Surface de dernière diffusion

Surface de dernière diffusion
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Surface (homonymie).

La surface de dernière diffusion est la région de l'espace d'où a été émis le rayonnement électromagnétique le plus ancien de l'univers que l'on observe aujourd'hui, le fond diffus cosmologique. Ce rayonnement a été émis environ 380 000 ans après le Big Bang, il y a environ 13,7 milliards d'années. La surface de dernière diffusion est une région sphérique centrée sur la Voie lactée. C'est la région la plus éloignée de l'univers actuellement accessible aux observations. Elle marque donc la frontière de l'univers observable. Mais, du fait de l'expansion de l'Univers, cette surface de dernière diffusion est désormais située à près de 43 milliards d'années-lumière. Telle qu'elle est et à la distance où elle est aujourd'hui, elle est évidemment inobservable.

Sommaire

Pourquoi y a-t-il une « dernière diffusion » ?

À ses premiers instants, l'univers est extrêmement dense et chaud. L'énergie sous forme de rayonnement électromagnétique est donc immense. Cependant, l'univers reste opaque à celui-ci : tout photon est presque immédiatement absorbé par la matière environnante. À ces époques là, le gros des photons interagit principalement avec les électrons libres, qui circulent librement dans l'univers, car ceux-ci ne sont pas encore liés aux noyaux atomiques. À mesure que le temps passe, l'univers, qui est en expansion, se refroidit et devient moins dense. Arrive le moment où les électrons libres peuvent alors commencer à se combiner aux noyaux atomiques pour former les premiers atomes[1]. À ce moment-là disparaît très brusquement la principale source d'interaction entre photons et matière, les électrons, car une fois liés aux noyaux atomiques, ceux-ci interagissent très peu avec le rayonnement. L'univers devient alors brutalement transparent à la lumière, c'est ce que l'on appelle la recombinaison. Juste avant la recombinaison, les interactions entre photons et électrons se font par diffusion Thomson. Pour un photon donné, les interactions incessantes avec les électrons qui ont lieu avant la recombinaison cessent brutalement à ce moment-là, faute d'électrons libres. Les photons se mettent alors à voyager en ligne droite. Ils ont interagi avec les électrons, ou diffusé une dernière fois au moment de la recombinaison, d'où le terme de « dernière diffusion ».

Localisation de la surface de dernière diffusion

Contrairement à ce que son nom suggère, la surface de dernière diffusion n'est pas d'une région qui possède des propriétés particulières (comme la surface d'une étoile, d'où part son rayonnement), mais plutôt de l'ensemble des points de l'univers observable d'où ont été émis les photons du fond diffus cosmologique à la recombinaison et que l'on reçoit aujourd'hui. Ces points correspondent à ceux situés à une distance telle que la lumière a mis environ 13,7 milliards d'années (temps écoulé entre l'époque d'émission du fond diffus cosmologie et maintenant, correspondant à l'âge de l'univers) pour parvenir jusqu’à nous en voyageant en ligne droite. Comme l'univers est homogène et isotrope, ces points sont tous situés à distance identique de nous : la surface de dernière diffusion est une sphère centrée sur la Galaxie.

La distance qui nous sépare aujourd'hui de la surface de dernière diffusion est d'environ 43 milliards d'années lumière, soit plus de trois fois la distance qu'a parcouru la lumière du fond diffus cosmologique entre son époque d'émission et maintenant. Elle était de seulement 40 millions d'années lumière à l'époque où le rayonnement a été émis. Le rapport entre ces deux distances donne la valeur du décalage vers le rouge qu'a subi le fond diffus cosmologique entre son émission et sa réception : environ 1100. Cela signifie que les distances étaient à l'époque 1100 fois plus petites, et que l'univers était à l'époque environ un milliard de fois (11003) plus dense qu'il ne l'est aujourd'hui. La température du fond diffus cosmologique était 1100 fois plus élevé que sa valeur actuelle (2,7 K), soit environ 3000 degrés. Le fait que le fond diffus cosmologique ait mis 13,7 milliards d'années pour parcourir une distance qui était initialement de 40 millions d'années lumière vient du fait qu'à l'époque de son émission, un photon du fond diffus cosmologique voyageait en ligne droite, mais que pendant l'intervalle où il avançait d'un kilomètre, la région dans laquelle nous nous trouvons s'était éloignée de bien plus d'un kilomètre du fait de l'expansion de l'univers, un peu à l'image d'un marcheur qui prendrait un tapis roulant à contre sens et qui marcherait moins vite que le tapis. Ce n'est que quand l'expansion de l'univers ralentit suffisamment que les photons peuvent finalement se rapprocher de leur point de destination. Avant cela, bien qu'ils se dirigent vers celui-ci, ils s'en éloignent constamment.

Épaisseur de la surface de dernière diffusion

Le terme de « surface » de dernière diffusion reste un peu trompeur, car il suggère que les interactions entre photons et électrons étaient très nombreuses et se sont instantanément arrêtées à un instant donné. En pratique, la recombinaison ne s'est pas produite instantanément, le processus s'est étalé sur quelques dizaines de milliers d'années. Certains des photons que l'on observe dans le fond diffus cosmologique ont été émis alors que l'univers avait 350 000 ans, d'autres quand il avait 400 000 ans. La « surface » de dernière diffusion est donc plutôt une « coquille » qui possède une certaine épaisseur. Néanmoins, cette épaisseur est relativement faible par rapport à son rayon, et il n'est pas aberrant d'approximer cette coquille à une surface mince dans un premier temps. Néanmoins, le fait que l'époque de dernière diffusion soit étalée dans le temps joue un rôle tout-à-fait mesurable dans la structure à petite échelle des anisotropies du fond diffus cosmologique observées par le satellite WMAP.

Surface de dernière diffusion et horizon cosmique

La surface de dernière diffusion est par définition la région la plus lointaine que l'on puisse observer. Une région plus lointaine encore aurait dû émettre sa lumière plus tôt pour nous parvenir, car la distance à parcourir pour les photons depuis cette région serait plus grande. Or un rayonnement émis plus tôt par cette région le sera avant la recombinaison, et sera immédiatement diffusé par les électrons libres. Ainsi, il n'est pas possible de voir cette région, de la même façon que l'on ne voit que la surface d'une étoile et pas son intérieur. Pour cette raison, la surface de dernière diffusion est parfois appelée, un peu abusivement horizon, car aucun signal électromagnétique ne peut nous parvenir depuis des régions plus lointaines.

Cependant, il peut exister d'autres messagers se déplaçant à la vitesse de la lumière et n'interagissant pas, ou très peu avec la matière : il s'agit des neutrinos et des gravitons. De la même façon que l'univers est passé d'un état opaque à un état transparent pour les photons, il en a fait de même pour les neutrinos. L'époque charnière entre ces deux états est appelée découplage des neutrinos, et s'est produite plus tôt dans l'histoire de l'univers. Celui-ci était âgé d'une fraction de seconde et avait une température de l'ordre de 10 milliards de degrés. À ce moment où l'univers est devenu transparent aux neutrinos, ceux-ci se sont mis à voyager en ligne droite jusqu’à maintenant. Ces neutrinos originaires du Big Bang forment ce que l'on appelle le fond cosmologique de neutrinos, dont l'existence est avérée par les résultats de la nucléosynthèse primordiale, mais dont la détection directe semble largement hors de portée des moyens observationnels à long, voire à très long terme.

Un phénomène similaire se produit pour les ondes gravitationnelles. Celles-ci peuvent se propager librement dans l'univers depuis l'ère de Planck. Des ondes gravitationnelles existent probablement depuis le Big Bang, mais leur détection extrêmement délicate fait qu'elles n'ont pu être observées. Il y a de plus probablement eu une phase d'expansion accélérée dans l'univers primordial, appelée inflation cosmique. Bien que techniquement parlant les ondes gravitationnelles puissent se propager librement dans l'univers depuis avant l'inflation, il est de coutume de dire que le fond cosmologique d'ondes gravitationnelles est issu de l'inflation, car c'est cette époque qui a façonné ces ondes sous la forme qu'elles ont probablement encore aujourd'hui. La détection de ces ondes gravitationnelles primordiales est un des enjeux majeurs de la cosmologie moderne, car elle permettrait d'obtenir des informations directes et très précieuses sur l'époque et la physique de la phase d'inflation.

Voir aussi

Notes

  1. Cette réaction chimique est impossible quand l'univers est trop chaud : dans ce cas, tout atome formé est immédiatement ionisé par le rayonnement très intense qui existe alors. Ce n'est que quand l'univers est suffisamment refroidi que les électrons peuvent se combiner durablement aux noyaux atomiques.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Surface de dernière diffusion de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Surface de derniere diffusion — Surface de dernière diffusion Pour les articles homonymes, voir Surface (homoymie). La surface de dernière diffusion est la région de l espace d où a été émis le rayonnement électromagnétique le plus ancien de l univers que l on observe aujourd… …   Wikipédia en Français

  • Surface (homoymie) — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. la surface est un espace géométrique, Voir aussi catégorie:surface (en géométrie) Lexique des surfaces Microsoft Surface : une table tactile. grande… …   Wikipédia en Français

  • Surface — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le mot « surface », du latin superficies désigne la partie apparente d un corps, puis une couche peu profonde[1]. Il est parfois utilisé pour… …   Wikipédia en Français

  • SURFACE (PHÉNOMÈNES DE) — La surface d’un solide ou d’un liquide est une région s’étendant sur quelques distances atomiques qui sépare l’intérieur du matériau du milieu extérieur: en général, le vide ou un gaz. Si le milieu extérieur est une autre phase dense, liquide ou… …   Encyclopédie Universelle

  • SURFACE (TRAITEMENTS DE) — On entend par «traitements de surface» toutes les opérations mécaniques, chimiques, électrochimiques ou physiques qui ont pour conséquence de modifier l’aspect ou la structure de la surface des matériaux, afin de l’adapter à des conditions… …   Encyclopédie Universelle

  • Diffusion Rutherford — En physique nucléaire, la diffusion Rutherford est un phénomène expliqué par Ernest Rutherford en 1911, et qui a conduit au développement du modèle de Bohr de l atome. Cette diffusion est parfois appelé diffusion de Coulomb, car elle est due à la …   Wikipédia en Français

  • Organisation de la surface de la terre — Géologie La Science et les Sciences Généralités Connaissance · Théorie · Savoir Classification des sciences Science empirique · sciences exactes Sciences dures · sciences molles Science de la nature · …   Wikipédia en Français

  • Observateur fondamental — En cosmologie, le terme d observateur fondamental désigne un observateur qui serait immobile par rapport au mouvement général d expansion de l univers. Cette notion est en pratique un peu délicate à définir, et se fait à l aide du fond diffus… …   Wikipédia en Français

  • Horizon (cosmologie) — Horizon cosmologique Pour les articles homonymes, voir Horizon. L horizon cosmologique ou horizon cosmique est un terme d astronomie qui désigne la limite de l univers observable depuis un point donné (en général la Terre). Selon le contexte, il… …   Wikipédia en Français

  • Horizon Cosmologique — Pour les articles homonymes, voir Horizon. L horizon cosmologique ou horizon cosmique est un terme d astronomie qui désigne la limite de l univers observable depuis un point donné (en général la Terre). Selon le contexte, il correspond soit à la… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”