Psychologie echiqueenne

Psychologie echiqueenne

Psychologie échiquéenne

La psychologie échiquéenne est l'étude des processus cognitifs nécessaires au joueur d'échecs.

Sommaire

Mémoire et calcul

Parler de psychologie en relation avec le jeu d'échecs recouvre de nombreux aspects très différents. Parle-t-on du calcul et de la mémoire, des processus de prise de décision ou des tentatives de mettre son adversaire dans une situation désagréable ?

Jouer aux échecs est une activité qui fait appel à la mémoire et au calcul. C'est à ces aspects-là qu'Alfred Binet, un disciple de Jean-Martin Charcot, s'est intéressé dans son ouvrage publié en 1894 chez Hachette, la Psychologie des grands calculateurs et joueurs d'échecs.

Réflexion et choix aux échecs par Adriaan de Groot, maître international du jeu d'échecs et professeur de psychologie, un mémoire de doctorat publié en néerlandais en 1946, est l'ouvrage qui approfondit et discute les travaux de Binet. Il compare la façon de penser de différents types de joueurs, des grands maîtres et des joueurs plus faibles, et fait notamment remarquer que les joueurs plus forts ne calculent pas forcément plus, mais mieux.

En 1973, William Chase et Herbert Simon continuent les travaux de De Groot, et proposent que l’expertise aux échecs est due à l’apprentissage d’un grand nombre de constellations en mémoire à long terme.[1] Une fois reconnues, ces constellations activent des connaissances en mémoire à long terme, par exemple sur le prochain coup à jouer ou sur le type de stratégie à employer. Comme les maîtres ne diffèrent pas des amateurs en ce qui concerne l’empan de leur mémoire à court terme ou leur intelligence, ce sont bien les connaissances qui constituent le facteur décisif. La théorie de Chase et Simon a suscité un grand nombre de recherches empiriques et théoriques, non seulement sur le jeu d’échecs mais également dans d’autres domaines (p. ex. en sport et en science). En général, ces travaux supportent les hypothèses de Chase et Simon. Pour ce qui est du jeu d’échecs, les travaux plus récents ont porté sur le rôle du talent et de la pratique, le rôle de l’intelligence, ainsi que les parties du cerveau mises en jeu lors d’activités liées au jeu d’échecs.[2] Simon a amendé sa théorie des chunks en proposant avec Gobet la théorie des chablons (ou Template Theory en anglais)[3]. C'est une théorie qui propose (comme la théorie de la mémoire de travail à long terme[4]) que chez les experts un stockage en mémoire à long terme puisse intervenir lors de tâches impliquant la mémoire de travail.

Dans Penser comme un grand maître (1971), Alexandre Kotov essaye d'expliquer au joueur quelles questions il devrait se poser avant de jouer un coup. On ne sait pas si Kotov a lui-même pensé de cette manière aussi systématique. De plus sa méthode est sujette à controverses.

Lutte psychologique

Même une partie par correspondance contient des éléments de lutte psychologique. Bobby Fischer affirmait : « Je ne crois pas à la psychologie, je ne crois qu'aux bons coups. » Mais une partie d'échecs se gagne aussi grâce à un sens de l'à-propos ; la recherche des points faibles d'un adversaire en analysant son style, les tentatives pour le surprendre, tenter de lui poser des problèmes qu'il aura du mal à résoudre ; ce sont des aspects dont il faut tenir compte, à côté de la stratégie pure et de la tactique.

La lutte psychologique est toujours présente même à haut niveau. En effet, les plus illustres joueurs peuvent perdre leurs parties à cause de facteurs psychologiques. Certains grands maîtres sont même réputés pour être l'adversaire psychologique le plus difficile d'un autre grand joueur.

Par exemple, Michael Adams, l'un des meilleurs joueurs du monde en 2006, est l'adversaire le plus redoutable, psychologiquement parlant, de Veselin Topalov, champion du monde 2006. Cet exemple n'est pas unique. L'ex-champion du monde Emanuel Lasker est reconnu comme étant le joueur qui a fait le plus régulièrement usage de psychologie face à ses adversaires, gagnant plusieurs parties en incitant l'adversaire à faire une faute décisive. On disait de lui qu'il jouait l'homme avant de jouer l'échiquier, ou encore qu'il avait une personnalité démoniaque[5].

Plus généralement, les joueurs qui participent à des championnats majeurs sont soumis à une pression constante de la part de leurs entraîneurs, de leurs proches, voire des médias.

Références

Gobet, Fernand, de Voogt, Alex, & Retschitzki, Jean (2004). Moves in mind: The psychology of board games. Hove, UK: Psychology Press. ISBN 1841693367

Articles connexes

Sources

  1. Simon, Herbert, & Chase, William (1973). Skill in chess. American Scientist, 61, 393-403.
  2. Gobet, Fernand, de Voogt, Alex, & Retschitzki, Jean (2004). Moves in mind: The psychology of board games. Hove, UK: Psychology Press. ISBN 1841693367
  3. Gobet, F., & Simon, H. A. (1996). Templates in chess memory: A mechanism for recalling several boards. Cognitive Psychology, 31(1), 1-40.
  4. Ericsson, K. A., & Kintsch, W. (1995). Long-term working memory. Psychological Review, 102, 211-245.
  5. Gedeon Barcza, Laszlo Alfody et Jeno Kapu, les Champions du Monde. De Morphy à Alekhine, Tome 1, Grasset et Fasquelle, 1985. ISBN 224633411X
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