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Pierre Tevanian
Pierre Tevanian, né en février 1970 à Paris, est un professeur de philosophie et militant associatif français.
Sommaire
Biographie
Il est surtout connu comme un des fondateurs, avec Sylvie Tissot, du collectif Les Mots sont importants et un des principaux animateurs du site Internet de ce collectif.
Pierre Tevanian est un ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud[réf. nécessaire]. Après ses études de philosophie, il devint en 1996 professeur de philosophie en Seine-Saint-Denis[réf. nécessaire].
Principaux engagements
Ses principaux engagements portent sur les sujets suivants :
- Luttes en faveur des sans papiers ;
- Forum « Résistons ensemble contre les violences policières », daté de juillet 2002 ;
- Collectif « Une école pour tous/Contre les lois d'exclusion » (contre la loi relative au port de signes religieux à l'école), 2003 ;
- Signataire de l'Appel des Indigènes de la République ;
- Adhésion au MRAP de mai 2004 à octobre 2005 ; direction du MRAP Paris 20ème de janvier à octobre 2005.
Le militant
Outre son activité d'enseignant, Pierre Tevanian est surtout un auteur et un militant engagé dans des actions dont les deux points centraux peuvent être définis comme la promotion d'une laïcité ouverte et la défense des libertés publiques. Comme l'indique le nom du collectif qu'il fonda en 2001, il porte une attention particulière à l'usage des mots dans l'espace public.
Ses engagements militants sont globalement de gauche, voire à l'extrême gauche, notamment dans le cadre de polémiques qui l'opposèrent à d'autres acteurs, certains considérés ou revendiqués de gauche, d'autres de droite[réf. souhaitée].
Comme beaucoup d'acteurs sociaux « non professionnels » (bien que militant actif, son activité principale reste l'enseignement, et ses activités militantes sont bénévoles) il a une faible présence médiatique, qui transparait surtout à travers les manifestes et pétitions dont il a été un initiateur ou auxquels il s'est associé, et conséquemment à travers les polémiques concernant ses actions.
Ses principaux engagements portent sur les discriminations et la laïcité, notamment contre le racisme; l'autre aspect de son militantisme concerne la défense des libertés publiques, principalement sous l'angle des lois qu'il considère « d'exception à l'encontre de populations spécifiques visées en fonction de leur origine, de leurs situation sociale ou de leur religion ». Bien que cela ne représente qu'une partie de ce qui le concerne, il est apparu comme un acteur de l'action militante non politique[1], à l'occasion de polémiques, notamment avec Caroline Fourest, Fiammetta Venner, Philippe Val, ou avec divers représentants ou membres d'associations militant sur les mêmes questions mais dans des approches divergentes voire opposées.
Principales actions et interventions
L'action publique la plus visible de Pierre Tevanian est la création en 2000, avec Sylvie Tissot, enseignante et chercheuse en sociologie, du collectif « Les Mots sont importants » (LMSI) et du site du même nom. Ils présentent ainsi leur projet :
- « Les mots sont importants : vivre dans l’omission de cette évidence laisse la voie libre aux plus lourds stéréotypes, amalgames, sophismes et présupposés clôturant la pensée et la création mieux que ne le ferait la plus efficace des censures.
- Il n’est évidemment pas question pour nous de dicter la bonne manière de penser ou de parler (...) mais si nous ne prétendons pas connaître la bonne façon de parler, nous considérons qu’il y en a indéniablement de mauvaises.
- C’est l’analyse de certaines d’entre elles que nous proposons sur (ce) site, en soulignant l’ampleur et la gravité de leurs effets. »
La démarche de LMSI s'inscrit dans un mouvement plus large, l'analyse critique du discours public, notamment du discours médiatique, qui s'il n'est pas nouveau a été grandement favorisé par l'apparition de l'Internet grand public. On retrouve dans ce domaine des associations et personnes (et des sites) comme Acrimed[2], spécialisée dans la critique des médias, ou l'association Pénombre[3] qui s'attache à l'usage des chiffres et nombres dans le débat public, ou encore un site comme « Périphéries, escales en marge[4] », animé par Mona Chollet (journaliste et écrivaine) et Thomas Lemahieu (journaliste et photographe), qui à la fois pratiquent la critique des médias et du discours public et proposent une autre manière d'informer.
L'objet principal que se fixait LMSI à l'origine est la mise en évidence de « [l']entretien des préjugés et des politiques racistes ; [la] légitimation de l’oppression dite "sécuritaire" ; [l']euphémisation de nombreuses violences, notamment étatiques ; [l']occultation des questions dites "mineures" comme le sexisme ou l’homophobie ; [le] triomphe du mépris de classe et de la "guerre des civilisations" », cela notamment par une analyse des « mots importants » selon le double éclairage de la philosophie et de la sociologie, ainsi : « amnistie », « antisémitisme », « Arabe », « communautarisme », « droits-de l’hommisme », « féminisme », « femme », « insécurité », « islamophobie », « laïcité », « politiquement correct », « racisme », « terrain », « Vingt-et-un Avril ».
Comme pour nombre d'associations, l'objet de LMSI a évolué avec le temps, pour plusieurs raisons : un évident durcissement du débat public sur ces questions, principalement après le 11 septembre 2001, qui a induit une radicalisation effective ou relative des discours du collectif[5] ; en conséquence, les positions défendues par LMSI et Pierre Tevanian sont apparues, à bon ou mauvais escient, comme radicales par certains acteurs sociaux, ce qui a fait naître des polémiques sur ces positions ou/et des attaques ad hominem, les réponses à ces attaques formant désormais une partie des textes publiés par LMSI; enfin, l'implication des animateurs de LMSI dans d'autres luttes a induit l'accueil de textes (manifestes, pétitions, articles) parfois faiblement ou nullement liés à l'objet initial de l'association.
Les autres actions militantes notables de Pierre Tevanian sont, comme indiqué, son implication dans la lutte en faveur de la défense des sans papiers, son combat au sein du collectif Une école pour tous/Contre les lois d'exclusion et ses collaborations avec les « Indigènes de la république », et son adhésion au MRAP, qui se termina par une démission en octobre 2005, suite à une polémique interne.
Dans le cadre de LMSI ou par ailleurs, il a été un des initiateurs de plusieurs manifestes et pétitions, notamment la « Lettre ouverte aux partisans de l’abstention » (avril 2002), l'appel « Oui à la laïcité, non aux lois d’exception » (octobre 2003), la pétition « Je n’enseignerai pas le bon temps des colonies » (avril 2005).
Ouvrages et travaux
Pierre Tevanian a rédigé des articles relatifs au racisme et à la discrimination (Le racisme républicain, Le voile médiatique, Livre noir de la condition des femmes, Culture postcoloniale) ; « sécuritarisme » (Le ministère de la peur, Stop quelle violence ?, La machine à punir) ; usage des mots dans le discours public (Dictionnaire de la lepénisation des esprits, Almanach de la critique des médias)[réf. souhaitée].
Sa collaboration avec un groupe de danseurs/chorégraphes pour le spectacle « En corps » reste dans la même orientation, puisque, comme l'écrivent ces performeurs, il s'agit « d’entamer un vaste travail de déconstruction des genres et de parler de ce qui touche à la domination masculine, à l’hétéro- et l’andro-centrisme, à l’homophobie et au sexisme, et plus généralement aux groupes diffamés, pour reprendre l’expression d’Hannah Arendt[réf. souhaitée]. »
Collaborations diverses
- 2001-2002 : Collaboration au séminaire de Sidi Mohammed Barkat sur « Les formes de la violence politique », Collège international de philosophie (co-animation du séminaire « Figures du corps d'exception », consacré essentiellement à la discrimination fondée sur le genre, l'orientation sexuelle et le mode de vie)[réf. souhaitée].
- 2002-2003 : Collaboration, en compagnie de Sylvie Tissot, avec les danseur-euses/chorégraphes Frédéric Gies, Frédéric De Carlo, Sarah Degraeve et Viviana Moin sur le projet « En corps » (création au Centre National de la Danse de Paris)[réf. souhaitée].
Publications
Ouvrages
- Le racisme républicain. Réflexions sur le modèle français de discrimination (Esprit frappeur, 2002)
- Le ministère de la peur. Réflexions sur le nouvel ordre sécuritaire (Esprit frappeur, 2004)
- Le voile médiatique. Un faux débat : « l'affaire du foulard islamique » (Raison d'agir, 2005)
- La République du mépris. Métaphores du racisme dans la France des années Sarkozy (La Découverte, 2007)
- La Mécanique raciste (Éditions Dilecta, 2008), (ISBN 978-2-916275-44-4)
En collaboration avec Sylvie Tissot
- Stop quelle violence ? (Esprit frappeur, 2001)
- Dictionnaire de la lepénisation des esprits (Esprit frappeur, 2002)
Participation à des ouvrages collectifs
- Faut-il avoir la haine ? (O. Lecour-grandmaison éd., L'Harmattan, 2001),
- L'époque de la disparition, II (J.L. Déotte éd., L'Harmattan, 2002),
- Le foulard islamique en questions (Ch. Nordmann éd., Éditions Amsterdam, 2004),
- La machine à punir. Discours et pratiques sécuritaires (L. Bonelli éd., L'esprit frappeur, 2004),
- Almanach de la critique des médias (O. Cyran et M. Ba éd., Éditions Les arènes, 2005),
- Livre noir de la condition des femmes (S. Treiner, F. Gaspard, C. Ockrent éd., XO éditions, 2006),
- Culture postcoloniale (N. Bancel, P. Blanchard éd., Éditions Autrement, 2006)
- Les Filles voilées parlent, Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian, Éditions La Fabrique, 2008
Notes et références
- ↑ Au sens de militantisme hors des partis politiques, ou militantisme associatif, indépendamment du contenu politique possible de cette action.
- ↑ acrimed.org
- ↑ unil.ch/penombre
- ↑ peripheries.net
- ↑ Si l'on constate une évolution réelle des textes publiés par le collectif vers une orientation plus polémiste ou polémique, il est tout aussi évident que sa réputée radicalisation est un effet du temps : certains discours considérés modérés à la création de LMSI apparaissent radicaux dans le contexte de 2007. Notamment la question de la laïcité, où l'on a vu une majorité des personnes proches de la droite modérée ou de la gauche évoluer d'une position libérale (telle que défendue par Françoise Gaspard) à une position beaucoup plus restrictive (telle qu'illustrée par la loi du 15 mars 2004 sur le port de signes religieux à l’école)
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