- Rip deal
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Le « Rip deal » (« transaction pourrie ou escroquerie à la transaction ») est une escroquerie qui tend à se répandre en Europe : il s'agit d'une escroquerie basée sur l'abus de confiance.
Les escrocs visent souvent un particulier souhaitant vendre un bien immobilier : il s'agit alors d'une arnaque immobilière. Ils peuvent aussi s'en prendre à un bijoutier ou tout autre personne en proposant d'acheter une quantité substantielle de marchandises ou de placer un capital, voire de procéder à un prêt.
L'acheteur (= l'escroc) met en confiance sa victime : il présente bien, semble sérieux et fait croire qu'il est intéressé par l'achat. En général, les rendez-vous se font dans des hôtels luxueux.
Rapidement il propose de régler une partie au noir, prétextant qu'il souhaite ainsi échapper au fisc. Puis l'escroc suggère de procéder à un échange, contre des euros, de cet argent réglé en devises étrangères (souvent des francs suisses), là aussi pour défiscaliser. Il propose généralement de payer plus pour dédommager le vendeur qui pourra bénéficier d'un taux de change avantageux.
Le jour de l'échange, soit l'argent de la victime est subtilisé de force, soit il est échangé contre une mallette pleine de ... fausses coupures : ils évitent les faux billets, qui pourraient les conduire en prison à perpétuité.
Ce qui doit faire douter :
- aucune négociation du prix de vente,
- visite rapide du bien voire absence de visite,
- proposition de paiement au noir,
- règlement en devise étrangère.
Les arnaques de type « rip deal » pourraient être plus nombreuses que ne le disent les statistiques officielles. Certaines victimes hésiteraient à porter plainte afin de ne pas avoir à se justifier auprès du fisc, sur l'origine des sommes en liquide quelles viennent de perdre.
Légères variantes
Les malfaiteurs se mettent en contact avec des propriétaires de biens immobiliers mis en vente par le biais d’annonces, et leur donnent rendez-vous. Ils proposent alors d’échanger des billets de grosses coupures en plus petites, et ce, dans le cadre de ventes immobilières. En échange de cette transaction, les malfrats promettent une commission substantielle. Au moment de l’échange, les auteurs montrent un certain nombre de billets, mais seuls certains d’entre eux sont vrais. Ce n’est qu’après le départ des escrocs que les victimes constatent la supercherie. Les premiers et derniers billets des liasses sont vrais, et le reste est faux."[1]
Ou encore:
Des auteurs contactent et rencontrent des personnes en proposant un échange d’argent suisse en euros via des transactions immobilières, laissant une commission importante pour l’investisseur potentiel. Lors de la conclusion de l’affaire, les auteurs présentent quelques véritables billets de 1000 francs suisses et laissent apercevoir quelques liasses. Après l’échange et alors que les auteurs sont partis, les victimes se rendent compte que seuls le premier et le dernier billet de la liasse sont véritables, le reste n’étant que des copies de billets de banque.[2]
Ou encore:
"Une victime de rip-deal vigilante aide à intercepter un escroc.
Une personne de la région de Neufchâteau qui allait être victime d’une bande d’escrocs lors d’un “rip-deal” a eu des soupçons juste à temps et a averti la Police judiciaire fédérale de Neufchâteau. L’escroc a été arrêté et a été mis à disposition du parquet de Neufchâteau.
Le Chestrolais (habitant de la région de Neufchâteau) souhaitait vendre sa maison et avait placé une annonce dans les médias. Il a été contacté vers le 10 avril par une personne se disant très intéressée par la maison et qui souhaitait l’acheter en vue de faire un investissement. Dès le premier contact, le soi-disant acheteur proposait de payer une partie du prix en noir.
La réunion pour finaliser la transaction a eu lieu aux Pays-Bas. Le prétendu acheteur proposait que le vendeur remette en premier 30.000 euros en billets de 500 euros et le soi-disant acheteur lui donnerait en retour 30.000 euros plus 15% en petites coupures. Le propriétaire recevrait ainsi 15% de 30.000 euros en noir, soit 4.500 euros.
Flairant l’arnaque, le vendeur de la maison a avisé la Police judiciaire fédérale de Neufchâteau. Les enquêteurs ont alors pu arrêter l’escroc.
La méthode utilisée par l’escroc est appelée « rip-deal » ce qui signifie littéralement “convention de vol ou d’escroquerie”. Une caractéristique de ce type de modus operandi est que l’escroc veut toujours aller vite en besogne. Acheter une maison, par exemple, est toujours urgent. Il est également proposé à chaque fois de payer une partie du prix au noir et les derniers accords sont souvent fixés lors d’une réunion à l’étranger.
Le but final des escrocs est, par exemple, dans le cas de ce Chestrolais, d’empocher les 30.000 euros et de vite disparaître sans jamais donner au vendeur 30.000 euros plus 15% en petites coupures.
La Police avertit donc les personnes qui souhaitent vendre un bien : faire rapidement un gros bénéfice est rarement, voire jamais, une affaire honnête. Des soi-disant investisseurs qui proposent de payer en noir, qui sont pressés et qui fixent un rendez-vous avec le vendeur à l’étranger, sont rarement de bonne foi. Il s’agit d’escrocs plutôt que d’hommes d’affaires."[3]
Notes et références
- Escroquerie au « rip deal » : du sursis, Ouest-France, 05/12/2008
- Le "rip-deal" débarque à Lyon, Tribune de Lyon, 05/11/2007
- Emmanuelle Praet, « Arnaques immobilières », DH.be, 06/08/2006
- Escroquerie. « Rip deal »: vraie arnaque et faux banquiers, La Dépêche, 12/08/2005
- Richard Schittlty, « Faux hommes d'affaires et faux billets : le "rip deal" arrive en France », Le Monde, 11/08/2005
- Le forum des Croque-Escrocs, Tout ce qu'il faut savoir pour combattre les arnaques du net
- Vocabulaire du droit (liste de termes, expressions et définitions adoptés)
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