même région. Lusage leur attribue le nom de concile (en fait équivalent à synode). Leurs travaux sont guidés en général par les préoccupations suivantes :

  • 1° la défense de lauthenticité de la foi chrétienne (notamment contre les superstitions celtiques, les hérésies ariennes et donatistes).
  • 2° la mise en place dune structure ecclésiale apte à régler le problème simoniaque et à clarifier les rapports avec ladministration civile.
  • 3° la recherche dune unité liturgique tant au niveau du calendrier que des rites. En 314 déjà, le premier canon du Concile dArles arrête une date unique pour la fête de Pâques. Le concile de Vannes est le premier, en 465, à décréter une unité liturgique à lintérieur dune même province.

La période carolingienne connaît également de nombreux synodes, mais aussi très peu sont diocésains.

Après lan mil

À partir du XIe siècle, les synodes deviennent des composantes permanentes de la vie des diocèses. Les débats sont principalement dominés par des problèmes organisationnels, disciplinaires et politiques.

Le Concile de Latran IV en 1215 instaure, en son canon 6, une obligation de convocation annuelle du synode diocésain en lien avec les conciles provinciaux. Cette prescription nest pas suivie systématiquement. Elle donne cependant une nouvelle impulsion aux synodes diocésains. Jusquau concile de Trente, ceux-ci sont restreints et essentiellement cléricaux; leur but étant souvent la mise en œuvre de décisions prises lors de conciles provinciaux.

Dans l'Eglise catholique

Depuis le Concile de Trente

Le Concile de Trente précise la discipline synodale et confirme entre autres choses lobligation de tenir un synode diocésain chaque année. Ceci est dailleurs une indication de la difficulté à tenir le rythme. Au XVIIIe siècle, linstitution synodale perd de son importance dans la vie des diocèses français et encore plus ailleurs. De 1789 à 1849, les synodes sont pratiquement inexistants dans la plupart des pays. Deux pays font cependant exception : la France et lItalie avec respectivement soixante-trois et cinquante-huit synodes célébrés.

De 1850 à 1907, sur 377 synodes diocésains dans le monde, 166 sont célébrés en France (dont 72 entre 1850 et 1859, et 30 de 1860 à 1869), 88 en Italie et 49 aux États-Unis. De manière générale, les synodes diocésains ne suscitent pas dintérêt hors de France et dItalie (et dans une moindre mesure aux États-Unis). Leurs participants sont peu nombreux. Le plus souvent, ils rassemblent les doyens et quelques prêtres diocésains autour de lévêque.

Depuis le Moyen Âge, les synodes diocésains se déroulent sur plusieurs jours (en général trois) et leur déroulement est clairement codifié, tant du point de vue structurel que liturgique. Ce nest quau début du XXe siècle que des décisions magistérielles commencent à modifier la forme et le fond de cette institution dans lÉglise catholique latine.

Du Code de droit canonique de 1917 au concile Vatican II

Le Code de droit canonique de 1917 est très précis à propos des synodes diocésains (c. 356-362), autant sur leur composition que sur leur fréquence. Ils concernent des membres de droit (chargés de fonctions qui ne peuvent être exercées que par des prêtres, c. 358 § 1) et des prêtres diocésains ou religieux que lévêque choisit (c. 358 §2). Ces synodes doivent être convoqués tous les dix ans par lévêque (c. 358 §2), qui le préside. Il est généralement réunis dans la cathédrale du diocèse. Lhistorien René Metz souligne que cette périodicité constitue un des facteurs déterminants du renouveau synodal. Le synode doit être précédé dun schéma préparatoire, discuté par les membres qui nont quune voix consultative. Les statuts (résultats) sont promulgués par lévêque qui demeure lunique législateur.

Dans toute lEurope, le Code de 1917 donne une impulsion très forte aux synodes diocésains. Ceci est particulièrement remarquable dans les diocèses de langue allemande, ils avaient presque totalement disparu. La périodicité exigée est respectée de manière variable selon les diocèses. Les premiers synodes ont pour but la mise en place du Code de droit canonique. En France, une deuxième vague poursuit le même but mais au moyen dune édition en français des statuts. Dans les années 1950, le nombre de synodes célébrés est inférieur aux périodes précédentes. Il nest pas clair sil faut voir dans ce déclin le signe dune certaine déception vis-à-vis dune instance qui ne remplit plus ses fonctions dorgane de conseil. Les statuts synodaux produits à cette époque manifestent clairement une préoccupation pour la place des laïcs dans lÉglise. Le synode diocésain clérical peut alors apparaître comme inadapté par rapport à cette évolution. Une telle hypothèse mériterait dêtre vérifiée. Cette question de lémergence du laïcat est en tout cas importante dans lévolution du synode diocésain à ce moment-.

Le déroulement de ces synodes, tant du point de vue structurel que liturgique, semble avoir été semblable à peu près partout, suivant en cela les normes du Code de droit canonique, du Cérémonial des évêques et du Pontifical. Les ouvrages qui en résultent (statuts synodaux et documents annexes) sont des volumes allant de quelques pages à plus de cinq cents, parfois seulement des fascicules additionnels à des synodes précédents.

Laprès-Concile Vatican II

Le concile Vatican II joue un rôle déterminant dans lévolution de la question synodale. Limpulsion est double : elle se situe dabord au niveau théologique avec lémergence dune ecclésiologique de communion, et ensuite dans les textes eux-mêmes avec une incitation très forte à redécouvrir la dimension synodale de lÉglise.

Le décalage est tel entre les normes canoniques de 1917 et les inflexions théologiques de Vatican II, que linstitution synodale définie par lancien Code se révèle alors totalement inadéquate. Cette situation est peu viable. Dès la fin des années 1960, des essais de renouvellement de linstitution synodale sont tentés. Ainsi, certains diocèses de langue allemande obtiennent de Rome une dispense du canon 358 § 1 qui exige une présence exclusive de prêtres et de religieux. Les laïcs peuvent désormais être associés au processus synodal à condition toutefois que les prêtres aient la majorité absolue et décident seuls pour certaines questions. Le Directoire pour le ministère des évêques, paru en 1973, est le premier texte à préciser de nouvelles conditions de célébration dun synode diocésain :

Dans son ensemble, le mouvement synodal demeure relativement marginal dans la vie de lÉglise universelle. Certains synodes ont toutefois un retentissement important au plan national et même international : le synode des diocèses de Suisse (ditSynode 72”, 1969-1975), le synode interdiocésain de Würzburg (1971-1975) et les synodes de Detroit (1969) et de Vienne (1968-1970). Le synode de Cracovie (1972-1979), initié par le futur Jean-Paul II, se distingue en raison de la place quil réserve aux laïcs dans les processus réflexionnels. Globalement, les commentaires au sujet de linstitution synodale sont favorables. En France, la pratique synodale préconciliaire (uniquement cléricale) disparaît dans la période postconciliaire. Cinq projets de synodes y voient le jour, dont seulement deux aboutissent (Rouen 1968-1969) et Saint-Brieuc (1969-1970). Les mentalités ne sont cependant pas encore prêtes à accueillir cette nouvelle institution, et le cadre législatif en entrave le développement. Parmi les nouveautés de ces synodes, la présence dinvités dautres confessions chrétiennes est notable, sinscrivant dans la continuité du concile Vatican II qui avait ainsi desobservateursnon-catholiques.

Le bouleversement du Code de Droit canonique de 1983

Le Code de Droit canonique de 1983 concrétise loption pour une ecclésiologie de communion décidée par les Pères à Vatican II. De manière générale, il sert de détonateur pour un renouveau extraordinaire de la pratique synodale, dabord en France et en Italie. Un premier changement par rapport au Code de 1917 consiste en la levée de lobligation de convocation à intervalles réguliers du synode diocésain. Il est prévu désormais : « Le synode diocésain sera célébré dans chaque Église particulière lorsque, au jugement de lÉvêque diocésain et après que celui-ci aura entendu le conseil presbytéral, les circonstances le suggéreront. » (Code de Droit canonique, can. 461 § 1 ; on notera l'expression technique consacrée célébrer un synode, qui a parfois donné lieu à des quiproquos : les célébrations des synodes signifie les tenues d'assemblées, et non les célébrations liturgiques qui auraient à l'occasion des synodes). Cette coutume très ancienne signifie que l'ensemble du processus est vécue comme une liturgie, donc à l'initiative de Dieu et mue par l'Esprit Saint.

La modification la plus notable du Code de 1917 concerne la participation des laïcs comme membres à part entière dune assemblée synodale. Ceci sinscrit dans la droite ligne du numéro trente-deux du texte Lumen Gentium du Concile Vatican II : « Même si certains, par la volonté du Christ, sont institués docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à lactivité commune à tous les fidèles dans lédification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité. » (Lumen gentium art. 32). La cause essentielle de cette modification du droit réside dabord dans lidentité fondamentale de tous les fidèles quant à leur dignité, leur capacité et leur participation à la triple fonction de sanctification, denseignement et de gouvernement. Le fondement dune participation à un synode comme déléguéet au-delà dans les processus préliminairesest donc le baptême (et la confirmation). La promulgation du nouveau Code est suivie très rapidement deffets. Le premier synode diocésain nouvelle génération a lieu en France à Limoges dès 1983, un synode avec des laïcs non seulement délégués, mais aussi membres de léquipe responsable.

Au moins 779 synodes diocésains ont été célébrés dans l'Eglise catholique dans le monde depuis le Concile Vatican II, non compris des formes alternatives d'assemblées diocésaines ou de forum diocésains ne remplissant pas les conditions pour être des synodes diocésains. Une recherche en cours menée dans un Centre spécialisé de l'Université catholique de Louvain sera prochainement mise en ligne, présentant une liste de 779 synodes (dont 66 en France métropolitaine) et des commentaires et analyses à leur sujet, compétant une étude systématique à paraitre dans la revue Cristianesimo nella storia[2].

Bibliographie

  • Joseph Galea-Curmi, The Diocesan Synod as a Pastoral Event. A Study of the Post-Conciliar Understanding of the Diocesan Synod. Roma 2005 [thèse Université du Latran].
  • Arnaud Join-Lambert, Les liturgies des synodes diocésains français 1983-1999. Paris: Cerf 2004 (coll. Liturgie 15) [avec bibliographie, 493-504]. [1]
  • Henri Monceau [e. a.], Les synodes diocésains. Paris 1994.
  • Gilles Routhier, Le synode diocésain. Le comprendre, le vivre, le célébrer. Montréal 1996.
  • Louis Trichet, Les synodes en France au XIXe et XXe siècles. Des atouts et des ambiguïtés. Paris : Cerf, 2006.

Notes et références

  1. Actes édités par Jean Gaudemet & Brigitte Basdevant, , Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles). Introduction, traduction et notes. Vol. 2. Paris 1989 (Sources Chrétiennes n° 354)
  2. A. Join-Lambert, , 2011, cité par http://www.doc-catho.com/sdx/doccatho/document.xsp?id=2470_01&

Liens internet

Site de recherche de l'Université catholique de Louvain: [2]


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Synode diocésain de Wikipédia en français (auteurs)

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