Sophie Gail

Sophie Gail
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Sophie Gail
Gravure d'après un portrait par Eugène Isabey
Gravure d'après un portrait par Eugène Isabey

Nom de naissance Edmée Sophie Garre
Naissance 28 aout 1775
Paris, Drapeau de France France
Décès 24 juillet 1819
Paris, Drapeau de France France
Activité principale Compositrice
Années d'activité 1790-1819

Sophie Gail, née Edmée Sophie Garre, née à Paris, paroisse Saint-Sulpice le 28 aout 1775 et morte à Paris le 24 juillet 1819, est une compositrice française.

Fille d’un habile chirurgien à qui son mérite avait valu le cordon de Saint-Michel, et qui était lié d’amitié avec beaucoup d’artistes et de gens de lettres, Sophie Garre prit de bonne heure le goût des arts, et ses heureuses dispositions pour la musique se développèrent dès l’enfance par les encouragements qu’elle reçut. À douze ans, elle possédait déjà un talent remarquable pour le piano, elle chantait, sinon avec méthode, au moins avec goût, et dès 1790, elle faisait insérer dans les journaux de chant de La Chevardière et de Bailleux des romances et des chansonnettes qui étaient le prélude des œuvres auxquelles elle a dû plus tard sa brillante réputation.

Lorsqu’elle eut atteint sa dix-huitième année, sa famille lui fit épouser l’helléniste Jean-Baptiste Gail, union qui ne fut pas heureuse. Une incompatibilité d’humeur et de goûts amena, au bout de quelques années, une séparation devenue nécessaire. Rendue à la liberté en 1801, Sophie Gail se livra avec ardeur à son penchant pour la musique, et fit des études de chant sous la direction de Mengozzi[1].

La Révolution avait ruiné la fortune de son père ; elle n’était pas riche, et elle sentait la nécessité d’utiliser ses talents. Ce fut ce qui la décida à voyager pour donner des concerts. Après avoir visité les provinces méridionales de la France, elle parcourut l’Espagne, et recueillit partout des applaudissements.

De retour à Paris, elle s’y livra à la composition de romances charmantes qui furent accueillies avec transport. Dès 1797, elle avait donné un échantillon de son instinct dramatique en écrivant deux airs pour le drame de Montant, que Duval fit représenter au théâtre de la Cité. Ce premier essai fut suivi d’un opéra en un acte, composé pour un théâtre de société, et auquel Méhul donna des éloges.

Le besoin d’études plus sérieuses qu’elle n’en avait fait jusque-là dans l’art d’écrire, se faisait sentir à son esprit : elle résolut de compléter son instruction, se confia aux soins de François-Joseph Fétis, et fit un cours d’harmonie et de contrepoint, qu’elle acheva ensuite sous la direction de Perne et de Neukomm, après que son premier maître eut quitté Paris.

Les succès qu’obtenaient ses compositions fugitives dans le monde lui faisaient désirer depuis longtemps d’essayer ses forces sur la scène ; sa première tentative fut heureuse, car elle produisit les Deux Jaloux, opéra comique qui fut représenté, en 1813, au théâtre de l'Opéra-Comique. C’était le premier de ce genre qu’une femme eût produit. Le très grand succès de cet ouvrage, dont le mérite principal consistait dans le naturel des mélodies de quelques airs, fut complet dès sa création. On y trouvait aussi un trio en canon d’un effet agréable dans cet opéra qui s'est maintenu au répertoire dans toute la France pendant la première moitié du XIXe siècle. La même année, Sophie Gail donna au même théâtre Mademoiselle de Launay à la Bastille, opéra-comique en un acte qui ne réussit pas, quoiqu’il y eût de jolies choses dans la musique.

En 1814, deux opéras de Sophie Gail furent donnés au théâtre Feydeau. Le premier, intitulé Angela, ou l’atelier de Jean Coutin, opéra-comique composé en société avec François-Adrien Boieldieu ; quelques morceaux de la musique furent applaudis, mais la pièce fut reçue avec froideur. Le second ouvrage, intitulé la Méprise fut plus malheureux encore qu’Angela.

En 1816, Sophie Gail partit pour Londres, où elle se fit entendre avec succès comme cantatrice dans le genre de la romance. De retour à Paris, elle se livra pendant quelque temps à la composition de ces pièces légères, et fit paraître trois recueils de nocturnes français et italiens, ainsi qu’un grand nombre de romances, parmi lesquelles on a remarqué surtout la Jeune et Charmante Isabelle ; N’est-ce pas elle ; Heure du soir ; le Souvenir du diable ; Viens écouter ce doux serment, et la tyrolienne, Celui qui sut toucher mon cœur. Une manière originale distingue ces productions dont les formes étaient nouvelles quand elles parurent et qui furent été imitées depuis lors, mais avec moins de bonheur.

Après un repos de plusieurs années, Sophie Gail rentra dans la carrière dramatique par l’opéra de la Sérénadt (en 1818), arrangé d’après la comédie de Regnard par Sophie Gay. Le succès de cet ouvrage, où la musique se faisait surtout remarquer par un bon sentiment de l’expression scénique, fut complet. Ce fut la dernière production de l’auteure. Peu de temps après la première représentation de la Sérénade, Sophie Gail partit avec Angelica Catalani pour l’Allemagne où elle donna quelques concerts avec cette cantatrice célèbre dans les villes principales, particulièrement à Vienne, mais elle ne tarda pas à revenir à Paris.

La composition de plusieurs opéras, qu’elle destinait au théâtre Feydeau, l’occupait tout entière, et elle s’y livrait avec ardeur, lorsqu’elle succomba aux atteintes d’une maladie de poitrine, à l’âge de quarante-trois ans. Après son divorce, Sophie Gail mena une vie très libre et eut ses quatre fils de quatre pères différents. De ceux-ci, Francisque fut littérateur ; Théodore épousa une des filles de la romancière Sophie Gay et un autre, la fille du général comte Henri François Delaborde.

Après la mort de Sophie Gail, on a publié deux recueils de nocturnes et un cahier de romances qu’elle avait laissés en manuscrit.

« La réunion de talents qu’on trouvait en Mme Gail la rendait fort remarquable. Profondément musicienne, elle accompagnait la partition avec aplomb et intelligence, chantait avec goût et avec beaucoup d’expression, formait de très-bons élèves, et composait avec facilité de jolies choses qui ont obtenu une vogue décidée. Douée d’ailleurs de beaucoup d’esprit et d’un caractère aimable, elle semblait n’attacher aucun prix à ces avantages, et savait se faire pardonner sa supériorité sur les autres femmes par celles mêmes qu’elle éclipsait. Elle avait beaucoup d’amis, et elle eut le rare bonheur de les conserver[2]. »

Notes

  1. François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, vol. 5 à 6, Méline, Cans et Cie, 1839 [lire en ligne] 
  2. François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, p. 383

Œuvres (opéras)

  • Les Deux Jaloux (1813)
  • Mademoiselle de Launay à la Bastille (1813)
  • Angela (1814)
  • La Méprise (1814)
  • La Sérénade (1818)

Références

  • Notice d'Érik Kocevar dans Dictionnaire de la Musique en France au XIXe siècle, p. 495.
  • Florence Launay, Les Compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2006.
  • Y. Gérard, « Luigi Boccherini and Madame Sophie Gail », The Consort, XXIV (1967), p. 294–309.

Sources

  • François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, t. 3, Paris, Firmin Didot frères, 1869, p. 382-3.

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