- Siduri
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Siduri est un personnage de l'Épopée de Gilgamesh, une sage divinité féminine associée à la fermentation.
Au début de la tablette X de l'Épopée, Gilgamesh après une marche épuisante, parvient à l'extrémité du monde où se dresse la taverne de Siduri, au bord du rivage.
C'est une femme et même une femme mariée comme l'indique le voile qu'elle porte. Elle appartient au monde surnaturel car son nom est précédé en cunéiforme du signe indicatif des divinités. Et c'est une tavernière c'est-à-dire, selon l'usage en vigueur vers la moitié du IIe millénaire (ensuite le rôle a été pris par les hommes) qu'elle tient une sorte d'estaminet dans lequel elle vend de la bière, qu'elle confectionne à l'aide de son attirail professionnel mentionné au vers 3.
Outre le débit de boisson de tels établissements représentaient le 'commerce de carrefour' où on vendait au détail les denrées de premières nécessités et dont les tenancières étaient les mieux placées pour renseigner quiconque sur le pays. Siduri est donc le modèle de la commerçante de carrefour, même si on voit mal quels pouvaient être ses client de sa taverne, en ce coin reculé.
Dans la version récente, elle réagit d'abord par la peur puis par une espèce de compassion mêlée d'étonnement:
« Si c'est toi qui as mis à mort le gardien de la forêt;
Occis ce Humbaba qui demeurait en la forêt des pins,
Tué des lions aux passes des montagnes,
Vaincu et abattu le Taureau géant descendu du ciel,
Pourquoi as-tu les joues si amaigries,
Le visage aussi abattu,
Le cœur si triste, les traits aussi exténués ?
Pourquoi une pareille angoisse en ton ventre ?
Pourquoi cette apparence d'un voyageur arrivé de très loin ? »
(X, l, 40-47).Puis elle lui indique où trouver le bateau Urshanabi (Sursunabu dans la version ancienne) le nocher qui, à son tour, guidera Gilgamesh vers Uta-Napishtim (Le Noé mésopotamien) où il compte lui demander conseils pour trouver la vie-sans-fin.
Mais dans la version ancienne (antérieure au milieu du IIe millénaire), elle tente d'abord de dissuader de Gilgamesh dans sa quête de l'immortalité, l'incitant à profiter de la vie comme elle est. L'exhortation qu'elle lui adresse alors constitue sans doute un des textes les plus célèbres de l'Épopée :
« Gilgamesh, où donc cours-tu ?
La vie que tu poursuis, tu ne la trouveras pas.
Quand les dieux ont créé l'humanité, c'est la mort qu'ils ont réservée aux hommes.
La vie ils l'ont retenue pour eux entre leurs mains.
Toi Gilgamesh, que ton ventre soit repu,
Jour et nuit réjouis-toi,
Chaque jour fais la fête,
Jour et nuit danse et joue de la musique ;
Que tes vêtements soient immaculés ;
La tête bien lavée, baigne-toi à grande eau ;
Contemple le petit qui te tient par la main,
Que la bien-aimée se réjouisse en ton sein !
Cela, c'est l'occupation des hommes.»
C'est en quelque sorte l'expression mésopotamienne du Carpe Diem latin.
Siduri joue un rôle parallèle à celui de Circé dans l'Odyssée : comme Ulysse, Gilgamesh lui demande sa route afin d'atteindre la terre des morts pour y trouver une aide divine. Comme Circé, Siduri habite au bord de la mer à l'extrémité de la terre. Sa maison est également associé au soleil : Gilgamesh atteint la demeure de Siduri en passant par un tunnel sous le mont Jumeau (Mashu), la haute montagne à partir de laquelle le soleil passe dans le ciel.Le nom Siduri signifie «jeune femme» en hourrite. En akkadien ce nom pourrait également s'articuler Si-dûri Elle est mon rempart. Sous cette forme il est devenu plus tard un épithète d'Ishtar.
Catégories :- Mythologie mésopotamienne
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