Sociology of Scientific Knowledge

Sociology of Scientific Knowledge

Sociologie de la connaissance scientifique

La sociologie de la connaissance scientifique (SCS) (sociology of scientific knowledge, SSK) est une branche de la sociologie - plus particulièrement de la sociologie de la connaissance - qui s'est développée dans le monde anglo-saxon autour des travaux de David Bloor et Harry Collins durant les années 1970. Ce domaine de recherche est étroitement lié à la sociologie des sciences et aux Science Studies.

Article détaillé : Sociologie de la connaissance.

Alors que la sociologie de la connaissance dans la tradition de Karl Mannheim s'interrogeait sur l'influence de facteurs sociaux sur les manières de penser et de connaître, la SCS postule que la connaissance est de nature sociale, rejetant ainsi l'opposition entre le social et les facteurs cognitifs ou naturels[1].

Sommaire

Programmes et écoles

Article détaillé : Programme fort.

Dans Knowledge and social imagery (1976), David Bloor distingue un « programme faible » (weak program ou programme) qui ne donnerait des explications sociales qu'à des croyances erronées ou idéologiques d'un « programme fort » (strong program ou programme) qui verrait des facteurs sociaux à l'œuvre dans toute croyance.

Le « programme faible » n'est pas un domaine de recherches précis et organisé, mais bien une description d'une démarche pratiquée par des historiens, des sociologues ou des philosophes des sciences qui ne font qu'évoquer les facteurs sociaux pour expliquer les croyances erronées. On associe généralement à ce programme les travaux d'Imre Lakatos et de Thomas Kuhn (à certains moments de son œuvre).

Le « programme fort » est particulièrement associé aux travaux de deux groupes de chercheurs. L'« École d'Édimbourg » d'une part (autour de David Bloor et de ses collègues de la Science Studies Unit de l'université d'Édimbourg) et, d'autre part, l'« École de Bath » (autour de Harry Collins et d'autres chercheurs de la Science Studies Unit de l'université de Bath).

De même, le domaine de l'analyse du discours (autour de Michael Mulkay à l'université de York) et de la réflexivité (autour de Malcolm Ashmore à l'université Loughborough) sont souvent associés à des tendances majeurs de la sociologie de la connaissance scientifique liée au « programme fort ».

La sociologie de la connaissance scientifique est un champ de recherche international qui bénéficie du soutien plusieurs associations telles la « 4S » (Society for Social Science Studies), la EASST (European Association of Software Science and Technology) et plusieurs groupes récemment installés en Corée du sud, au Japon et en Amérique de sud. Ces derniers pays ont concentré leurs récentes analyses aux biosciences et à l'informatique.

Affaire Sokal

La SSK s'est fait connaître surtout durant les années 1990 après la publication d'un canular dans la revue Socio-Text par Alan Sokal sous le titre: « Transgressing the Boundaries: Toward a Transformative Hermeneutics of Quantum Gravity ». Critiquant les postmodernistes et le relativisme de certaines approches récentes dans les sciences sociales, la polémique devient bientôt l'affaire Sokal et les représentants de le SSK seront accusés de relativisme.

Critiques

La SSK a été critiquée notamment par les représentants de la théorie de l'acteur-réseau (principalement Michel Callon, Bruno Latour et John Law) qui n'appartient pas au « programme fort », mais se rapproche des Science Studies et des Science and Technology Studies (STS). Ces derniers soutiennent que la sociologie de la connaissance scientifique conduirait à un réductionnisme sociologique et qu'elle est trop centrée sur l'univers humain. En insistant trop sur les facteurs humains, les règles sociales et les conventions qui interviennent dans les controverses scientifiques, la SSK perdrait de vue selon les acteurs non-humains qui jouent un rôle essentiel dans la production de la connaissance scientifique. Ainsi, les instruments, les systèmes de mesure (métrologie) ou les laboratoires comportent divers aspects - certes non-intentionnels -, mais qui n'en sont pas moins essentiels dans le déroulement des controverses scientifiques et dans les les pratiques scientifiques (ou non) en général. Cette critique de la part l'ANT (Actor-network theory ou théorie de l'acteur-réseau) a donné lieu à plusieurs discussions dont l'une des plus connues reste l'article de Harry Collins et Steven Yearley (« Epistemological Chicken », dans Andrew Pickering (éd.), Science as Practice and Culture, Chicago: The University of Chicago Press, 301-326, 1992).

Bibliographie

  • David Bloor, Knowledge and social imagery, London: Routledge, 1976.
  • Harry M. Collins, « The seven sexes: A study in the sociology of a phenomenon, or the replication of experiments in physics », dans Sociology, 9, 205-24, 1975.
  • Harry M. Collins, Changing order: Replication and induction in scientific practice, London: Sage, 1985.
  • Derek Edwards, Malcolm Ashmore et Jonathan Potter, « Death and furniture: The rhetoric, politics, and theology of bottom line arguments against relativism », dans History of the Human Sciences, 8, 25-49, 1995.
  • G. Nigel Gilbert et Michael Mulkay, Opening Pandora's box: A sociological analysis of scientists' discourse, Cambridge: Cambridge University Press, 1984.
  • Andrew Pickering, Constructing Quarks: A sociological history of particle physics, Chicago: University of Chicago Press, 1984.
  • Steven Shapin et Simon Schaffer, Leviathan and the Air-Pump, Princeton, NJ: Princeton University Press, 1985.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Voir Steven Shapin, « Here and Everywhere: Sociology of Scientific Knowledge », dans Annual Review of Sociology, Volume 21, 1995, 289-321.


  • Portail de la sociologie Portail de la sociologie
Ce document provient de « Sociologie de la connaissance scientifique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sociology of Scientific Knowledge de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Sociology of scientific knowledge — The sociology of scientific knowledge (SSK), closely related to the sociology of science, considers social influences on science. Practitioners include Gaston Bachelard, David Bloor, Paul Feyerabend, Elihu M. Gerson, Thomas Kuhn, Martin Kusch,… …   Wikipedia

  • scientific knowledge, sociology of — See science, sociology of …   Dictionary of sociology

  • Sociology of science — is the subfield of sociology that deals with the practice of science.Generally speaking, the sociology of science involves the study of science as a social activity, especially dealing with the social conditions and effects of science, and with… …   Wikipedia

  • Sociology — For the journal, see Sociology (journal). Sociology …   Wikipedia

  • Scientific method — …   Wikipedia

  • Sociology of knowledge — The Sociology of Knowledge is the study of the relationship between human thought and the social context within which it arises, and of the effects prevailing ideas have on societies. (Compare history of ideas.)The term first came into widespread …   Wikipedia

  • Scientific revolution — This article is about a period in the history of science. For the process of scientific progress via revolution, proposed by Thomas Kuhn, see Paradigm shift …   Wikipedia

  • Scientific realism — is, at the most general level, the view that the world described by science is the real world, as it is, independent of what we might take it to be. Within philosophy of science, it is often framed as an answer to the question what does the… …   Wikipedia

  • Scientific consensus — is the collective judgement, position, and opinion of the community of scientists in a particular field of science at a particular time. Scientific consensus is not, by itself, a scientific argument, and is not part of the scientific method;… …   Wikipedia

  • Scientific racism — denotes the use of scientific, or ostensibly scientific, findings and methods to support or validate racist attitudes and worldviews. It is based on belief in the existence and significance of racial categories, but extends this into a hierarchy… …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”