- Société philomatique vosgienne
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La Société philomatique vosgienne est une société savante, créée en 1875 à Saint-Dié-des-Vosges. Rayonnant en premier lieu sur l'arrondissement de Saint-Dié, elle a joué un important rôle de promotion et d'illustration de la montagne vosgienne, surtout avant la Grande Guerre. L'efficace détermination de ses membres bénévoles a permis la création des musées successifs à Saint-Dié. Ses collections ont été rassemblées dans le premier musée municipal, inauguré en 1924 et détruit en 1944. Après 1946, diverses collections muséographiques reconstituées sous sa houlette, ont été réunies dans le nouveau musée municipal créé en 1977. Les collections léguées, données ou déposées par les philomates en constituent encore la plus grande part.
La Société a été un partenaire incontournable de la bibliothèque municipale de Saint-Dié, reversant au terme d'un accord initié par René Ferry en 1901 ses anciennes collections et les revues obtenues par l'échange. L'omniprésence philomate a persisté jusqu'à la fonctionnarisation du personnel au cours des années 1960 et parfois même bien au delà. Ce n'est plus le cas depuis les années 1990.
Sommaire
Historique
La création de la Société est une conséquence directe de la guerre de 1870-71. Une ample restructuration du tissus administratif, religieux et associatif au voisinage de la nouvelle frontière s'impose en face de la germanisation affichée de l'Alsace. Les amateurs francophiles de sciences ressentent l'éloignement de la Société philomathique vogéso-rhénane, fondée en 1862 par Frédéric Kirschleger et basée à Strasbourg.
Après l'humiliante occupation prussienne jusqu'en 1873, quelques chercheurs bénévoles de l'arrondissement de Saint-Dié amputé du canton de Schirmeck et du demi-canton de Saâles s'émancipent de la Société d'Emulation des Vosges, première et alors unique société savante du département fondée à Épinal sous la Restauration. Leur demande d'autonomie pour mettre en valeur leur petit pays s'inspire en réalité de la vive réponse culturelle des villes du département de Meurthe, en premier lieu Lunéville et Nancy, dont les zones d'influences ont été aussi tronquées par l'avancée de la frontière franco-allemande.
L'assemblée générale constitutive se tient à l'Hôtel de Ville de Saint-Dié le 28 février 1875. La nouvelle association, régie par la loi du 11 mai 1868, définit ainsi son propos :
« Le but est de développer le goût des choses littéraires, scientifiques et artistiques, de conserver tout ce qui se rattache à l'histoire du pays, de former un musée où pourront trouver place toutes les richesses archéologiques et naturelles de la contrée et des montagnes des Vosges. »
Le président fondateur de la Société Philomatique Vosgienne est un pharmacien de Saint-Dié, Henry Bardy. Appuyé par un comité de membres élus qui assume une responsabilité collégiale et assure la publication d'un bulletin annuel, cet inflexible bénévole, défenseur du patrimoine et promoteur de l'identité montagnarde vosgienne, y exerce la première fonction de représentation quasiment jusqu'à sa mort en 1909.
Buts actuels d'une structure associative bénévole et privée
La Société Philomatique Vosgienne s'emploie à étudier et à protéger le patrimoine plus particulièrement dans l'arrondissement de Saint-Dié-des-Vosges. Sa mission fondamentale, inscrite dans son nom, est d'aider et de favoriser la recherche. Ses centres d'intérêt sont multiples et par ordre de priorité actuelle :
- Le patrimoine bâti : cela va de l'archéologie à l'étude des maisons actuelles en passant par les églises, les scieries, les usines...
- La mise en valeur et la restauration du patrimoine bâti lorsque cela s'avère : Chapelle du Petit Saint-Dié, calvaires et petits monuments à restaurer
- L'Histoire de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine, histoire religieuse, histoire des puissants mais aussi histoire du peuple, histoire des guerres, histoire sociale
- L'Histoire économique, évolution, mouvement sociaux, grèves
- L'évolution des paysages modelés par l'homme et ses activités
- Les voies de communication anciennes ou modernes
- L'ethnologie, histoire du comportement humain, légendes, rituels observés à des niveaux divers
- Les patois, la toponymie, l'onomastique en général
- La faune et la flore
- La géologie et les sciences.
La Société soutient la formation bénévole et favorise la rencontre des chercheurs.
Publications phares
Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne
En dehors des périodes de guerre ou de reconstruction, la parution est annuelle de 1875 à 2000. Le contenu des tomes parus avant 1930 a été mis en ligne sur gallica.fr[1].
Mémoire des Vosges. Histoire Société Coutumes
Cette revue semestrielle est dirigée par un comité de rédaction depuis 2000. Elle paraît régulièrement au printemps et en automne. Sa maquette de couverture a été choisie en prenant pour modèle la revue de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Saverne. En guise d'hommage à l'ensemble des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace et au labeur constant de celle de Saverne. Voici ses premiers thèmes :
- N°1 - Médecine et santé, 2000, 60 p.
- N°2 - Croyances et Traditions, 2001, 64 p.
- N°3 - Itinéraires, 2001, 68 p.
- N°4 - Monnaies et médailles, 2002, 68 p.
- N°5 - L’eau : réalité et imaginaire, 2002, 68 p.
- N°6 - Hommes et destinée, 2003, 68 p.
- N°7 - La Justice et les justices, 2003, 72 p.
- N°8 - Festins et disettes, 2004, 64 p.
- N°9 - Eau, vin et tentations, 2004, 64 p.
- N°10 - Enfants et parents, 2005, 64 p.
- N°11 - Sur la route, 2005, 72 p.
- N°12 - Archéologies, 2006, 68 p.
- N°13 - Education et école, 2006, 60 p.
- N°14 - Construire & reconstruire, 2007, 72 p.
- N°15 - Voyager et découvrir, 2007, 68 p.
- N°16 - Fabriquer, 2008, 72 p.
- N°17 - Culte et religion, 2008, 68 p.
- N°18 - Forêts, 2009, 68 p.
- N°19 - Femmes, 2009, 72 p.
- N°20 - Des bêtes & des hommes, 2010, 72 p.
- N°21 - Métaux et minéraux, 2010, 72 p.
Thème indicateur des N°22 (Conflits et bisbilles), du N°23 (Transport et pondéreux) et N°24 (Calamités) à paraître respectivement début et fin 2011, début 2012.
Il existe enfin des hors séries (HS) de la revue Mémoire des Vosges H.S.C. et des parutions ou catalogues spécialisés[2].
- MDV HS n°1 – Les deniers de Saint-Dié 11e-14e siècles, 17 p. 2003
- Du Kaletedou à l’Euro – Catalogue de la Collection Grandblaise, 80 p. 2003
- Album illustré pour la jeunesse – Sur la piste du trésor gaulois de Robache, 2003
- MDV HS n°2 – "L’aviation à Saint-Dié", 2004, 44 p.
- Catalogue exposition faïences – Décor à l’oiseau, 2006, 48 p.
- MDV HS n°3 – Nouvelles archéologies, 2006, 33 p.
- MDV HS n°4 – "Les meules en rhyolite des Fossottes", 2007, 55 p.
- MDV HS n°5 - "La guerre aérienne dans les Vosges. 1914-1919", 2009, 68 p.
- MDV HS n°6 - "Dom Calmet, un bénédictin vosgien au Siècle des Lumières", 2010, 60 p.
Commissions et groupes de travail
Il existe des commissions et groupes de travail qui reprennent et développent tout ou partie des objectifs de recherche affichés. Les chercheurs sont bénévoles et la recherche est vraiment libre. Toutefois, les publications, les exposés et les conférences placés sous l'égide ou la responsabilité de la société sont observés par les instances du comité d'administration. Les travaux lancés ou les études suivies ou aidées financièrement par la société sont tôt ou tard soumis à un examen rigoureux.
Un grand nombre de rencontres et de séminaires, parfois publics parfois improvisés en interne, mais toujours accessibles aux philomates qui s'intéressent à la société, permettent de faire le point ou de dévélopper l'émulation sur les sujets de recherche mentionnés plus haut.
Publications de la commission Temps de Guerre
- La Vosgienne (1917-1918). Une compagnie franche dans la Grande Guerre, mémoire du colonel Bon de la Tour, volume I, 2000, 102 p.
- Képis bleus de Lorraine (1914-16). Carnets de chasseurs à pied lorrains. Fombaron J.-C. - Prouillet Y., volume II, 2001, 203 p.
- Senones, une ville vosgienne sous l'occupation allemande. 1914-1918. Journal de guerre. Villemin A., volume III, 2002, 191 p.
- Vu d’avion… Survol photographique de la vallée du Hure. 1914-1918. Commission Temps de Guerre, 2005, 24 p.
- La Chapelotte 1914-18, secteur oublié du front de Lorraine, volume IV de la collection Temps de Guerre sous la responsabilité de Jacques Bourquin, Yann Prouillet et Jean-Claude Fombaron, 2005, réédition 2007, 289 pages.
- Champs-le-Duc, 5 septembre 1944, un moment crucial de la Libération des Vosges, volume V de la collection Temps de Guerre proposé par Claude Marchal, 2006, 193 pages.
Les collaborations avec diverses archives départementales ou universités françaises ou étrangères pour l'organisation de catalogues, colloques ou bibliographies exhaustives ont retardé les travaux prévus sur les fronts vosgiens de la Grande Guerre, notamment La Fontenelle qui devrait paraître au mieux avant la fin 2010.
Un champ pour l'étude de la seconde guerre mondiale et notamment de la résistance et des gigantesques dévastations au cours de l'automne 1944 sur la montagne vosgienne est désormais ouvert par les historiens philomates.
Qu'est-ce qu'un philomate ? - Avant tout un chercheur
Les termes « philomatique » et « philomate » sont des néologismes grecs qui ont caractérisé des regroupements savants français au dix-huitième et dix-neuvième siècles. Les philomates désignent « ceux qui aiment l'enquête, l'histoire », c'est-à-dire ceux qui cherchent à comprendre et mènent une recherche scientifique. Le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier a été membre de la Société philomatique de Paris. Cette dénomination laborieuse est connue du pharmacien Henri Bardy, bon connaisseur de l'histoire de la chimie et grand admirateur du folklore – au sens de science du peuple – des montagnards vosgiens. Il l'a préférée au terme esthétique ou scolaire « philomathique », rapporté aux philomathes « ceux qui aiment ou goûtent le savoir » et particulièrement les belles connaissances supposées acquises. Les deux termes ont en commun de valoriser les études, la lecture et l'observation. Mais la recherche allie constamment théorie et pratique, expériences et modélisations, présence en première ligne, actions sur le terrain et contemplation idéale, éthique de vérité, respect des Hommes, résultats fondamentaux et mises en doute.
Le Dictionnaire de l’Académie française propose une graphie différente :
« PHILOMATHIQUE. adj. des deux genres. T. didactique. Qui aime les sciences ; il s'emploie surtout comme titre de certaines sociétés, de certaines écoles. La société philomathique. École philomathique. »
Ainsi existe-t-il depuis 1788 une Société philomathique de Paris.
Notes et références
- [1]
- Hormis les HS, la liste n'est pas exhaustive. Voir le site philomate ci-dessous.
Liens externes
Catégories :- Saint-Dié-des-Vosges
- Société savante de France fondée sous la Troisième République
- Organisme fondé en 1875
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