- Soli Deo gloria
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Soli Deo gloria est une expression latine, tirée de la version latine (Vulgate) du Nouveau Testament (1 Tim. 1, 17 et Jude 1, 25) et signifiant à Dieu seul la gloire.
Il s'agit d'un principe biblique indiquant qu'il n'y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Ce principe a été adopté par la théologie protestante des cinq sola (source?).
Ainsi, toute entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolu, intangible ou universel, y compris la théologie. De plus, partant du principe que Dieu nous a donné la liberté, les protestants sont généralement favorables à un système social qui respecte la pluralité et les libertés.
À Dieu seul la gloire est la devise la mieux partagée du monde protestant. Nulle part en ce monde, un culte n'est rendu à un être humain, mort ou vivant, aucun culte ni à un objet, ni à un symbole, par des protestants :
- Le pain et le vin, qui représentent le corps et le sang du Christ à la sainte cène, ne sont en eux mêmes l'objet d'aucune adoration. Le croyant fait mémoire du Christ et reconnaît sa présence, le pain et le vin étant eux-mêmes des dons de Dieu, comme n'importe quoi d'autre.
- La Bible aussi n'est l'objet d'aucun culte, même si le croyant en écoute la lecture avec grande attention, considérant qu'il s'agit d'un moment spécial dans sa vie.
Ce consensus est peut-être lié au contexte d'apparition des confessions, souvent marqué par une opposition au pouvoir en place, pouvoir qui souvent exige qu'on lui rende gloire. Le refus d'associer ce pouvoir avec un ordre ou droit divin permet évidemment de lutter plus facilement contre lui, et, ainsi, ce principe a probablement dégagé la place aux droits de la personne.
Il est peut être dû aussi au pouvoir d'évocation de la Bible ; sans même parler de foi, chacun reconnaîtra que beaucoup des textes bibliques ont un très fort pouvoir d'évocation, capable de porter le croyant, sans qu'il ait besoin d'un appui temporel. D'un point de vue laïque, les textes bibliques ont une dimension artistique propre à éclairer et à porter toute personne dans sa vie, lui évitant, si l'on peut dire, de se référer à un pouvoir contraignant.
Cette gloire à rendre à Dieu peut prendre des formes très diverses, depuis les hurlements de joie jusqu'à la reconnaissance silencieuse intérieure. Cette diversité n'a jamais posé de problèmes, au moins institutionnellement.
Plus difficile pour le croyant est le respect de la gloire à Dieu dans le cadre de la violence des sentiments que l'on peut éprouver pour un être aimé. En effet, le protestant est pris en porte à faux : si la gloire est due à Dieu, c'est du fait de l'amour de Dieu ; si donc on aime une personne, la tendance est naturellement de l'adorer, par continuité, en quelque sorte. Le croyant se trouve alors surpris à rendre gloire à une personne qui n'est pas Dieu. Il peut en résulter une souffrance et une culpabilité très forte.
L'attitude des églises protestantes à ce sujet est très diverse, et peut faire l'objet d'incompréhension mutuelle, particulièrement lorsque des considérations d'ordre sexuel sont en jeu.
Certaines confessions protestantes sont très libérales, arguant du fait que Dieu a toujours valorisé l'amour entre humains tout au long de la Bible. D'autres demandent que ces relations soient circonscrites aux liens du mariage, ou au moins familiaux (amour filial, etc). D'autres encore limitent les relations amoureuses au strict nécessaire procréatif, arguant du fait que l'amour dont il est question dans la Loi de Dieu n'est que d'ordre sentimental, et qu'il doit être pour tous les humains et non pas une personne en particulier ; il ne devrait être que le reflet de l'amour de Dieu, pensent-ils, amour vertueux, par hypothèse.
De façon assez surprenante, les protestants sont en définitive relativement ouverts à l'amour entre êtres humains, y compris dans ses dimensions charnelles, et y compris lorsqu'il pourrait être en concurrence avec À Dieu seul la gloire. D'autres confessions chrétiennes voient les choses différemment. Les catholiques, par exemple, n'hésitent pas à rendre un culte et gloire à des saints, à des reliques, à Marie (la mère de Jésus), etc. Par contre ils peuvent aller plus loin dans l'exclusivité à Dieu, par des voeux d'abstinence, et même par une adoration quasi-charnelle envers Dieu, forme complètement étrangère au milieu protestant.
SDG était un sigle utilisé entre autres par Jean-Sébastien Bach pour signer ses œuvres.
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