Robert Micheau-Vernez

Robert Micheau-Vernez

Robert Micheau-Vernez (16 octobre 1907 à Brest – 8 juin 1989 au Croisic) est un peintre, mais aussi un artiste pluridisciplinaire (peinture, dessins, illustrations, affiches, sculptures, faïences, vitraux, icônes). Par nécessité, il est aussi professeur de dessin.

Sommaire

Biographie

Robert Micheau naît le 16 octobre 1907 à Brest, où son père est officier de marine. Le jeune Robert fait ses études au collège Saint-Louis. Parallèlement, il suit les cours du soir de l’école des Beaux-Arts de Brest avec le peintre Charles Lautrou (1891-1953). D’octobre 1926 à juin 1928, il intègre l’école régionale des Beaux-Arts de Nantes qui l’honorera d’une médaille,(juin 1927) dans l’atelier du peintre Emile Simon (1890-1976). La qualité de ses travaux lui vaut d’intégrer l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier du maître Lucien Simon (1861-1945). Son cursus se poursuit jusqu’en juin 1930. Parallèlement il s’inscrit aux cours des ateliers d’Art Sacré de Maurice Denis (1870-1943). En décembre 1932, il épouse Lysa-Mina Vernez, elle-même médaillée des Beaux-Arts de Nantes (juin 1929). C’est sous ce double patronyme qu’il signera désormais ses œuvres. De cette union naîtront trois enfants, Gwénola, Gaël et Mikaël.

Dès la sortie de l’école des Beaux-Arts de Paris, à une époque où la crise de 1929 se fait durement ressentir, et par précaution, Micheau-Vernez passe son professorat de dessin en juin 1930, tout en pensant comme beaucoup de jeunes artistes que cette situation serait provisoire. Il fera néanmoins carrière dans plusieurs lycées  d’avril 1932 à octobre 1967 : Brest, Bastia, La Roche-sur-Yon, Brest, Lannion, Grasse, Pont-l’Abbé et Quimper, et résidera ensuite à Grasse, Cannes et au Croisic. Mais durant toutes ces années, il mènera une « double vie » n’arrêtant jamais de peindre et de travailler à l’ensemble de ses œuvres. En 1930, René-Yves Creston (1898-1964) lui demande de rejoindre le Mouvement des Seiz Breur, qui a vocation à créer un art breton contemporain. Il y adhère par solidarité, mais participera peu à leurs activités et en démissionnera en juin 1946.

Le peintre

« Micheau-Vernez peint et dessine jusqu’à sa mort, mais détruit aussi beaucoup. Ses maîtres complémentaires seront Cézanne, Gauguin et Bonnard. Avec l’obstination de toute une vie, il aura la conviction que leurs œuvres ne sont pas une fin en soi et que l’on peut continuer dans la recherche et la voie qu’avaient tracé ces précurseurs. Erudit sur l’apport et l’invention des maîtres, technicien du mariage des couleurs, il s’essaie aux audaces de nouvelles harmonies que l’on sent raisonnées , dans une construction toujours originale. La peinture est avant tout un art de la couleur, répétait mon père et il précisait :  la musique et la peinture sont très proches l’une de l’autre. Beethoven, par la construction et la couleur, est un grand peintre, comme Gauguin ou Cézanne sont pour les mêmes raisons de grands compositeurs. Ainsi, ma peinture est comme la musique, chaque partition est une abstraction en soi, et pourtant l’ensemble de la composition est signifiant. » (Mikaël Micheau-Vernez) Micheau-Vernez n’expose qu’avec parcimonie. Le galeriste Armand Drouant (1898-1978) à Paris le découvre le 2 octobre 1977, l’artiste a 70 ans, et lui consacre une exposition en mars 1978. André Parinaud (1924-2006) critique d’art, directeur du mensuel Galerie des Arts, écrit dans le n° 178 : « Il est peu d’existence plus discrète, plus secrète dans la simplicité que celle de cet artiste et d’œuvre plus éclatante de couleurs, de soleil et de jeunesse. L’ancien élève de Maurice Denis a retenu la leçon des nabis, la pureté intangible du geste artistique, la pudeur pour toute démarche. A 71 ans, il a accumulé une œuvre considérable que bien peu connaissent, dont son ami Magnelli qui tentait de le faire sortir de sa réserve. On va donc voir l’œuvre d’une vie surgir à la lumière, mais une œuvre réalisée dans la clarté solaire et pour mieux célébrer sans doute la sensualité profonde de la vie. Sa peinture proclame l’assurance, la force, elle est structurée, affirmée, fougueuse. Chaque touche capte la lumière avec une qualité de précision technique qui montre la sûreté de la main. Mais le métier serait peu de chose sans cet œil amoureux, gourmand, attentif et profond qui commande l’intention du peintre. Ce sont des pépites de soleil enchâssées par un magistral sertisseur».

Jacques Dubois, critique d’art, publie le 15 mars 1978, dans la revue l’Amateur d’Art  : « Alchimiste de la couleur, il en a pénétré tous les mystères. Peintre de la forme, il en reconstitue les termes avec un art confirmé, procédant par juxtaposition de tâches de couleur pure, appliquées au couteau, dans un style très personnel, relevant d’un tempérament fort, optimiste où le mouvement est mû par un geste musical qui nous transporte dans un monde sur lequel règne le soleil. Un talent sûr, une âme profonde, une science faite de recherches et d’expériences ». Le peintre n’est représenté que de façon irrégulière aux salons nationaux : Société nationale des beaux-arts (1942, 1947, 1963), Société des artistes français (1965), Salon d’automne (1962, 1980, 1981, 1982), Salon de la marine (1986).

Le dessinateur

Micheau-Vernez préservera toujours du temps pour dessiner, pour ne pas perdre la main, mais aussi comme dérivatif par rapport à sa peinture. Il utilisera la plume et l’encre de Chine, puis dès 1957 un feutre, le flo-master, et enfin le pastel dans les années 70. Il traite des portraits, des nus, des fleurs et beaucoup de marines. Mais aussi des dessins de bandes dessinées évoquant un monde fantasmagorique de korrigans.

L’illustrateur

Micheau-Vernez réalise plus de 1.000 illustrations, le plus souvent à l’encre de Chine. Ainsi des milliers d’élèves d’écoles privées ont appris l’histoire de France, la géographie ou les fables de La Fontaine dans des ouvrages scolaires illustrés par l’artiste ainsi que des livres et documents ayant trait à la Bretagne.

L’affichiste

Dès 1932, Micheau-Vernez remporte un 1er prix d’affiche à Brest sur le thème de la TSF à la ferme, et réalise la même année l’affiche du Bleun Brug de Brest. Très peu sollicité, il lui revient cependant d’avoir créé une trentaine d’affiches, essentiellement pour des fêtes bretonnes : Fête de Cornouaille à Quimper en 1954, Pardon de La Baule en 1964, Fête des Filets Bleus de Concarneau en 1971, Festival Interceltique de Lorient en 1971, 1972 et 1983, Salon du livre maritime de Concarneau en 1985…

Le sculpteur et la faïence

Très jeune, il réalise des sculptures qui par la magie du feu se transforment en faïence, leur apportant en plus une décoration ethnographique bretonne. Ainsi dès l’âge de 23 ans, en novembre 1930, il expose à la galerie Saluden de Brest 18 faïences, dont 13 assiettes en collaboration avec la Faïencerie Henriot de Quimper. Le succès immédiat accréditera une collaboration de 30 ans avec la faïencerie, avec la création de 140 sculptures dont quelques plats. Ses œuvres en faïence ont marqué la célébrité de Micheau-Vernez devenant rapidement l’image de marque des Faïenceries Henriot de Quimper, ses œuvres faisant la page une et quatre de couverture des catalogues de la Faïencerie. Cette situation occultera complètement son œuvre pictural. On peut voir un grand panneau décoratif sur carreau de faïence, créé en 1950 dans le hall de la gare SNCF de Quimper. Une grande pièce représentant une bigoudène en costume ancien fut offerte au Général de Gaulle par les habitants de l’île de Sein, lors de sa visite du 12 juin 1949. Elle sera installée dans son bureau jusqu’en 1958, et s’y trouve toujours, à la fondation de Gaulle, au 5 de la rue Solférino à Paris. Par arrêté du Ministre de la Culture en date du 8 décembre 2006, la faïence de Micheau-Vernez a été classée monument historique.

L’art sacré

Micheau-Vernez restera profondément marqué par son passage aux Ateliers d’art sacré de Maurice Denis. Dès l’âge de 23 ans, en 1932, il reçoit la commande de deux vitraux pour l’église du Conquet dans le Finistère, sur la vie de Dom Michel Le Nobletz (1577/1652). En 1936, il peint trois tympans pour l’église Saint-Donatien de Nantes. En 1937, il présente un Christ en croix à l’Exposition d’art sacré moderne à l’église Sainte-Odile de Paris. Le 1er mai 1939, il participe à l’exposition d’art sacré au Musée de Nantes, ainsi qu’en juin 1947. Le 25 août 1946, 8 verrières sur le thème de la Passion du Christ sont inaugurées à Parigné-le-Pôlin dans la Sarthe, qui seront suivis un an plus tard par un Chemin de Croix peint sur toile. Le 29 septembre 1946 sont également inaugurés deux vitraux pour l’église de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes d’Armor, qui seront suivis d’un troisième vitrail en 1955, avec, comme ceux du Conquet, des textes en langue bretonne. En dehors du vitrail et de la peinture, Micheau-Vernez réalise en faïence trois Vierges pour la Faïencerie Henriot, deux en 1941 et une en 1958. Il s’intéresse également aux icônes orthodoxes avec une première création peinte le 13 août 1969 pour s’attaquer ensuite à des réalisations beaucoup plus complexes en cuivre ou en laiton repoussé. Le 3 novembre 1979, une très grande icône en cuivre de 170 cm sur 95 cm prenait place dans l’église orthodoxe Saint-Michel à Cannes.

Livres illustrés par l’artiste

  • Histoire de France, classe de 7ème et 8ème, librairie l’Ecole, 1933
  • Histoire de France, classe de 8ème et 9ème, librairie l’Ecole, 1934
  • Histoire de France, classe de 10ème et 11ème, librairie l’Ecole, 1934
  • Histoire de France, certificat d’études, éditions Ecole et Collège, 1937
  • Au Large, recueil de textes, éditions Ecole et Collège, 1938
  • Fables de La Fontaine, éditions Ecole et Collège, 1938
  • Histoire de France enfantine, éditions Ecole et Collège, 1939
  • Au dessus de l’amour, de F. Lamothe, 1939
  • La géographie des petits, éditions Ecole et Collège, 1942
  • Ar Pesk Aour (le poisson d’or) de Paul Féval, Editions Gwalarn, 1942
  • Deux enfants de France, éditions de l’Ecole, 1944
  • Le paradis breton, édition Bonne Presse, 1951
  • Leçons de choses enfantines, éditions de l’Ecole, 1956

Bibliographie

  • « Robert Micheau-Vernez , tradition et modernité », par B.J. Verlingue, Conservateur du Musée de la Faïence de Quimper, éditions du Musée, avril 2004.
  • « Peintres des côtes de Bretagne », tome 5, par J. Duroc, historienne d’art, éditions du Chasse-Marée, octobre 2007
  • « Encyclopédie des céramiques de Quimper » volume 5, par J.B.Verlingue et Ph.Théallet, éditions de la Reinette, novembre 2007
  • « Micheau-Vernez, 1907/1989 » par J.M. Michaud, Conservateur en chef départemental des Musées du Morbihan, Liv’éditions, mai 2009. (Grand prix du livre d’art par l’Association des écrivains de l’Ouest).
  • « Micheau-Vernez, le peintre », par J.M. Michaud, revue Ar Men n° 171, juillet/août 2009
  • « Les couleurs de Micheau-Vernez » par J.M. Michaud, revue Le Chasse-marée n° 217, septembre 2009.
  • « Histoire de la Faïence de Quimper », par B.J. Verlingue, éditions Ouest-France, janvier 2011.

Actualités récentes

  • Du 13 août au 16 octobre 2004, le Musée de la Faïence de Quimper consacre une rétrospective aux œuvres en faïence de l’artiste.
  • Novembre 2005, Quimper est la première ville à donner le nom de l’artiste à l’une de ses rues.
  • Du 27 mai au 27 septembre 2009, le Port Musée de Douarnenez en Finistère, présente une exposition de Marines de l’artiste.
  • Du 12 juin au 4 octobre 2009, le Musée du Faouët en Morbihan présente une rétrospective de l’ensemble de ses œuvres.
  • Du 2 mai au 10 juin 2011, le Musée d’Art et d’Histoire de Provence de Grasse, Alpes-Maritimes, propose une exposition « Micheau-Vernez, alchimiste de la couleur ».
  • Du 18 juin au 20 Juillet 2011, la Ville du Croisic, Loire-Atlantique, organise une exposition « Hommage à l’artiste Micheau-Vernez »
  • Du 6 au 30 Août 2011, le Festival Interceltique de Lorient accueille une exposition « Micheau-Vernez, artiste breton ouvert sur le monde de l’art ».

Site Internet

Site de l’Association Robert Micheau-Vernez : www.micheau-vernez.fr



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Robert Micheau-Vernez de Wikipédia en français (auteurs)

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