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Plombier polonais
Le plombier polonais est une expression popularisée en France au printemps 2005 lors du débat sur le projet de traité constitutionnel européen, par référence à un projet de directive, très impopulaire en France, présenté par l'ex-commissaire Frits Bolkestein.
On trouve l'expression sous la plume ironique de Philippe Val, dans un dossier du numéro de Charlie Hebdo de décembre 2004, mais c'est Philippe de Villiers qui a provoqué l'importante médiatisation du concept. La déclaration de Philippe de Villiers était la suivante :
« Cette affaire est très grave, car la directive Bolkestein permet à un plombier polonais ou à un architecte estonien de proposer ses services en France, au salaire et avec les règles de protection sociale de leur pays d'origine. Sur les 11 millions de personnes actives dans les services, un million d'emplois sont menacés par cette directive. Il s'agit d'un démantèlement de notre modèle économique et social. » [1]
Cette expression est reprise sur le mode ironique et provocateur par Frits Bolkestein dans le journal Libération en avril 2005, invoquant comme justification du projet de directive, la difficulté qu'il a à trouver un plombier pour les aménagements de sa résidence secondaire à Ramousies dans le Nord.
Elle devient rapidement le symbole des polémiques entourant le référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe. Les partisans du « Non » et du « Oui » se sont renvoyé la responsabilité de cette escalade. Les premiers accusant les seconds d'avoir inventé de toutes pièces une caricature destinée à les discréditer. Les seconds accusant les premiers de ne pas avoir montré trop d'empressement à décrier une métaphore ambiguë faisant appel à la fois à la peur de transformations économiques et aux sentiments xénophobes.
Une affaire ultérieure de mai 2005 a été donnée par les médias comme illustration de cette expression lorsqu'on a découvert qu'une société portugaise ayant passé un contrat de sous-traitance avec France Télécom employait en France des ouvriers portugais selon les conditions de leur pays d'origine (durée légale du travail et salaire) – une pratique illégale, y compris sous le régime proposé par la directive services, et dénoncée par l'inspection du travail dès janvier 2005.
L'office du tourisme de Pologne a réutilisé cette image en se l'appropriant dans une publicité touristique. La publicité mettait en scène un mannequin avantageusement musclé, Piotr Adamski, déguisé en plombier, et indiquant que parce qu'il restait en Pologne, les Français devraient y venir pour le rencontrer[2]. L'office du tourisme polonais explique que par ce détournement, ils taquinaient les Français sur l'image négative de la Pologne véhiculée par ce cliché, tout en indiquant qu'ils n'avaient pas de rancune et donc étaient prêts à accueillir des touristes français[3]. Adamski a ensuite été invité par Laurent Ruquier sur le plateau de son émission On a tout essayé.
Les nouvelles discussions et le retour dans l'actualité de la directive services sous une forme modifiée, en février 2006, réactivent l'emploi devenu récurrent de cette formule.
L’image du plombier polonais comme élément de dumping social venant concurrencer sur le plan salarial les travailleurs bien rémunérés reste ancrée, pour être reprise pour des situations comparables : le chef d’entreprise français Vighen Papazian (PDG d’Infodis), dénonce ainsi la concurrence « déloyale » des ingénieurs indiens, qu’il trouve encore plus dangereuse que celle des plombiers polonais[4].
Notes
- ↑ Villiers : "La grande triche du oui", Interview de Philippe de Villiers, Le Figaro, 15 mars 2003
- ↑ Conférence de presse du plombier polonais
- ↑ 'Polish plumber' beckons French
- ↑ Vighen Papazian. Interview à Distributique, n° 543 du 17/01/2007, p 36.
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