- Pomponius Atticus
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Atticus
Pour l’article homonyme, voir Attikos.
Titus Pomponius Atticus (109–32 av. J.-C.)Son nom reste attaché à la Correspondance de Cicéron dont il fut l’ami par excellence. « Plus que de tous les autres, Atticus a été aimé de Cicéron qui n’eut pas même pour son frère Quintus une affection plus vive et plus étroite » dit Cornélius Népos son collaborateur et biographe[2]. De cette amitié quotidienne, il reste 454 lettres à Atticus (sur les 813 lettres de Cicéron qui nous sont parvenues).
Premier éditeur de Rome, il prépara la publication des lettres de son ami. Nous ne possédons aucune des très nombreuses lettres adressées par Atticus à Cicéron. Sans doute celui-ci a-t-il fait le nécessaire pour empêcher une divulgation qui aurait pu compromettre sa tranquillité.
Ne pas confondre avec Atticus, philosophe du moyen-platonisme, vers 170.
Sommaire
Biographie
Pomponius Atticus, de famille équestre, fils et neveu de banquiers, reçut une éducation raffinée. La mort prématuré de son père en 89 av. J.-C. le place à la tête d’une grosse fortune. Érudit, fin lettré, capable d’écrire aussi bien en latin qu’en grec, Atticus est épicurien. Il refuse les premiers rôles et l’action politique. Il n’entre pas dans la carrière des honneurs, préfère vivre caché et afficher une neutralité systématique.
« Suave mari magno turbantibus aequora ventis
E terra magnum alterius spectare laborem…[3]»
( Il est doux, quand, sur la mer immense, les vents en soulèvent les houles, de suivre, de la terre ferme, le spectacle de la dure épreuve qu’elles infligent aux autres )« Aucun Romain ne s’est attaché autant d’amis[4] » . Il s’acquit les bonnes grâces de tous les chefs de parti, sans distinction d’opinion ce qui lui permit de tirer son épingle du jeu dans les convulsions des guerres civiles de la fin de la République, où ses amis succombaient les uns après les autres (Pompée, César, Brutus, Cicéron, Marc Antoine). Prudent, maître de soi, calculateur, il ne ménagea pas ses conseils pour aider Cicéron.
Ami du fils de Caius Marius qu’il avait aidé à s’enfuir et conscient des risques personnels qu’il courait, il s’embarque en 88 av. J.-C. pour Athènes « emportant ses biens avec lui » comme l’écrit Cornelius Nepos. Il devait y prolonger plus de vingt ans le séjour qui lui valut le surnom d’Atticus.
À la banque et à l’exploitation rurale, il ajoute d’autres activités : troupes de gladiateurs pour flatter le goût de ses concitoyens les plus influents, courtage en livres et en œuvres d’art pour ses amis.
Mais surtout, à son retour à Rome en 65 av. J.-C. , ramenant la collection d’ouvrages qu’il a réuni en Grèce et la troupe d’esclaves formée à la reproduction des manuscrits, il conçoit le dessein de devenir éditeur.[5] Avant lui, les auteurs devaient faire reproduire leurs œuvres par des copistes puis s’adresser à des boutiquiers (librarii) pour les répandre. Atticus se charge de tout, leur garantit une exécution matérielle de meilleure qualité et une diffusion plus ample et bien conduite. Le mouvement de ses affaires s'accélérant, il s’associe son futur biographe Cornélius Népos. Cicéron, son meilleur ami, était son auteur préféré. En 44 et 43, il édite ainsi les Philippiques, le De Senectute, le De Gloria, le De Amicitia, les Topica et le De Officiis.
On lui a reproché, dévoué à Cicéron tant qu’il a vécu, de le trahir après sa mort (7 décembre 43 av. J.-C.) en devenant l’ami d’Antoine, son assassin. Puis, à la fin de sa vie, pour gagner l’amitié d’Octave, le vainqueur d’Antoine, de divulguer les lettres intimes de Cicéron à des fins de propagande, pour nuire à la réputation de ce dernier[6].
Il eut pour gendre Agrippa,l'ami d'Octave, le futur empereur Auguste, et donna sa sœur à Quintus Tullius Cicero, frère de Cicéron.
Atticus était parvenu à l'âge de soixante-dix-sept ans lorsqu'il fut atteint d'une maladie qui devait lui être fatale. Quand il s'en aperçut, raconte Cornelius Nepos, il fit appeler son gendre et ses amis et leur dit :
« Il est inutile de vous rappeler l'attention et les soins que j'ai apportés au rétablissement de ma santé : vous en avez été les témoins. Je crois vous avoir satisfaits à cet égard et n'avoir rien négligé pour ma guérison ; il ne me reste plus qu'à me satisfaire moi-même. Je n'ai pas voulu vous laisser ignorer ma résolution : je suis décidé à ne plus nourrir mon mal ; tous les aliments que j'ai pris ces jours-ci n'ont prolongé ma vie que pour augmenter mes douleurs, sans espoir de salut. Je vous prie donc d'approuver mon dessein et de ne point vous y opposer : vos efforts seraient inutiles ».
« Il passa deux jours sans prendre de nourriture », continue Cornelius Nepos, « après quoi la fièvre le quitta. La maladie parut diminuer mais il persista dans sa résolution, et mourut cinq jours après, le trente et un mars, sous le consulat de Cn. Domitius et de C. Sosius. Son corps, porté dans une simple litière, ainsi qu'il l'avait ordonné, et sans aucune pompe, fut accompagné de tous les gens de bien et suivi d'une foule immense. Il fut enterré près de la voie Appienne, à cinq milles de Rome, dans le tombeau de son oncle Cécilius. »
Bibliographie
- Gaston Boissier, Cicéron et ses amis, Paris, 1908.
- Jérôme Carcopino, Les secrets de la Correspondance de Cicéron, L'artisan du livre, 1947.
- Pierre Grimal, Les mémoires de Pomponius Atticus, Belles Lettres, 1976.
Notes et références
- ↑ Gaston Boissier, Cicéron et ses amis, Paris 1908
- ↑ Cornelius Nepos, De Viris Illustribus, Atticus
- ↑ Lucrece, De Natura Rerum, II, 1-2.
- ↑ Gaston Boissier, Cicéron et ses amis, Paris 1908, p143
- ↑ Gaston Boissier, Atticus éditeur de Cicéron, Revue Archéologique, VII, 1863, p. 93-102
- ↑ Jérôme Carcopino, Les secrets de la Correspondance de Cicéron, 1947, p 218 et suivantes
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