- Ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France Libre
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Ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre
Le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre est une opération de la Deuxième Guerre mondiale menée par l'amiral Muselier sur l'ordre du général de Gaulle.
Sommaire
Le contexte
Depuis l'armistice du 22 juin 1940, l'administration de l'île est sous le contrôle de Vichy, représenté par l'administrateur M. de Bournat[1] et par l'amiral Robert[2], Haut-commissaire pour les possessions françaises en Amérique (Guyane, Antilles et Saint-Pierre). Un accord Greenslade[3]-Robert du 6 août 1940 règle les relations franco-américaines sur la base d'un statu quo dans la région. En dépit de Pearl Harbor et de la déclaration de guerre de l'Allemagne aux États-Unis le 11 décembre 1941, le statu-quo est de nouveau confirmé par les accords Horne[3]-Robert le 17 décembre 1941.
L'île dispose d'un puissant poste émetteur radio, d'un câble transatlantique[4]. Ces moyens de communications confèrent à l'île une position stratégique à l'entrée du Saint-Laurent[1]. Certains craignent des vues annexionnistes du Canada sur l'archipel[1],[2].
Les faits
En novembre 1941[5], de Gaulle envoie Muselier au Canada dans le but de préparer une opération sur l'île. Le 12 décembre Muselier est à Halifax où il regroupe ses moyens militaires : le sous-marin Surcouf et les trois corvettes Mimosa, Aconit et Alysse[6]. Avant de passer à l'action, Muselier sollicite l'avis des gouvernements canadien et américain. Les États-Unis donnent une réponse défavorable[7],[2] le jour même des accords Horne-Robert. De Gaulle décide de passer outre et donne l'ordre à Muselier d'exécuter cette opération[6],[2].
Le 23 décembre, la flottille française appareille sous prétexte d'entraînement avec 230 hommes[6]. Elle aborde les îles le 24 à trois heures du matin[6]. Face à une poignée de gendarmes, l'affaire est réglée en vingt minutes sans un coup de feu[6]. Le lendemain, une consultation est organisée auprès de la population qui donne une majorité de 98,34 % des suffrages exprimés (81,17 % des inscrits) en faveur de la France libre[8]. Alain Savary, qui participait à l'opération, est nommé gouverneur de l'archipel.
Les Américains sont furieux et dès le 25 décembre, Cordell Hull, le secrétaire d'État des États-Unis, publie une déclaration[2] : « [...] l'action entreprise par trois bâtiments des soi-disant Français libres à Saint-Pierre et Miquelon était une action arbitraire, contraire à l'agrément de toutes les parties intéressées. » Et la radio américaine transmet son communiqué : « [...] l'action entreprise à Saint-Pierre et Miquelon par les navires prétendus Français libres, l'a été sans que le gouvernement des États-Unis en ait eu au préalable connaissance et sans qu'il y ait aucunement donné son consentement[9]. » Les États-Unis envisageront d'intervenir militairement avant d'y renoncer devant l'attitude ferme de Muselier et celle favorable aux Français libres de leur propre opinion publique ; opinion publique très satisfaite en particulier par le fait que la radio de Vichy cesse ses émissions et que les sous-marins allemands, qui attaquaient les convois alliés de l'Atlantique, ne puissent plus profiter de ses messages codés[2]. L'expression « soi-disant » employée par Cordell Hull au sujet des Français Libres fut jugée choquante « par presque tout le monde[2] ».
Les conséquences
Winston Churchill, qui se trouvait à Washington pour rencontrer le président Roosevelt depuis le 22 décembre 1941 et pour trois semaines[10] s'étonnera dans ses mémoires de la réaction disproportionnée de Cordell Hull face à cet incident mineur[2]. En réalité, la crise diplomatique s'éteindra très vite devant la situation autrement plus redoutable sur les autres théâtres d'opérations[2], notamment dans le Pacifique. Toutefois, cet incident alimentera la méfiance de Roosevelt envers de Gaulle avec des conséquences sur leurs relations jusqu'à la fin de la guerre[11].
Notes et références
- ↑ a , b et c Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Le putsch de Saint-Pierre-et-Miquelon », p. 193
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, Tome sixième, « La grande alliance – L'Amérique en Guerre, 1941–1942 », chap. XV : « Washington et Ottawa », p. 303-304
- ↑ a et b John W. Greenslade et Frederick J. Horne étaient deux amiraux américains.
- ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 200 et 203-204
- ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 199
- ↑ a , b , c , d et e Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 203
- ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 200-202
- ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 205
« Résultats :
France Libre : 651
Collaboration : 11
Abstentions ou nuls : 140 » - ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 207
- ↑ Winston Churchill, La Deuxième Guerre mondiale, op. cit., p. 299
- ↑ Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 208
Source
Article de Caroline Hocquet - Historia - décembre 1986
Bibliographie
- Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Le putsch de Saint-Pierre-et-Miquelon », p. 191-208.
- Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, Tome sixième, « La grande alliance – L'Amérique en Guerre, 1941–1942 », chap. XV : « Washington et Ottawa », p. 303-304
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