Roger Hagnauer

Roger Hagnauer

Roger Hagnauer (1901-1986) était un militant syndicaliste français. Il créa avec sa femme Yvonne Hagnauer la Maison d'enfants de Sèvres.

Sommaire

Biographie

1901 - Naissance de Roger Hagnauer dans une famille juive alsacienne qui en 1871 avait opté pour la nationalité française.

1921 – Il adhère, dès leur création, au mouvement des jeunesses communistes.

1923 - Il participe, au cours de son service militaire, à l'occupation de la Ruhr. Suivant le mot d'ordre des jeunesses communistes il refuse de réprimer les ouvriers allemands et fraternise avec l'ennemi. Il fait partie de la quinzaine de soldats qui sont conduits à la prison de Mayence en attendant de passer en conseil de guerre. Il y reste de novembre 1923 à mai 1924. L'arrivée au pouvoir du « cartel des gauches », qui avait inscrit dans son programme l'évacuation de la Ruhr, lui permet de bénéficier d'une amnistie. De retour à Paris, il milite au Parti communiste et, en tant qu'instituteur, dans le syndicalisme enseignant.

1926 - Exclu du PC en janvier (pour avoir refusé de prendre parti contre Trotski) il rejoint la revue La Révolution prolétarienne animée par Pierre Monatte. Il restera un collaborateur régulier de la « RP » jusqu'à son décès.

1930 - (9 novembre) Création du Comité des 22. Roger Hagnauer fait partie, avec Pierre Monatte, des sept représentants de la minorité de la CGTU. Comme d'autres militants proches du même courant (Josette et Jean Cornec [parents du futur fondateur de la FCPE, Joseph Rollo, Henri Aigueperse...), il consacre son activité syndicale au Syndicat national des instituteurs (SNI), d'abord au sein de la section départementale de la Seine au sein de laquelle il sera membre du bureau (notamment chargé du bulletin L'École du grand Paris de 1933 à 1937[1]), de la Fédération générale de l'enseignement — il sera le premier secrétaire général du Syndicat de l'enseignement de la région parisienne (SERP), qui regroupait les syndicats de la Seine et de la Seine-et-Oise — et sera même élu membre du Bureau national du SNI à la fin des années trente. C'est également le cas d'Yvonne Hagnauer son épouse, qui arrachera le dernière siège de conseillère départementale de l'enseignement primaire (élue alors au scrutin uninominal) que ne détenait pas encore le SNI dans le département de la Seine.

1936 - Il participe à la création du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Il adhère au Comité pour l'Espagne libre qui se transformera par la suite en Section française de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA). Il préside avec le poète André Breton et l'écrivain Poulaille un meeting à la Mutualité (9 juin) « Contre la guerre et la servitude ».

1939 - Il signe un appel pour la paix avec les rares socialistes et syndicalistes restés fidèles à la pensée pacifiste. En septembre il signe le tract « Paix immédiate ! » rédigé par Louis Lecoin et imprimé clandestinement à 100 000 exemplaires. Cela lui vaut d'être suspendu par l'Éducation nationale. Le 17 septembre il est mobilisé. Le 15 juin il est fait prisonnier à Sainte-Meure. Il ne rentrera de captivité qu'en novembre. La Révolution prolétarienne a cessé de paraître dès le début des hostilités pour ne pas subir la censure mais le « noyau » dont il fait partie continue de se rencontrer chez Maurice Chambelland.

1941 - Il entre au Secours national (assurances sociales) puis fonde avec sa femme Yvonne, La Maison d'enfants de Sèvres.

1942 - Il est acquitté par le tribunal militaire dans l'affaire du tract « Paix immédiate ! » Dénoncé comme juif il est recherché par la Gestapo et quitte la banlieue parisienne.

1945 - Il rentre à Sèvres. Il est écarté de toute fonction syndicale par la commission d'épuration, à la suite notamment des interventions des communistes et en particulier de Paul Delanoue, en raison des liens du début de la guerre avec le Secours national mis en place par le Gouvernement de Vichy et qu'expliquaient les combats virulents d'avant-guerre entre Hagnauer et les syndicalistes communistes. On ignore alors que ces relations avaient pour but de faciliter l'activité de la Maison de Sèvres devenue le refuge de nombreux enfants juifs qu'il s'agissait de protéger par tous les moyens[2].

1947 - Le « noyau » décide de faire reparaître La Révolution prolétarienne.

1948 - Il participe à la création de la CGTFO qui veut revenir au syndicalisme de la Charte d'Amiens. Au sein de la FEN, il appartient à la tendance Force ouvrière (peu représentée d'ailleurs au Syndicat national des instituteurs dont il est toujours membre), mais reste fidèle au SNI et à la FEN après leur passage à l'autonomie.

1951 - Pierre Monatte s'éloigne de La Révolution prolétarienne qu'il trouve trop proaméricaine, alors que la CIA finance la CGT-FO. Roger Hagnauer prend en charge l'animation de la revue.

1986 - Il décède, inconsolable, quelques mois après sa femme Yvonne. Lors de ses obsèques, sa mémoire est saluée par les amis de la Révolution prolétarienne et la section parisienne du SNI-PEGC[3].

Notes et références

  1. Il publie un témoignage sur cette période dans l'École du grand Paris n° 118 de janvier-février 1984 consacrée notamment au cinquantenaire du bulletin syndical parisien : « L'École du grand Paris » engagée dans les batailles sociales d'avant-guerre.
  2. Yvonne Hagnauer a d'ailleurs reçu pour cette raison après la guerre le titre de Juste parmi les nations. Quant à Roger Hagnauer, pour lequel il n'y avait pas grand chose à reprocher, selon un témoignage direct d'Edmond Breuillard (secrétaire général du SNI de la Seine de 1945 à 1949) à Luc Bentz, quelque trente ans après, c'est son refus de se désolidariser de l'action de sa femme qui avait fait peser la balance. Le contexte de l'époque avait conduit, à l'exception des prisonniers de guerre, à écarter les dirigeants d'avant-guerre qui ne s'étaient pas directement engagés dans la résistance, a fortiori dans la Seine marquée par les personnalités de Georges Lapierre, secrétaire général (national) du SNI clandestin et René Paty, militant de la Seine, morts en déportation.
  3. Le discours syndical d'adieu fut prononcé par Luc Bentz, secrétaire général de la section de Paris du SNI-PEGC.

Bibliographie

  • 1956 - L'actualité de la Charte d'Amiens publié aux Éditions de l'Union des syndicalistes (préface de Pierre Monatte).
  • 1961
    • L'expression orale et écrite publié aux Éditions ouvrières.
    • Il préface Présence du syndicalisme libertaire de Louis Mercier, publié aux éditions de la Commission internationale de liaison ouvrière et de l’Union des syndicalistes.
  • 1968
    • Des mots et des idées, Défense et vulgarisation de la langue française, publié aux Éditions ouvrières.
    • Il publie dans le bulletin des Amis de la maison de Sèvres le bilan de « 27 années d'expérience remarquable ».
  • 1973 - Deux jeunes Parisiens en l'année du premier métro, publié aux Éditions de l'école.
  • 1974 - A propos des activités d'éveil publié aux Éditions de l'école.
  • 1975 - L'humanisme ouvrier de Fernand Pelloutier publié dans les Cahiers de l'humanisme libertaire no 215 avril

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