- Phénoménologie de la perception
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La Phénoménologie de la Perception (1945) est l'œuvre majeure du philosophe Maurice Merleau-Ponty, l'un des fondateurs de la phénoménologie. Suivant explicitement le travail d'Edmund Husserl, le projet de Merleau-Ponty est de révéler la structure phénoménologique de la perception. Il critique aussi dans cet ouvrage une conception cartésienne et mentaliste du langage, qui ferait des mots les simples représentations de concepts mentaux ou d'objets extérieurs.
Introduction
Introduction : Les préjugés classiques et le retour aux phénomènes
- La « sensation » — Merleau-Ponty analyse la notion de sensation et en dégage, malgré une apparente évidence dans « l'attitude naturelle » (celle dans laquelle nous pensons pouvoir définir précisément ce que sont les mots « sentir », « voir », etc.), le caractère complexe. Il récuse la notion de « sensation pure » qui ne correspond à aucune expérience vécue (les sensations sont relatives) et s'accorde avec la Gestalttheorie (la psychologie de la forme) pour définir le phénomène perceptif comme « une figure sur un fond » : aucune donnée sensible n'est isolée, elle se donne toujours dans un champ (il n'y a pas de « pure impression »). Il réfute ensuite le « préjugé du monde objectif » : il n'y a pas de « réalité objective », la perception s'ancre dans une subjectivité qui, de fait, produit de l'indéterminé et de la confusion (lesquels ne résultent pas d'un « manque d'attention »). Merleau-Ponty en arrive à la conclusion que la psychologie n'est pas parvenue à définir la sensation ; mais la physiologie n'en a pas davantage été capable, puisque le problème du « monde objectif » se pose à nouveau et qu'il entre en contradiction avec l'expérience (exemple avec l'illusion de Müller-Lyer) : pour comprendre ce que signifie « sentir », il faut donc revenir à l'expérience interne pré-objective.
- L' « association » et la « projection des souvenirs » — La sensation ne correspond pas à la coïncidence entre le sujet sentant et la qualité (par exemple le rouge) perçue. L'auteur met en évidence l'intentionnalité de la conscience : la conscience est conscience perceptive de. Il réfute ensuite la thèse empiriste d' « association des idées » (en vogue depuis Locke) : si cette dernière ramène l'expérience passée, il y a aporie puisque la première expérience ne comportait pas de connexion avec d'autres expériences. Au contraire, la sensation prend corps au sein d'un « horizon de sens » et c'est à partir de la signification du perçu qu'il peut y avoir des associations avec des expériences analogues (et non le contraire). Une impression ne peut pas « en réveiller d'autres » : la perception n'est pas faite de données sensibles complétées par une « projection des souvenirs » ; en effet, faire appel aux souvenirs présuppose précisément que les données sensibles se soient mises en forme et aient acquis un sens, alors que c'est ce sens que la « projection des souvenirs » était censé restituer.
Le langage
Voir aussi philosophie du langage.
Tout comme, à la même époque, Gilbert Ryle, Merleau-Ponty rejette alors explicitement la conception cartésienne ou mentaliste du langage, qui en ferait la simple expression de représentations mentales. Les mots ne sont pas, pour lui, le reflet de la pensée: « la parole n'est pas le « signe » de la pensée » [1]. On ne peut en effet dissocier la parole et la pensée : les deux sont « enveloppées l'une dans l'autre, le sens est pris dans la parole et la parole est l'existence extérieure du signe » [1]. Merleau-Ponty s'intéresse à une conception du mot et de la parole qui ne les réduisent pas aux simples signes de la pensée ou de l'objet extérieur, mais deviennent « la présence de cette pensée dans le monde sensible, et non son vêtement » [1]. Il découvre ainsi, « sous la signification conceptuelle des paroles une signification existentielle », affective[1]. L'expression ne fait ainsi pas que traduire la signification, mais la réalise ou l'actualise [1].
Le langage implique d'abord une activité intentionnelle, qui passe par le corps propre. « La pensée n'est rien d'“intérieur”, elle n'existe pas hors du monde et hors des mots. » [1] Il n'y a ainsi pas de pensée qui précède la parole ; la pensée est déjà langage (« cette vie intérieure est un langage intérieur » [1]) et le langage est déjà pensée.
Références
- Phénoménologie de la perception, I, chap. 6 (p.209-213 Tel Gallimard, 1945)
Catégories :- Phénoménologie
- Œuvre philosophique
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