- Asëa aranion
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Athelas
L’athelas est une plante de fiction inventée par J. R. R. Tolkien, apparue dans Le Seigneur des anneaux, réputée pour ses vertus médicinales.
Sommaire
Étymologie
Athelas est un nom sindarin. En quenya, cette plante a pour nom asëa aranion, et en parler commun « feuille de roi » (kingsfoil dans la version originale), qui correspond exactement au nom quenyarin[1].
Le nom athelas est difficile à interpréter : si la seconde partie semble être las « feuille », la première partie est plus obscure. Une note linguistique non publiée indique qu'il faudrait la relier au quenya asëa, mais dans ce cas, athelas voudrait dire « feuille-feuille », ce qui n'a guère de sens[2].
Les brouillons du Seigneur des anneaux montrent que Tolkien arriva au nom athelas sans la moindre hésitation[3]. La forme originale du nom quenyarin était asëa aranaite, rapidement corrigé en asëa aranion[4].
Le nom athelas a pu être rapproché du vieil anglais æðele « noble, aristocratique ». Le corpus anglo-saxon présente également une référence au mouron des oiseaux sous le nom de æðel-ferðing-wyrt[5].
Caractéristiques
L'athelas possède des feuilles « longues » qui, écrasées, émettent une odeur « douce et forte » à la fois[6], ou piquante lorsqu'elles sont séchées[7] ; elles constituent la seule partie valable de la plante[1]. L'athelas est utilisé de deux façons différentes : faire tremper des feuilles d'athelas dans de l'eau bouillante et laver une blessure avec cette eau permet à celle-ci de cicatriser plus rapidement, mais une simple inhalation présente également des résultats bénéfiques, rendant « l'esprit calme et dégagé[6] ».
Aragorn utilise à deux reprises l'athelas dans Le Seigneur des anneaux, à chaque fois pour soigner une personne victime des Nazgûl : tout d'abord Frodon, blessé à l'épaule par un poignard de Morgul sur le Mont Venteux, puis Faramir, Éowyn et Merry, victimes du Souffle Noir, maladie infligée par les Nazgûl.
Selon Aragorn, l'athelas a été introduite en Terre du Milieu par les Dúnedain de Númenor, et ne pousse que dans les endroits où ceux-ci ont résidé[6]. Toutefois, à la fin du Troisième Âge, ses vertus ont été partout oubliées. En Eriador, « elle est inconnue [...] sauf de quelques-uns de ceux qui vagabondent dans les terres sauvages[6] », autrement dit des Rôdeurs, dont Aragorn est le chef. Au Gondor, le Maître des herbes des Maisons de guérison de Minas Tirith affirme qu'elle n'a « aucune vertu que nous connaissions, sauf peut-être d'adoucir un air vicié ou de chasser quelque lourdeur passagère[7] », même si « les vieilles gens se servent toujours d'une infusion de cette herbe contre les maux de tête[7] » et leur pouvoir guérisseur est évoqué dans une chanson :
Lorsque arrive le souffle noir,
que croît l'ombre de la mort
et que toute lumière passe,
viens athelas ! viens athelas !
Vie pour le mourant
dans la main du roi contenue.Et effectivement, comme le dit Ioreth : « Les mains du roi sont celles d'un guérisseur, et c'est ainsi que sera connu le roi légitime[8] ».
Les brouillons du Seigneur des anneaux présentent des scènes de guérison par l'athelas qui n'ont pas subsisté dans la version finale. Tolkien envisagea qu'Aragorn l'utilise également pour soigner une blessure reçue par Sam dans la Moria[9], ou bien pour le cheval de Théoden, Nivacrin, blessé à l'épaule au gouffre de Helm[10].
L'athelas est également présent dans Le Silmarillion : Beren est blessé par une flèche tirée par Curufin, et Lúthien emploie « une herbe cueillie dans la forêt » par le chien Huan pour guérir sa blessure. Ce passage est brièvement relaté dans la Quenta Silmarillion[11], et de façon plus détaillée dans le Lai de Leithian, où Tolkien indiqua explicitement que l'herbe en question est de l'athelas[12].
Parallèles littéraires
Thomas A. Shippey voit, dans la guérison apportée par Aragorn à l'aide de l'athelas, une référence à la pièce Macbeth de William Shakespeare, où est mentionné le « saint roi » Édouard le Confesseur[13].
Références
- ↑ a et b Hammond & Scull, p. 580
- ↑ Hammond & Scull, p. 183
- ↑ The Return of the Shadow, p. 390
- ↑ The War of the Ring, p. 394
- ↑ Nokes, p. 266
- ↑ a , b , c et d Le Seigneur des anneaux, p. 225
- ↑ a , b et c Le Seigneur des anneaux, p. 925
- ↑ Le Seigneur des anneaux, p. 923
- ↑ The Treason of Isengard, p. 221
- ↑ The War of the Ring, p. 17
- ↑ Le Silmarillion, p. 177-178
- ↑ Les Lais du Beleriand, p. 269
- ↑ Shippey, p. 162-163
Bibliographie
- J. R. R. Tolkien (trad. Francis Ledoux), Le Seigneur des anneaux, Christian Bourgois Éditeur, 2001 (ISBN 2-267-01316-9)
- J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien, trad. Pierre Alien), Le Silmarillion, Christian Bourgois Éditeur, 1998 (ISBN 2-267-01462-9)
- J. R. R. Tolkien (trad. Daniel Lauzon, Elen Riot), Les Lais du Beleriand [« The Lays of Beleriand »] [détail des éditions]
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The Return of the Shadow, HarperCollins, 2002, 497 p. (ISBN 0-261-10224-9)
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The Treason of Isengard, HarperCollins, 2002, 504 p. (ISBN 0-261-10220-6)
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The War of the Ring, HarperCollins, 2002, 476 p. (ISBN 0-261-10223-0)
- (en) Wayne G. Hammond & Christina Scull, The Lord of the Rings: A Reader's Companion, HarperCollins, 2005 (ISBN 0-00-720907-X)
- (en) Richard Scott Nokes, « Health and Medicine », dans Michael D. C. Drout (dir.), J.R.R. Tolkien Encyclopedia: Scholarship and Critical Assessment, Routledge, 2006, 720 p. (ISBN 9780415969420)
- (en) T. A. Shippey, The Road to Middle-earth, Harper Collins, 1993 (ISBN 9780261102750)
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