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Reconstruction Posturale
La Reconstruction Posturale est une méthode de kinésithérapie. Elle est enseignée à l'Université Louis-Pasteur de Strasbourg, où elle fait l'objet d'un diplôme universitaire.
Les praticiens sont kinésithérapeutes diplômés d'État, titulaires du Diplôme Universitaire de Reconstruction Posturale et recertifiés tous les ans dans le cadre de la formation post-grade organisée par le Collège Français des Praticiens de Reconstruction Posturale
Sommaire
Historique
La Reconstruction Posturale prend sa source dans les travaux de Françoise Mézières (1909-1991), kinésithérapeute française, inventeur de la méthode éponyme. A sa disparition, un de ses plus proches collaborateurs, Michaël Nisand crée une école pour transmettre son enseignement.
Aujourd'hui, même si la parenté est indéniable, les évolutions conceptuelles et techniques liées à la recherche permettent d'affirmer que la Reconstruction Posturale n'est pas la Méthode Mézières.[1]
L'apport de la kinésithérapie classique est évident puisque la spécialisation en Reconstruction Posturale à l'université n'est accessible qu'aux seuls kinésithérapeutes. Cependant, à l'instar de Mézières, la Reconstruction Posturale s'oppose au postulat gravitaire qui domine en rééducation classique et qui attribue nos déformations et nos douleurs à un manque de force musculaire : elle l'attribue au contraire à un excès de tensions[2].
Contrairement à la vision dominante en kinésithérapie classique, la Reconstruction Posturale ne traite donc pas les douleurs et les déformations corporelles par des exercices de musculation et d'auto-grandissement.[3]
Définition
La Reconstruction Posturale est un ensemble de techniques propres à normaliser le tonus de certains groupes musculaires et qui utilise la restauration morphologique comme moyen d'évaluation.
Théorie
De même qu'un téléviseur en veille n'est ni allumé ni vraiment éteint, les muscles, même lorsqu'ils sont au repos, reçoivent une information (notamment cérébrale) qui les maintient sous tension.
Cette activité musculaire "de veille" est appelée "tonus musculaire". C'est le tonus musculaire qui nous permet de tenir en position debout sans avoir besoin de fournir un effort.
Ce tonus n'a rien à voir avec celui du langage courant : on n'aurait jamais assez de tonus ! Au contraire, le tonus musculaire au sens neurologique du terme a naturellement tendance à augmenter. Et cette augmentation est préjudiciable.
Certains groupes musculaires du corps humain présentent naturellement une prédominance tonique : les extenseurs de la colonne vertébrale, les rotateurs médiaux des membres inférieurs, les fléchisseurs et pronateurs des membres supérieurs. Sous l'influence de différents stress (physiques, thermiques, hormonaux, psychologiques…) des informations erronées, d'origine cérébrale, contribueraient à accroître encore les déséquilibres toniques. La disposition en chaînes musculaires des groupes concernés leur procurerait des possibilités de compensations mécaniques quasi-illimitées. Cependant, à terme, les contraintes mécaniques déséquilibrées, exercées sur les articulations et les tendons entraîneraient des déformations, des douleurs et au final, des lésions.
C'est par la normalisation de ce tonus musculaire trop élevé que douleurs et déformations sont améliorées.
Bilan initial
Lors de la première consultation, après avoir effectué le classique interrogatoire, le kinésithérapeute Reconstructeur établi un bilan morphologique. Il est destiné à modéliser en 3D les déformations corporelles - les dysmorphies - du patient, en faisant le lien entre la vue de face, celle de dos et les deux profils. Cette sorte de "radiographie visuelle" permet en outre au kinésithérapeute de repérer les groupes musculaires hypertoniques.
Ce bilan statique est affiné et complété par un bilan dynamique et palpatoire qui permet d'établir un plan de traitement en se fixant des objectifs morphologiques.
L'amélioration, puis la sédation de la douleur constituent le premier stade de la guérison. La pérennité des résultats est assurée par la reconstruction morphologique.
La pratique
Le principe thérapeutique
Pour le thérapeute, il s'agit de demander au patient de réaliser un mouvement, avec une intensité et une précision telles, qu'il ne sera possible qu'au prix d'une tricherie, située idéalement dans la zone concernée par la douleur ou la déformation.
Cette tricherie, parfaitement involontaire et le plus souvent inconsciente, est le résultat d'un phénomène neuro-musculaire appelé facilitation ou irradiation : l'influx nerveux est envoyé vers le muscle commandé volontairement, de façon tellement importante, qu'il "déborde" vers les groupes musculaires déjà facilités par une hypertonie.
Le thérapeute observe alors une augmentation de la dysmorphie cible, suivie quelques minutes plus tard d'un relâchement, d'un épuisement, avec diminution de la dysmorphie.
En pratique, on constate que plus la distance entre le mouvement réalisé et le lieu de la "tricherie" est grande, plus le relâchement peut être rapide et complet. Il est donc fréquent de voir le kinésithérapeute demander un mouvement précis au niveau d'un pied par exemple, alors que la plainte du patient se situe au niveau du cou. Le principe actif thérapeutique qui relie ces deux localisations est d'ordre neuro-musculaire.
Le mouvement déclencheur est nommé "Induction".
Le phénomène neuro-musculaire est appelé phénomène de "Facilitation" ou "Irradiation".
L'augmentation de la dysmorphie cible est appelé "Réponse Evoquée".
L'ensemble du processus Induction - Facilitation - Réponse Evoquée - Epuisement est appelé "Induction Normalisatrice".
Pour le thérapeute, tout l'art consiste, bien entendu, une fois repérée la dysmorphie cible, à trouver l'Induction Normalisatrice adaptée.
Pour le patient, toute la difficulté consiste à rester concentré pour participer avec le plus d'acuité possible, aux consignes données par le thérapeute.
Indications
La Reconstruction Posturale se pratique sur prescription médicale.
Elle est indiquée principalement pour soulager les douleurs articulaires et musculo-tendineuses de la colonne vertébrale et des membres.
Le mal de dos (cervicalgie avec ou non névralgie cervico-brachiale, dorsalgie, lombalgie[4] avec ou non sciatique) est une indication très fréquente.
Elle est aussi la technique de choix dans le traitement des troubles de la statique rachidienne comme la scoliose[5] (avec aussi l'hypercyphose ou maladie de Sheuermann, l'hyperlordose).
Les troubles morphologiques des membres (genu valgum, genu varum, genu recurvatum, pieds plats, pieds creux, hallux valgus…) sont aussi des indications privilégiées.
Contre-indications
- Les douleurs d'origine infectieuse, avec fièvre.
- Les néoplasies.
- Les ostéosynthèses vertébrales (à l'exception de celles intervenues après un traumatisme).
- Le manque de participation du patient.
La corporation
La Reconstruction Posturale s'accommode mal du dilettantisme et les praticiens sont le plus souvent des spécialistes.
En plus d'être kinésithérapeutes Diplômés d'Etat et Diplômés Universitaires de Reconstruction Posturale, une recertification annuelle est exigée par le Collège Français des Praticiens de Reconstruction Posturale pour continuer de figurer dans la liste des praticiens agréés qui figure sur son site.
Cette évaluation annuelle des niveaux de pratique implique une remise à jour très régulière des connaissances, ceci afin de maintenir un niveau de compétence le plus élevé possible parmi les membres de cette association professionnelle. Cela en fait un corpus singulier dans le domaine de la santé.
De plus, le Collège Français des Praticiens de Reconstruction Posturale participe à des colloques, à des débats[6] et promeut des études scientifiques[7] visant à valider ses résultats.
Références
- ↑ NISAND M. - "La Méthode Mézières, un concept révolutionnaire". Mal de dos et déformations ne sont plus une fatalité. Collection Santé Minute Les éditions Josette Lyon 2005.
- ↑ CALLENS Ch. - "Entre le tout renforcement et le tout étirement, existe-t-il une autre voie ?".11ème Symposium Roman de Physiothérapie les 5 et 6 novembre 2004 : "Les Chaînes Déchaînées" Lausanne-Suisse.Publié dans Mains Libres , la revue Romande de Physiothérapie novembre 2004
- ↑ GRAF S. , NISAND M. , CALLENS C. JESEL M. - "L'autoagrandissement rachidien existe-t'il?". Ann. Kinésithérapie, Tome 28, N°1 ©Masson, Paris 2001.
- ↑ NISAND M. - "Rapport d’Expert. Conférence de consensus de l’AFREK - La prise en charge du patient lombalgique : " Les techniques de type Mézières ".". novembre 1998.
- ↑ JESEL M. - "Reconstruction Posturale. Concept; traitement des dysmorphismes et des algies du tronc et des membres". Kinésithérapie Scientifique N°387 mars 1999.
- ↑ Débat Confraternel - Première journée de formation continue de "Kinésithérapie, la revue". Paris. janvier 2007
- ↑ ENGEL O. Etude de l'impact de la Reconstruction Posturale sur la scoliose idiopathique de l'adulte"/Kinésithérapie la Revue 2007
Liens externes
- Université Louis-Pasteur de Strasbourg
- Diplôme Universitaire de Reconstruction Posturale
- Collège Français des Praticiens de Reconstruction Posturale
- Société Française de Kinésithérapie - Débat Confraternel - Première journée de formation continue de "Kinésithérapie, la revue". Paris. janvier 2007
- / posturologie et science
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Catégorie : Kinésithérapie
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