- Sinankunya
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Parenté à plaisanterie
La parenté à plaisanterie, ou sinankunya au Mali, rakiré chez les Mossis du Burkina Faso, toukpê en Côte d'Ivoire, dendiraagal chez les Halpulaaren, kalir ou massir chez les Sérères, Kal chez les wolofs, est une pratique sociale, observable dans toute l'Afrique occidentale, qui autorise, et parfois même oblige, des membres d'une même famille (tels que des cousins éloignés), ou des membres de certaines ethnies entre elles, à se moquer ou s'insulter, et ce sans conséquence ; ces affrontements verbaux étant en réalité des moyens de décrispation sociale.[1]
Sommaire
Origine et fonction sociale
La tradition orale raconte que cette coutume a été instaurée par Soundiata Keïta lors de la fondation de l'Empire du Mali[2]. Il est néanmoins très probable qu'elle soit plus ancienne, et qu'elle n'ait été que confirmée à cette occasion.
Selon les historiens, l'origine de ce systéme de cousinage remonterait à l'antiquité africaine dans la vallée du Nil. Il serait un héritage du totémisme pratiqué durant cette époque, ou chaque clan était associé à un animal ou un végétal totem. Aujourd'hui en Afrique noire, bon nombre de noms claniques sont associés à un animal totem.
Bien plus qu'un simple jeu, ces relations sont sans doute un moyen de désamorcer les tensions entre ethnies voisines ou entre clans familiaux, selon l'interprétation de Marcel Griaule qui a désigné ce phénomène comme une alliance cathartique.
Exemples
Au Mali, l'exemple le plus célèbre de parenté à plaisanterie est celui qui lie les Dogons et les Bozos. Elle existe également entre Peuls et Sérères au Sénégal.
Outre les groupes ethniques, cette relation peut aussi s'exercer entre clans familiaux, par exemple entre les familles Diarra et Traoré, ou Ndiaye et Diop. Ainsi, un membre de la famille Ndiaye peut-il croiser un Diop en le traitant de voleur ou de mangeur d'arachide sans que personne ne soit choqué, alors que parfois les deux individus ne se connaissent même pas. Il n'est d'ailleurs pas permis de se vexer. Cette impolitesse rituelle donne lieu à des scènes très pittoresques, et les gens rivalisent d'inventivité pour trouver des insultes originales et drôles.
Par ailleurs, les noms d'un même clan peuvent varier d'un groupe ethnique à l'autre. Par exemple, une famille Peulh de nom Bâ s'installaient chez les Mandingues, prendra dès lors le nom de Diakité, et vice versa, le nom Diakité étant la forme mandingue du nom Ba.
Notes
- ↑ Kouadio Kouadio Yacouba, Alliances inter-ethniques et parenté à plaisanterie ou dynamique d'une dédramatisation endogène des conflits socio-politiques en Afrique : le cas de la Côte-d'Ivoire, in Actes du colloque international sur « royautés, chefferies traditionnelles et nouvelles gouvernances », édition Dagekof. ISBN: 2-9503515-6-5 P.86
- ↑ Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko , La grande geste du Mali. Des origines à la fondation de l'empire, Karthala.
Voir aussi
Bibliographie
- Lire le numéro 184 des Cahiers d'études africaines qui fait un panel des théories contemporaines sur le sujet.
- Cécile Canut et Étienne Smith, « Pactes, alliances et plaisanteries », Cahiers d'études africaines, 184 | 2006, (En ligne), mis en ligne le 08 décembre 2006. URL : http://etudesafricaines.revues.org/index6198.html. Consulté le 21 septembre 2009.
- Siriman Kouyaté, Le cousinage à plaisanterie : notre héritage commun, Ganndal, 2003, 96 p. (ISBN 2913326609)
- Abou Napon, Aspects linguistiques et sociolinguistiques de l’alliance à plaisanterie entre quelques groupes ethniques en milieu urbain, Recherches Africaines, Annales de la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines de Bamako, 5 (2006).
Liens externes
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